Evolution du processus rééducatif. Le rééducateur, comme témoin de la culture, invite et incite l'enfant à y entrer. Etayage, désétayage.

Nous avons repris, dans une perspective diachronique, toute une partie de l'itinéraire de Kaled, à l'intérieur de son processus rééducatif. L'étape de la lecture du mythe d'Oedipe a semblé décisive. Elle a inauguré l'implication subjective du garçon dans son processus rééducatif. Elle a été suivie de l'invention d'histoires, correspondant à un remise en route de l'imaginaire et de la créativité.

Pour une famille comme celle de Kaled, dont l'habitus social et culturel est éloigné de celui de l'école, mais aussi pour tous ces enfants chez qui le désir d'acquérir des connaissances est défaillant, quelles qu'en soient les "causes", le rééducateur peut constituer un témoin de la culture . Par l'incitation qui a été faite à Kaled (ici la proposition d'un texte qui pouvait le "toucher"), par le plaisir qu'il y a découvert, par le jeu des identifications, il est devenu désireux de s'approprier les outils culturels: lire et comprendre un texte, écrire soi-même des textes.

On peut affirmer que la relation d'étayage par la rééducatrice a été préalablement nécessaire à la récupération de ses capacités créatives par Kaled. L'accompagnement ensuite de ses créations, leur accueil, ont été déterminantes.Après avoir eu besoin d'un étayage important de la part de l'adulte, le garçon a confirmé sa capacité à faire de plus en plus de choses "seul", s'affirmant dans son désir, et dans son autonomie. La rééducatrice a donc pu mettre en oeuvre un processus de désétayage progressif.