2-1- Angélique "fait l'inventaire" des "outils d'auto-réparation" à sa disposition, et "pose" les problèmes qui la tenaillent, ses angoisses, au sein d'une rencontre singulière.

2-1-1- L'imaginaire comme "espace de recours".

Dessin et "construction d'histoires" avec la rééducatrice comme "scribe".

Mort de la mère, relation aux parents et angoisse liée à une fratrie éventuelle.

Lors de notre première rencontre , sans ses parents, (début décembre), Angélique invente une histoire à partir d'un dessin à la peinture.

" La maman du petit écureuil s'est faite écraser parce qu'elle avait pas fait gaffe (ad litt.) quand elle marchait sur la route. On l'a ramassée en miettes et le petit il savait pas. Il était dans sa maison. Le petit aussi il va se faire écraser. Il va chercher à manger et il avait pas vu. Il s'est fait écraser."

Je note son histoire au fur et à mesure. Angélique ne voudra pas que je la relise.

Lors de la séance suivante , elle veut et ne veut plus se déguiser. Au moment d'enfiler une robe, elle rejette tout, prête à pleurer.

La question des vêtements sera, d'une façon prolongée, une voie pour évoquer la mère, d'une manière conflictuelle parfois, admirative, souvent. Sans doute que le lieu de travail de la mère (dans un magasin de vêtements), y est pour quelque chose, ainsi que l'importance de la relation de celle-ci à l'apparence sociale et vestimentaire. La représentation inconsciente de sa mère semble ainsi rattachée, pour Angélique, au registre de la séduction.

C'est notre troisième rencontre . Angélique dessine et raconte:

"Ils attendaient un bébé un soir. Il arrive une fille, encore une fille, et tout d'un coup, un garçon. Le garçon, il pleure, parce qu'il se retrouve avec plein de filles. Un autre garçon naît aussi. Le papa il dort dehors. Les enfants ils donnent une "rouste" au papa s'il entre, même à la mère. C'est pas les parents qui commandent."

Angélique utilise, d'emblée, l'imaginaire comme "espace de recours". Elle vient déposer ou "poser", ses questions, ses conflits, dès les premières rencontres. Elle est en conflit explicite avec sa mère, principalement autour des questions de nourriture. Dans la première histoire, les fantasmes agressifs conduisent à imaginer la mort de la mère. Cependant, cette pensée est trop chargée de culpabilité, d'angoisse, et l'enfant qui a osé la formuler, doit mourir lui aussi, en allant chercher de la nourriture, ce qui est lourd de sens par rapport au vécu de la fillette. Dans la seconde histoire, est posée une question angoissante: "Mes parents veulent-ils me donner des frères et soeurs?". La solution trouvée n'est plus aussi radicale. Les rôles sont inversés: ce sont les enfants qui commandent et qui "donnent des roustes".