1- Dans un "tâtonnement expérimental", Nicolas construit son "mythe individuel". "Apprivoiser" la pulsion.

Au mois de mars, l'institutrice de Moyenne Section demande l'aide du Réseau pour Nicolas, qui avait à l'époque 4 ans 9 mois 611 . Sa maîtresse, inquiète, s'interrogeait sur les difficultés de compréhension du garçon vis à vis des exercices proposés. Il ne s'intéressait pas aux activités de la classe, ne produisant rien, capable de rester très longtemps sans rien faire, parlant peu, et lorsqu'il s'exprimait, était peu compréhensible. Il se faisait facilement "oublier", toujours selon les dires de la maîtresse, ou bien était turbulent. Nicolas était fils unique. La maman allait accoucher en avril. Le père travaillait en déplacements, et revenait en fin de semaine.

La mère, lorsque je la rencontre, le décrit comme "difficile", "lui répondant et se comportant comme un mari jaloux" lorsqu'elle s'absentait un peu trop longtemps à son goût.

Lors de notre première rencontre sans la mère, la soeur de Nicolas vient de naître. Le garçon évoque le film de l'échographie. Il a "vu le coeur de sa soeur dans le ventre" de sa mère. Il dessine sa mère, sa soeur et son père, et refuse de se dessiner. Ses personnages sont très schématiques, à la limite du "bonhomme-tétard". Dans le dessin, très rapidement exécuté, "bâclé" même, comme dans une impulsion, le coloriage déborde des contours, ne remplit pas, mais cela ne gêne pas du tout le garçon. Son niveau de langage offre un contraste saisissant, par une dysharmonie entre le vocabulaire utilisé parfois, et la structure du langage. Il passe de phrases quelquefois peu ou mal structurées que je ne comprends pas toujours, et que je dois lui faire répéter - énonciation qui m'évoque alors "une bouillie verbale"- à des phrases énoncées d'un trait, sans erreur, avec une syntaxe qui peut même passer pour élaborée. Nicolas utilise les mots avec une certaine jouissance. Il en invente parfois: "boudigue" par exemple pour "bouton".

Nicolas (1). Première rencontre. "Ma famille". "Ma maman, mon papa, et ma sœur...Ça, c'est mon signe de l'école: "NI". Il n'y a plus de place pour me dessiner.

Notes
611.

Nous avons déjà parlé de Nicolas. Nous l'avons aperçu pour la première fois au chapitre VII, point 3-3-.3.