Mise en scène du couple parental, dans le transfert de la relation rééducative.

"Toi tu serais le papa et moi la maman. Je serais enceinte. On a une fille qui a un an. On a nos deux nièces chez nous, leurs parents sont partis pour...sept ans...non, un an. Tu irais au travail faire des livraisons (le métier de son père). Le soir, on doit partir au restaurant, d'accord, chéri? "

Elle "prend un malaise" en route, "s'évanouit", mais m'assure que "ce n'est pas grave". Il n'y a plus personne au restaurant, aussi nous rentrons "à la maison".

Ce jeu est repris, avec des variantes, pendant plusieurs séances.

Il est intéressant de noter que, désormais, Angélique dédramatise d'elle-même le malaise. Elle ne parle plus de mourir ou de faire mourir son bébé. Elle semble avoir "apprivoisé" cette peur et avoir réussi à prendre une certaine distance par rapport à ces événements. Dans le transfert, je suis le mari d'un couple dont elle est la femme. Son identification à la mère est possible. Elle est peut-être vécue comme moins dangereuse. De plus, c'est son deuxième enfant, et cette fille de un an qui apparaît ici, pourrait la représenter, tout en occupant une place secondaire. L'absence des parents des "deux nièces" correspondait dans un premier temps à son âge (sept ans). Est-ce l'amorce d'un "roman familial", dans lequel elle pourrait s'imaginer issue d'autres parents? Mais le principe de réalité lui fait corriger: "non, un an."

Surgit alors la question fondamentale de sa place à elle dans cette famille, avec l'arrivée prochaine de ce nouvel enfant, de la perte possible de l'amour de sa mère. C'est une de ces mises en scènes autour de ce questionnement angoissé que nous avons choisi de relater ici.