Benoît construit "un parcours" pour des billes et commence à élaborer son parcours rééducatif, à créer des liens dans le temps entre les séances.
C'est notre vingt cinquième rencontre. Benoît ne parvient pas à choisir une activité qui lui convienne, il ne veut (et ne peut) inventer des histoires, exprimant par cette phrase, sa difficulté actuelle. Il choisira, en fin de compte, la construction d'un circuit de billes, sur lequel il portera une attention inhabituelle. Il reprendra ce jeu lors de plusieurs rencontres. Benoît me demande ensuite de lui raconter "une histoire de géants". Je cherche parmi ceux que nous possédons dans la bibliothèque, et lui en propose plusieurs. Il choisit un titre significatif, lorsque l'on pense que, pour l'enfant, les "géants" sont souvent les parents: "Jacques, le tueur de géants" 590 .
Dans cette construction pour les billes, ma participation a suivi le même "parcours" que pour les marionnettes. Il veut d'abord faire seul, mais tient à ce que je regarde ce qu'il fait. Il me demande de venir à côté de lui. Puis il me demandera mon aide ponctuelle. A la treizième séance, je note qu'il déclare, en arrivant:- Vous allez m'aider à faire le jeu de billes!
Je note que Benoît, lors de notre rencontre suivante, s'inquiète en arrivant, de l'état du circuit de billes que "nous" avons construit lors de la rencontre précédente. Il est heureux de le retrouver intact, et très fier lorsque je lui dis que certains enfants l'ont apprécié et ont joué avec. A partir de ce moment, il demandera parfois de conserver , d'une séance sur l'autre, un modelage, par exemple, construisant ainsi des liens entre les rencontres, élaborant l'histoire de sa rééducation. Il fera remarquer, alors, qu'il pense à venir, à présent (il oubliait toujours, auparavant), signifiant ainsi son investissement positif du lieu rééducatif.
Jacques, le tueur de géants. Contes Enchantés (1979). Fernand Nathan.