1- "C'est beau comme dans un livre!"

Des mots "prêtés" par le rééducateur, au texte, en passant par les phylactères.

Construction et consolidation de préalables pour pouvoir apprendre.

1-1- "RE-PRESENTER" ses peurs et ses angoisses, ses conflits, pour s'en libérer. La parole, comme inscription dans la chaîne signifiante qui constitue le lien social. Articuler le réel, l'imaginaire et le symbolique.

La grande question de l'enfant est de se séparer du milieu familial pour devenir un élève, inscrit dans le milieu scolaire. Nous avons pu démontrer à quel point, pour les enfants que nous rencontrons en rééducation, il s'agit de représenter, d'élaborer, et de se libérer en les symbolisant, des préoccupations qui les engluent dans le monde familial 633 . Il lui faut également pouvoir symboliser cette séparation, pour rendre sa pensée disponible aux apprentissages. Le rééducateur propose à l'enfant de ‘ "se parler, pour aller mieux, pour désencombrer sa pensée de ce qui le rend indisponible pour apprendre, actuellement"(id.). Le jeu, le dessin réalisé seul ou "en dialogue", ou encore collectivement au sein d'un petit groupe, les marionnettes, la mise en scène d'histoires inventées, lues ou entendues, la représentation d'histoires et de personnages en pâte à modeler, les mises en scène à partir de petits objets, l'invention de jeux à règles,...toutes ces médiations ont pour objectif de faciliter la parole de l'enfant, ses possibilités de symbolisation. Il est invité à "dire", ce qu'il ne peut justement pas dire encore.

Il peut expérimenter, dans la sécurité du cadre rééducatif, que la parole n'est pas dangereuse, qu'elle ne possède pas le pouvoir tout-puissant de réalisation immédiate du désir. Il peut ainsi, au sein et à l'aide du jeu, séparer progressivement imaginaire et réalité, et accéder aux processus secondaires et au symbolique. Nous avons pu rendre compte de la difficulté de ce parcours."L'accès au savoir suppose deuil, perte et nostalgie ’ ‘ ...(comprendre cela, permet de) ’ ‘ mettre des mots et de les proposer à celui ou à celle qui est demeuré dans l'embarras de son désir."(BONNET 1992, p. 35). Le rééducateur qui prête des mots qui tentent de "dire", et sa main qui écrit sous la dictée, le dessin qui s'accompagne progressivement d'un écrit qui s'étoffe, sont autant de passages vers des voies de symbolisation qui acquièrent peu à peu un statut culturel et des moyens d'accès vers les apprentissages de la classe.

Notes
633.

La deuxième partie de cette recherche visait à définir ainsi le profil des enfants à qui est proposée une rééducation. Les rencontres que nous venons de restituer semblent confirmer le besoin dans lequel ces enfants se trouvaient, de ces élaborations.