Depuis les mises en scène archaïques, pulsionnelles, dans lesquelles l'éventration, la mort, le sang, dominaient, submergeaient tout, aux dernières mises en scène relatées ici, même lorsque l'on a tenté d'en être le témoin actif, et l'accompagnateur, on reste surpris et admiratif, en mesurant le chemin parcouru par Angélique! Les ressources presque "magiques" du psychisme de l'enfant, la souplesse de réajustement de ses positions, lui ont permis de jouer, de rejouer, d'expérimenter, de reprendre, d'abandonner une solution, puis d'en essayer une autre, jusqu'à ce qu'une réponse ou une solution convienne, ou suffise pour l'instant, et lui permette d'aller plus loin. Elle peut faire jouer librement les registres psychiques du réel, de l'imaginaire et du symbolique , qui ont retrouvé leur souplesse d'articulation. Elle peut puiser sans danger dans leurs richesses et leurs ressources, pour investir l'énergie libérée de ses emprisonnements mortifères 625 . Elle peut donner du sens à sa propre histoire 626 , et elle peut désormais "tuer le monstre vert". Elle montre qu'elle a pris suffisamment de distance, à l'intérieur du jeu, pour pouvoir en parler.
Nous en avons souligné la nécessité dans les analyses du chapitre VII, repris dans le tableau de synthèse "Construire son identité d'enfant-écolier-élève"
C'est une des conditions préalables à l'entrée de l'enfant dans les apprentissages, que nous avons retrouvée comme un leitmotiv tout au long de nos analyses de la deuxième partie de cette thèse. Cette condition figure, entre autres, dans le tableau de synthèse du chapitre VII, point 3-3-4: "Donner du sens au monde . Pouvoir se situer et se comprendre dans le monde. Donner du sens à sa propre histoire". Cette capacité apparaît de manière aussi fondamentale, au point 6, par exemple, dans le tableau de synthèse: "Construire son identité d'élève et d'écolier", nous avions souligné: " pouvoir construire son identité d'enfant pour pouvoir construire son identité d'écolier et d'élève".