Ma maman, elle est enceinte!

(20 ème rencontre). A: -"Elle a fait le test et elle est enceinte. Elle a vomi ce matin." C'est par ces paroles que j'apprendrai que ce qui était, jusque là, une peur d'Angélique, est devenu une réalité. Les parents devaient parler depuis un certain temps de leur désir d'un autre enfant, et c'est ce qui entretenait si fort, sans doute, les angoisses de la fillette. Je lui demande si elle sait d'où viennent les bébés. Elle explique: "Je sais comment ils naissent. Le ventre grossit, grossit. Le docteur dit : "C'est le bébé, ou peut-être vous mangez trop!" Après, la maman va à l'hôpital. Le docteur lui coupe le ventre pour faire sortir les bébés. On demande au papa de tenir le bébé pour que le docteur recouse le ventre de la maman. Voilà."

Elle propose alors un scénario, tout en dessinant: "Le mari est mort. La maman ne savait pas quand elle a fait un bébé...Ah! il n'y a pas de toit à cette maison...Le bébé est une fille. "

Elle sera la maman qui est malade, qui vomit, tremble, s'évanouit. Je suis le docteur. Dans le jeu, je tente de la rassurer, de lui dire que d'avoir un bébé n'est pas une maladie, que la maman n'en meurt pas, mais au contraire, en est très heureuse.

Afin, sans doute de se prémunir de ma question, Angélique pose, d'emblée, le "mari mort". Est-ce pour autant "le père de cet enfant"? Il n'y a pas de "toit" ou pas de "TOI" à cette maison?...La théorie sexuelle infantile de fécondation orale, comme l'accouchement par le ventre fendu, sont reliées à l'érotisme anal. C'est apparemment la voie qu'Angélique privilégie. Quel risque peut-elle courir elle-même, si elle mange trop? Cette histoire de bébé semble être encore, pour elle , "une histoire de femmes". Suite au jeu, je renvoie qu'il faut toujours un papa et une maman pour faire un enfant. Pour elle, cela n'a-t-il pas été ainsi?