Le rééducateur: partenaire symbolique de l'enfant dans le jeu. Effet de l'écart.

C'est donc, sans doute, cette scène avec son père, dans laquelle elle s'était trouvée en difficulté, qu'elle avait voulu rejouer, "re présenter". Mais je n'ai pas "joué le jeu" tout à fait comme elle l'aurait voulu, sans doute. En, tant que "mère", je l'ai grondée, et j'ai évoqué "le père", comme étant d'accord avec moi. Je n'ai pas été "son jouet", et je suis restée moi-même, une personne, comme sujet, pouvant avoir d'autres réactions, un autre point de vue. Cette brèche, cet écart, dans son jeu, est ce qui, je pense, l'a surprise et laissée désemparée. C'est aussi ce qui semble avoir été opérant pour la contraindre à aller plus loin dans l'expression de ses sentiments, de ses affects, de ses émotions, de ses désirs.

Adopter une position de partenaire imaginaire de l'enfant, mettrait l'adulte en position de "semblable" à ce dernier. Comment, dans ces conditions, sans écart, sans distance, aider cet enfant? Ne risquerait-on pas, au contraire, de l'enfermer un peu plus dans ses fantasmes, dans un imaginaire refermé sur lui-même? Jouer, mais savoir, en permanence, que l'on joue, "en double piste", c'est se situer en partenaire symbolique qui fait jouer la fonction symbolique de la parole, qui témoigne des différences entre le jeu et le non-jeu, et qui garde "en réserve" le principe de réalité, le rappel du cadre et de ses interdits.