La cohérence d'une praxis qui situe la rééducation dans un "entre-deux" entre pédagogie et soin, au sein même de l'école.

L'ensemble des propositions rééducatives, est constitué par le résultat de la réflexion et des analyses des praticiens et des théoriciens de la rééducation. Nous avons pu mettre en évidence que des propositions consensuelles, communiquées et échangées à travers les revues et les rencontres professionnelles, se sont peu à peu dégagées, et que l'on pouvait tenter de les organiser en un ensemble cohérent, pour en rendre compte. Ces propositions organisent l'action rééducative et en anticipent les effets.

Les analyses de notre deuxième partie nous ont permis de considérer que, pour répondre aux besoins d'un enfant englué dans son monde familial et dans des modes de relations symbiotiques et clos, la rééducation devait aider celui-ci à se séparer, à construire des capacités et des préalables, en amont des apprentissages. Nous avions conclu que cette intervention devait se situer pour cela dans un "entre-deux" entre pédagogie et soin, à l'intérieur de l'école.

La question qui se posait alors, était: Comment définir les propositions rééducatives, par rapport aux autres interventions, dans l'école?

Nous avons pu établir, par une démarche comparative, que la rééducation s'inscrit dans les finalités, les objectifs généraux et une éthique, qui peuvent guider toute action éducative. Ses objectifs spécifiques, que nous avons qualifiés de "psychopédagogiques", visent à aider l'enfant à dépasser ses difficultés, à le libérer des préoccupations qui l'engluent dans le monde familial, à se séparer de ce dernier, pour s'inscrire dans la collectivité scolaire, à retrouver de la souplesse et du plaisir dans le fonctionnement de sa pensée, à devenir élève. La parole et toutes les médiations qui favorisent les processus de symbolisation, sont privilégiées. L'engagement de l'enfant y est requis, médiatisé par le "contrat rééducatif", ou "transaction rééducative", qui est une ouverture vers une "alliance rééducative" rééducateur-enfant. Un cadre rééducatif, spécifique dans l'école, est la condition première pour qu'un processus rééducatif soit engagé et s'y déroule. La rééducation doit être inscrite symboliquement, et institutionnalisée avec les partenaires éducatifs.

Nous nous sommes demandée si, d'une part, l'ensemble de ces propositions, pouvait s'organiser en une praxis cohérente, qui articulerait les trois pôles de toute praxis, et, d'autre part, s'il y avait une pertinence des propositions au regard des besoins de "l'enfant-rééduquant".Nous avions proposé 672 , un "modèle" rééducatif explicatif (2), construit à partir des informations données par le texte de la circulaire du 9 avril 1990, des premières données recueillies dans les "écrits rééducatifs", et des analyses concernant l'enfant auquel va être proposé une rééducation. Nous avons analysé les différentes composantes des propositions rééducatives, en les interrogeant à partir des besoins de l'enfant, ceux-ci ayant été mis en évidence par les analyses de notre deuxième partie. Nous pouvons affirmer que ces propositions constituent une praxis cohérente, qui semble, dans ses propositions, pertinente, au regard des objectifs assignés à l'intervention, et au regard de ce que nous connaissons des besoins de cet enfant auquel elles s'adressent. Il semble donc que puisse ainsi être vérifiée notre hypothèse de travail (6):

Il est possible, actuellement, de définir une praxis rééducative cohérente.

Cependant, seule la clinique avec les enfants, dans la mise en œuvre de cette praxis, pouvait permettre d'en vérifier la pertinence.

Nous avons proposé un troisième "modèle", issu des analyses du "réel rééducatif", constitué des principes et des méthodes rééducatives, articulant les diverses propositions rééducatives à l'enfant: "La praxis rééducative dans ses propositions à l'enfant. "Modèle" explicatif de la rééducation. (3)" 673 . C'était un des objectifs que nous nous étions fixée. L'analyse des différentes composantes des propositions faites par le rééducateur à l'enfant, confirme une position qui, pour répondre aux besoins de cet enfant en difficulté à l'école, se situe résolument "entre-deux", c'est-à-dire entre pédagogie et soin, au sein même de l'école. Nous nous réservions de situer plus précisément, grâce à la clinique, les positions et les actes rééducatifs, au regard de ce que serait une intervention soignante.

Notes
672.

En début du chapitre IX.

673.

En fin du même chapitre.