2-7- Du libre choix des histoires, par l'enfant.

C'est la rééducatrice qui a proposé le texte du mythe d'Oedipe à Kaled. Nous avons explicité dans quelles circonstances, et dans quel objectif. Cependant, le garçon, selon les termes de notre "contrat rééducatif" avait le droit de refuser, et j'aurais accepté ce refus. Se positionner dans un refus, peut avoir un effet structurant, lorsque ce n'est pas une attitude d'opposition systématique. Dans la plupart des cas, j'ai l'habitude de proposer aux enfants de feuilleter les livres à leur disposition, puis de choisir celui qui leur convient. J'ai fait, avec une surprise toujours renouvelée, une constatation clinique: lorsque l'enfant, qui sait lire, est libre de choisir, son choix se révèle très pertinent par rapport à sa problématique. Souvent, une phrase, un échange entre les personnages, un passage d'une histoire, ont un effet d'interprétation pour l'enfant. L'émotion est là. Peut-être y a-t-il eu compréhension soudaine de quelque chose? Souvent, j'ignore ce qui s'est réellement passé, mais je constate le changement de place de l'enfant, ensuite.

Les contes et les mythes, en particulier, véhiculent les interrogations fondamentales de tout enfant, de tout humain. N'est-ce pas ce qui fait leur valeur et leur pérennité ? Supports de projection, d'identification, ces histoires "parlent" à l'enfant qui, en rencontrant la formulation de ses fantasmes, de ses angoisses, par un personnage fictif, peut les reconnaître, les exprimer, les symboliser, au lieu de les fuir, de les refouler, et d'en rester encombré, dans sa pensée. Après tout, ce n'est pas vraiment de lui qu'il s'agit...En soi, le conte peut être considéré comme un conteneur . Comme la fonction alpha de la mère, il remplit ‘ "une fonction de transformation des affects ou des objets non pensables, parce que destructeurs du penser lui-même, en représentations tolérables: davantage encore, en représentations capables d'engendrer des représentations." ’ (GUERIN, 1984, p. 83).