C'est notre dernière rencontre. Laury, dit qu'elle est triste, et me fait promettre de garder tous ses dessins. Elle me demande:- Tu connais: "Mon petit lapin a bien du chagrin"? Elle me montre des graines d'arbuste, conservées dans sa poche, puis évoque la naissance des bébés. Je lui propose ensuite de dessiner, avant de se quitter. Elle raconte, en dessinant: C'est ma maman. Je vais me faire dans son ventre. Elle est contente, la maman. Là, je suis née. Laury me demande ensuite d'écrire la phrase: "La naissance de Laury", qu'elle entoure d'une fleur.
Benoît, avait également évoqué la question de la naissance, lors de notre dernière rencontre. On peut penser que, la fin d'un parcours fait ensemble, dans la mesure où cette fin a été annoncée, préparée, parlée, fait émerger des fantasmes de naissance, et, peut-être, de "re-naissance"? C'est la raison pour laquelle nous rapportons un dessin de Catherine 671 , réalisé dans les mêmes circonstances. Elle précise: "C'est la naissance d'une fleur". Le phylactère, attaché à la fleur, ne laisse aucun doute quant au processus d'identification, puisqu'elle inscrit elle-même: "Je m'appelle Catherine, j'ai huit ans"
Le dernier dessin de l'enfant, dans le lieu rééducatif, représente très fréquemment également, un départ. Angélique a fait partir la rééducatrice. Les circonstances s'y prêtaient, puisque je partais, dans la réalité. La plupart du temps, dans la réalité, c'est l'enfant qui part, et c'est ce qu'il représente dans ce dessin. C'est ce qu'ont représenté respectivement Kevin et Mustapha, dont nous reproduisons les dessins, en page suivante. Mustapha s'est représenté, dans un avion, partant "en Grèce" avec un camarade de la même classe, "rééduquant" lui aussi. Sans doute avait-il associé l'arrêt de sa rééducation avec la fin probable de celle de Larbi, ce qui n'était pas le cas dans la réalité.
Nous avons parlé de Catherine, dans le chapitre XIII, point 1-3-3.