1- Quelques "effets" du cadre.

1-1- "Dire", c'est déjà beaucoup. Martin et Thierry signifient leur besoin de confiance dans la discrétion de la rééducatrice.

Martin a six ans. Il est élève de Cours Préparatoire. Nous sommes en janvier. La première fois que je le rencontre seul, suite au premier entretien avec sa mère, je lui demande s'il se souvient de ce qui a été dit concernant l'objet de nos rencontres.

Il répond alors: - On peut dire tous ses secrets.

En début de séance suivante, suite à ma demande rituelle concernant ce qu'il souhaite dire, il répond: - Oui, c'est un secret. Ce que j'ai eu à Noël...une moto à essence.

Le "secret", pour Martin, semble être ce qu'il a traduit de la présentation de l'espace de parole et d'écoute que je lui offre dans le cadre scolaire, de la règle de confidentialité et de discrétion que j'ai énoncée devant sa mère 561 . Il exprime, peut-être, à sa manière, que ce qu'il jouera et dira dans ce lieu rééducatif, est important pour lui. Aujourd'hui, c'est la nouvelle moto qui occupe sa pensée.

Peut-être Martin affirme-t-il si fort qu'il peut avoir confiance, pour s'en assurer lui-même?

Lorsque l'enseignante demande l'aide du réseau pour Florent, élève de CE1, et lui en parle, celui-ci se demande qui est en réalité cette rééducatrice qu'il a croisée souvent dans l'école, et ce que l'on fait avec elle. Thierry , en "initié", puisque c'est sa deuxième année de rééducation, lui explique: - C'est la dame à qui l'on peut dire tous les secrets, elle ne les répète pas 562 . Thierry, plus que Martin, puisqu'il a pu éprouver le cadre rééducatif dans la durée, est, sans doute, plus affirmatif: il a pu faire confiance.

Le terme de "secret", s'il ne fait pas partie du vocabulaire de présentation du cadre rééducatif par le rééducateur, semble bien être la traduction que font les enfants, dans les termes qui appartiennent à leur vocabulaire et qu'ils comprennent, de la garantie de confidentialité apportée par le cadre matériel, et de la "discrétion" de l'adulte vis à vis de ce qu'ils feront ou diront dans le lieu rééducatif. Il leur est précisé en effet, que eux, sont libres de "dire" ce qu'ils veulent, à qui ils veulent, mais que le rééducateur, lui, ne le fera pas sans leur autorisation, puisque ces actes ou ces dires, appartiennent à l'enfant.

Ismène, lors des séances préliminaires, avait montré à quel point elle était sensible à cette discrétion. "Si tu dis! " avait-elle menacé 563 .

Notes
561.

Présentée au chapitre IX, point 2-4-2.( ## ref à changer )

562.

Ces propos ont été rapportés par l'enseignante qui, amusée, a assisté à la scène.

563.

Conclusion de la deuxième partie.