Un tournant décisif dans le processus rééducatif de Lucien. Il construit sa confiance dans le cadre.

La confiance se gagne, elle n'est pas acquise d'emblée. Elle se construit, en fonction de la fiabilité du cadre psychique apporté par l'adulte. Il n'y avait aucune raison pour que Lucien me fasse confiance d'emblée. Nous nous connaissions depuis peu de temps. Nous avions vécu une crise. J'avais montré à Lucien que je pouvais survivre, que je pouvais ne pas être détruite psychiquement par son agressivité. ‘ " La crise est vécue comme éclatement du conteneur, la menace d'un désétayage... (une mise à l'épreuve) de la solidité, la fermeté et la capacité à contenir du cadre et du thérapeute...(on) doit pouvoir compter sur ces vicariances actives dans le processus où (l'on)) est engagé: (on) ne peut pas changer d'appui et il est périlleux de ne pas mettre cet appui à l'épreuve" (KAES, 1979, p. 49). Je formulais alors l'hypothèse qu'à travers notre relation qui semblait s'être nouée à présent, Lucien pourrait comprendre l'intérêt de communiquer par la parole, et que cela pourrait lui servir d'étayage pour le reste. Peut-être avait-il pu vérifier que je l'acceptais tel qu'il était, à partir de ses intérêts et de ses difficultés, malgré ses colères. J'ai donc modifié ma position par rapport à celle que je tenais avant le début de cette séance, et pensé qu'un travail rééducatif, peut-être, était possible ensemble.