Elle fait siennes, intériorise, les limites intérieur/extérieur posées par le cadre, la différence entre l'espace privé de la rééducation et l'espace collectif et social d'une classe.

Lorsque nous avons analysé les conditions et les effets du transfert en rééducation, nous avions évoqué la possibilité d'interpréter de plusieurs manières les questions posées par la plupart des enfants, à propos des autres enfants, qui partagent ce lieu et la personne du rééducateur. Nous avions fait l'hypothèse du signe d'un investissement positif de la relation. C'est aussi éprouver le cadre. Si la rééducatrice répond, elle racontera à d'autres ce qui concerne Malaurie. Lorsque la fillette m'interroge sur la fiabilité du cadre, elle attend, de ma part, un positionnement clair. Si les choses ont été bien clarifiées au départ, l'enfant accepte très bien la non-réponse du rééducateur à ses questions. Les enfants se montrent rassurés, en règle générale, par cette non-réponse à leur question sur ce qu’a fait ou ce qu’a dit un autre enfant. Le rééducateur, quant à lui, “a réussi son examen de passage” quant à la fiabilité du cadre sur ce point. Il y aura d’autres “tests” 565 ...

Les questions sont aussi une manière pour la fillette de tenter de s'assurer que parler dans ce lieu n'est pas dangereux, qu'il n'y aura pas d'effet dans la réalité de ses paroles, et que l'expression de ses difficultés restera sa propriété, volontairement partagée avec un adulte digne de confiance, qui se propose de l'aider.

Malaurie montre ici que, toutes conditions de sécurité garanties, elle a bien intériorisé, intégré, pour son propre usage, les limites intérieur/extérieur du lieu rééducatif, la différence des lieux espace privé de la rééducation/ espace collectif et social de la classe. La fonction symbolique et structurante du cadre semble pouvoir opérer.

Notes
565.

Nous avons vu Ismène éprouver la fiabilité du cadre dans ses limites entre le dedans et le dehors, lorsqu'elle tentait d'emporter divers objets, lors des séances préliminaires. (Conclusion de la deuxième partie, point 3-1).