3- Une parole qui circule, au sein de l'école. Une collaboration opérante.

Nous avons insisté sur la nécessaire inscription institutionnelle de la rééducation dans l'école. Sa position ""dedans-dehors" lui donne une place qui permet de remplir des fonctions spécifiques. Il arrive fréquemment que le rééducateur rencontre les parents, avec l'enseignant, à la demande de celui-ci, la plupart du temps, parce qu'une parole semble "bloquée", ou difficile, entre eux. Certains parents des enfants que nous rencontrons, ne sont pas à l'aise dans l'école. Nous ne développerons pas cet aspect de la fonction du rééducateur au sein de l'école. Cette intervention a des conséquences plus importantes vis à vis de ce qui peut se jouer ensuite entre le maître et son élève, que pour le processus rééducatif lui-même. Nous évoquerons rapidement, par contre, pour clore cette partie clinique, ce qu'implique la collaboration réussie entre l'enseignant et le rééducateur, à partir de l'exemple d'Ismène.

Si Ismène a pu parvenir à l'endroit où elle est arrivée, en si peu de temps, (une année), c'est sans doute grâce au travail d'élaboration qu'elle a pu réaliser en rééducation. Mais c'est sans aucun doute également, grâce à une collaboration étroite et riche entre son enseignante et la rééducatrice. Celles-ci ont, en quelque sorte, constitué pour Ismène, un "couple éducatif" de référence, lui apportant des repères qu'elle a pu intérioriser et faire siens. L'appellation "couple éducatif" est caricaturale, bien sûr, et recouvre une réalité plus complexe. Si l'enseignante apportait et tentait de maintenir, pour la fillette, les règles du groupe, du social, dans sa dimension collective, comme un "père" attentif, elle a pu aussi l'écouter, la rassurer, contenir ses débordements incessants. Si la rééducatrice offrait, dans le cadre de rencontres singulières, une fonction contenante et conteneur des explosions pulsionnelles de la fillette, elle a également, en "mère suffisamment bonne", et en étayage sur le cadre rééducatif, posé des limites, des contraintes, aidé la fillette à respecter des règles et des limites. Elle a pu tenir sa place de partenaire symbolique, et l'a aidé à articuler les registres du réel, de l'imaginaire et du symbolique, dans la construction de "mythes individuels". La collaboration, opérante, a permis, peut-être, que le découragement ne soit pas de la partie, devant les stagnations ou les "reculs", de ce processus rééducatif de la fillette. L'ensemble de ce travail, en partenariat, a permis à Ismène, en fin de compte, de devenir une élève.