Une pratique rééducative transitoire et "trouvée-créée", "entre-deux".

La pratique rééducative semble s'apparenter à une pratique transitionnelle selon la conceptualisation qu'en fait WINNICOTT (1971). Elle se donne comme objectif d'aider l'élève à dépasser les conflits qui l'habitent afin de pouvoir franchir le passage qui le mènera d'un statut d'enfant englué dans la maison familiale et aux questions qui s'y rattachent, au statut d'un élève qui apprend et d'un écolier inscrit dans la collectivité scolaire. La première qualification d'un espace transitionnel est son aspect transitoire: il est fait pour disparaître lorsqu'il n'est plus nécessaire. La deuxième qualification d'un espace-temps transitionnel est d'être "trouvé-créé". Le cadre rééducatif est déjà là, car proposé par le rééducateur, mais il n'existe vraiment pour l'enfant qu'au moment où il l'intériorise, donc, dans la mesure où il est à la fois "dedans et dehors", "entre-deux" et "trouvé-créé", support du processus rééducatif de l'enfant.

Suite à nos analyses, nous avons avancé que la rééducation devait se situer, dans l'école, "entre pédagogie et soin". Si nous avons passé au crible d'une analyse systématique, les différentes dimensions qui font se rejoindre, et qui différencient, à l'intérieur de l'école, l'intervention rééducative des actions pédagogiques, nous nous sommes contentée de relever, au passage, lors de l'analyse des rencontres cliniques, certaines dimensions spécifiques qui différencient la rééducation, de l'action thérapeutique auprès de l'enfant. Il nous faut, dans une synthèse rapide, réunir ici, certaines de leurs ressemblances ou de leurs différences, afin de préciser la place de la rééducation dans l'école, et par rapport à l'enfant.

La nécessaire clarification conceptuelle conduit à ‘ "poser la question en termes d'interdits à respecter dans le champ où on se situe, plutôt qu'en termes d'exclusives....car en dernier recours, c'est l'intervention pratique qui prime: la qualité du travail entrepris avec l'enfant pour qu'il sorte de ses difficultés." ’ (LA MONNERAYE, 1991, p. 27). Penser la différence entre les deux champs en termes de coupure épistémologique, a l'avantage de faire considérer les effets de cette rupture.