1-16- "Sangokou" et "Boubou". Ouverture vers un imaginaire culturel symbolisé, partagé, échangé. Sublimation, dépassement. Une énergie disponible.

Nicolas exécutera ensuite une série de dessins pour lesquels il me demandera, alternativement, de regarder et de ne pas regarder, puis il enchaînera sur des jeux de cache-cache. Est-ce sa manière de reprendre ce qu'il en est des énigmes des adultes, et en particulier de ce qu'il a abordé de la question de la "scène primitive" à partir d'une mise en scène de la pulsion scopique? Voir et ne pas voir? Est-ce une manière de reprendre, et de sublimer, en me le faisant subir, le complexe de sevrage représenté aux tous débuts de notre rencontre? Le jeu du "fort-da", repris ici par Nicolas, consiste-t-il à jouer, dans le transfert avec la rééducatrice, et à faire jouer à celle-ci, donc à partager avec elle, "cette joie de rejeter un objet du champ du regard, puis l'objet retrouvé, d'en renouveler inépuisablement l'exclusion...(rappelant) le pathétique du sevrage que le sujet s'inflige à nouveau, tel qu'il l'a subi, mais dont il triomphe maintenant qu'il est actif dans sa reproduction"? (LACAN, 1938, p. 40-41).

Ces dessins représentent des personnages de la télévision dont les enfants collectionnent, et s'échangent, à ce moment-là, les images. N'est-ce pas une sortie d'une fantasmatisation purement individuelle, et une ouverture à la pensée vers quelque chose de plus "culturel"? Le personnage préféré de Nicolas "Sangokou", a la particularité (d'après Nicolas) de "couper" les choses en deux, avec son épée? Cette "coupure" pourrait symboliser la coupure de notre relation, qui s'annonce, mais plus fondamentalement, la séparation de Nicolas à sa mère. La facture des dessins montre à l'évidence quel parcours Nicolas a accompli depuis ses "bonhommes têtards", en un peu moins d'un an!

Il a été possible d'envisager l'arrêt de la rééducation de Nicolas. Je l'avais accompagné pendant un temps de son parcours qui le conduisait, à l'aube de son entrée au Cours préparatoire, à pouvoir devenir élève, et à pouvoir s'inscrire, d'une manière positive pour lui, dans la collectivité scolaire. Il semblait pouvoir disposer de l'énergie qui était auparavant consumée dans une expression pulsionnelle trop importante. Nicolas semblait penser qu'il "pouvait se débrouiller tout seul". Les parents et la maîtresse le confirmaient.

Nicolas (9). "Sangokou et Boubou"
Nicolas (9). "Sangokou et Boubou"