Le père d'Alex est venu. Il est arrivé, très agressif: "Vous savez, je suis venu, mais jusqu'au dernier moment, je ne savais pas si je viendrais. C'est une amie qui m'a convaincu, en me disant: "Qu'est-ce que tu risques? Moi, je n'y crois pas à tout cela, les aides "psychologie" et tout le reste...Alex a déjà eu une aide au CPPM 661 quelque chose, et ça n'a servi à rien...C'est encore un coup de ma femme pour m'attaquer..."
Je l'ai invité à s'asseoir. Je m'étais donnée deux objectifs pour cette rencontre: obtenir son autorisation pour la rééducation d'Alex, et souligner l'importance pour le garçon de voir son père.
Alex est allé s'asseoir à l'autre table. Il a repris ses constructions habituelles avec des "lego", mais il est intervenu de temps en temps. J'ai expliqué au père les raisons de mon intervention auprès de son fils, les objectifs de mon aide, ses conditions, les différentes étapes qui avaient déjà eu lieu, à partir de la rencontre d'Alex avec sa mère. J'ai insisté sur l'importance de son autorisation, pour qu'Alex s'autorise, lui-même, à faire vraiment ce travail. Le père s'est détendu peu à peu, et nous avons pu aborder, ensemble, les divers points prévus, comme les relations du père avec son fils. Il s'est déclaré, en fin de compte, d'accord pour cette aide, et a souhaité que nous nous rencontrions à nouveau, dans quelque temps.
Lorsque nous nous sommes revus, j'ai demandé à Alex ce qu'il avait pensé de cette rencontre avec son père, et ce qu'il en avait retenu: "Oh, j'ai pas bien écouté quand il parlait...mais j'ai entendu qu'il m'aimait!..."
Alex a pu entendre, ce qui lui importe surtout de savoir, à l'heure actuelle: son père ne l'abandonne pas, même s'il ne vient pas le chercher le week-end, il pense à lui, il l'aime toujours, même s'il ne le lui dit pas. Le "lieu tiers" rééducatif, semble avoir pu offrir une certaine "neutralité" par rapport aux conflits qui agitent actuellement sa famille, la rééducatrice, par son extériorité avec les conflits familiaux, mais aussi par son implication dans une relation singulière avec le garçon, pouvait jouer le rôle d'un "médiateur" de la parole, entre eux.
C'était au Centre Médico Psychologique.