Un "entre-deux" entre pédagogie et soin.

La souffrance psychique est l'objet de l'écoute du rééducateur, comme du thérapeute.

Le rééducateur, comme le thérapeute, s'adresse à l'enfant comme à un sujet "en souffrance" et dans la mesure où il souffre. La souffrance psychique n'est pas le seul fait de la psychopathologie. Même si l'enfant n'est pas souvent demandeur de sa rééducation, et il ne l'est pas plus souvent d'une thérapie, on peut considérer que le fait de ne pas faire fonctionner sa pensée, de ne pas parvenir à ce qui est demandé par le maître, de ne pas parvenir à s'exprimer de manière à être entendu, de ne pas réussir à se faire des amis, de se sentir plus ou moins en marge, est de toutes façons une souffrance pour le sujet, même et surtout s'il n'a même pas les mots pour la dire.

De la même manière qu'en thérapie, on peut considérer que tout ce qui se joue entre l'enfant et le rééducateur, que tout ce que fait ou dit l'enfant, dès lors que le processus rééducatif est enclenché, a valeur de parole, n'est pas fortuit, et prend sens à travers le transfert.

La première différence à rappeler est que la thérapie est du domaine du soin alors que la rééducation considère que"nombre de difficultés auxquelles est confronté un enfant lors de la période des apprentissages se situent dans le champ du normal et ne relèvent pas de la pathologie. On apprend autant par échecs que par réussites." ’ (De LA MONNERAYE, p. 26).

La rééducation est du côté du devenir de l'enfant. Au moment où l'enfant désire apprendre, et parvient à nouer des relations sociales satisfaisantes pour lui et les autres, des relations symbolisées entre des sujets séparés, c'est le signe de la fin du processus. Lorsque l'enfant, qui était mutique, se met à parler, à communiquer, lorsque l'enfant agité ou agressif, parvient à exprimer ses désaccords ou son mal-être par des mots, lorsque l'enfant s'intéresse aux activités de la classe et peut s'y inscrire, la rééducation n'a plus lieu d'être.