2- De l'examen des feuilles de demande à la pose de l'indication.

Elle se fait en réunion de synthèse du réseau.

  • La demande apparaît suffisamment explicite, et les difficultés de l'enfant semblent correspondre à une aide précise.
    Plusieurs démarches sont possibles selon les réseaux, que nous désignerons par "stratégies".
  • Stratégie A: L'indication est posée.
    La personne concernée prend en charge la suite de la mise en place de l'aide.
    Lorsqu'il s'agit d'une rééducation:
    • le rééducateur rencontre les parents.
    • quelques séances dites "préliminaires", ou "d'observation" avec l'enfant, avant décision de rééducation.
    • nouvelle rencontre avec les parents, leur autorisation est demandée.
  • Remarque: en cas d'indication d'aide pédagogique spécialisée, la plupart du temps, les maîtres concernés ne rencontrent pas les parents, pour les en informer. La question est posée de la nécessité, dans tous les cas, de cette démarche.
  • Stratégie B.
    Rencontre individuelle avec l'enseignant, à propos d'un enfant.
    Ce peut être la deuxième rencontre, si une première rencontre a eu lieu à propos de tous les enfants de la classe.
  • Une hypothèse concernant les difficultés de l'enfant est posée.
    • Première rencontre avec les parents et l'enfant.
    • C'est l'occasion de compléter, d'affiner les informations estimées nécessaires pour poser l'indication.
      Ces rencontres avec les parents sont quelquefois des "entretiens de prévention", c'est-à-dire qu'ils ne seront pas toujours suivis d'une indication d'aide spécifique à l'enfant. Il peut y avoir un ou plusieurs entretiens dans ce cas.
    • En réunion de synthèse de réseau, le point est fait sur les éléments dont on dispose à présent, qui sont normalement plus nombreux pour asseoir ou invalider la première hypothèse émise, pour modifier éventuellement la pré-indication.
    • Si une aide s'avère nécessaire, son indication est alors posée.
    • La proposition d'aide peut concerner une aide extérieure à l'école. La proposition en est alors faite aux parents.
    • La pose de l'indication est suivie d'une deuxième rencontre avec les parents.
    • Les parents seront reçus, toujours par la même personne, en présence de l'enfant (dans la majorité des cas). La proposition d'aide leur est faite, ou bien leur est communiquée la décision de ne pas mettre en place une aide pour l'enfant, pour l'instant. (On note qu'un réseau demande aux parents de réserver leur réponse pendant une dizaine de jours, en cas de proposition d'aide. Ils donneront leur autorisation par l'intermédiaire de leur enfant).
  • Stratégie C.
    Après des observations en grande section d'école maternelle, il y a une synthèse avec l'enseignant qui a rempli les feuilles de demande d'aide. De la confrontation des deux points de vue (réseau-enseignant), sort l'indication. Pour les autres classes (cycle 2), les enseignants remplissent les feuilles de demande d'aide, et rencontrent le réseau lors des synthèses.
  • Les indicateurs dont on dispose n'apparaissent pas suffisants pour poser une indication d'aide.
    • La "pré-indication".
      • En réunion de synthèse, à partir des feuilles de demande, sont posées les premières hypothèses d'indication ("pré-indication"). Une personne du réseau prend en charge la suite des démarches:
      • soit, la personne concernée selon la "pré-indication",
      • soit, dans un des réseaux, toujours la même personne, selon le cycle dans lequel est l'enfant. Par exemple, au cycle I, c'est la rééducatrice. (En réalité, cela se recoupe la plupart du temps, et revient donc au même).
  • Comment recueillir des compléments d'information?
    C'est à cette étape que les stratégies entre les différents réseaux divergent le plus, et qu'il devient nécessaire de les différencier.
    • Pour tous les réseaux, il y a rencontre entre le maître et la personne du réseau déterminée par la "pré-indication". Cette rencontre est l'occasion de compléter les informations du document écrit. L'enseignant parle de l'enfant, mais aussi de sa relation avec celui-ci.

Remarque: Une question ressort des échanges. On note qu'un discours qui repose sur des indicateurs, apporte plus d'informations utiles pour l'indication. Il semblerait plus pertinent, tout en ne refusant pas l'écoute de son expression personnelle, d'aider l'enseignant, à dépasser certains jugements de valeur, exprimés sous forme de critères, et à rechercher plus d'indicateurs de la situation scolaire de l'enfant.

  • Stratégie D.
    • Les parents ne sont pas rencontrés avant que soit posée l'indication.
    • Une observation est prévue, si nécessaire. Ce peut être l'observation de un ou plusieurs enfants, dans la classe.
    • Certains rééducateurs rencontrent l'enfant pendant quelques séances dites "d'observation". Des bilans divers peuvent y être proposés à l'enfant.
    • Remarque 1: Les positions des collègues divergent, et soulèvent les questions suivantes:
    • Est-on au clair sur les objectifs de l'observation? Que va-t-on observer? Que va-t-on faire des résultats de l'observation, ensuite, au niveau d'une rééducation? Est-ce bien utile, par conséquent?
    • Quelle compétence le rééducateur se reconnaît-il pour aller observer ce qui se passe au niveau du groupe? N'est-ce pas reconnaître implicitement le maître incompétent pour le faire? En corollaire, quelles compétences (que, bien sûr, il ne posséderait pas, le maître attribue-t-il au rééducateur? Dès lors, quelle est la place du rééducateur?
    • Remarque 2: A quelle place est l'enfant lorsqu'on procède à des observations en classe ou individuellement? Qui est porteur de la demande après ces observations? Quelle position doit-on adopter lorsque nos conclusions sont très différentes de celles de l'enseignant de la classe?
    • L'observation peut être remplacée par une évaluation collective dans la classe, évaluation effectuée par le réseau.
    • Remarque: On peut poser de même que pour l'observation, la question de l'objectif de cette évaluation par rapport au processus rééducatif, de son utilité, ainsi que, ici encore, de la place du rééducateur vis à vis du maître, et vis-à-vis de l'enfant. Qu'en pense l'enfant? Comment va-t-il appréhender ensuite le rééducateur, au sein de la rencontre? Comment articuler une position évaluative, et une position de non jugement, ensuite, au sein de la rencontre rééducative?
    • C'est le temps d'un éventuel examen psychologique, s'il s'avère nécessaire comme complément d'information.
    • Des contacts peuvent être jugés nécessaires avec des structures d'aides extérieures à l'école, lorsque cet enfant est déjà suivi ou a été aidé récemment par celles-ci. C'est, en général, semble-t-il, le psychologue qui se charge prioritairement des contacts et relations avec les organismes de soin, ce qui n'empêche pas les rééducateurs de rencontrer les autres personnes qui aident, ou qui ont aidé l'enfant.
    • Les contacts avec la PMI (Protection Maternelle et Infantile), avec les services sociaux de secteur, peuvent être jugés utiles.
    • L'indication est posée en synthèse, par l'équipe du réseau.
    • Remarque: les collègues soulignent que les maîtres chargés d'aide pédagogique spécialisée supportent mal quelquefois de passer du temps à effectuer l'ensemble des démarches antérieures à la pose d'une indication. Ils ont l'impression de piétiner, et de perdre du temps. Cette difficulté qui est propre à certains d'entre eux, peut constituer un obstacle au travail de l'indication, et entraîner un manque de cohérence et une perturbation supplémentaire pour l'enfant. Une culpabilité plus ou moins inconsciente de ne pas "agir", une difficulté également à changer radicalement de place par rapport à une fonction d'enseignant, se dissimulent souvent derrière cette hâte. Tous soulignent cependant le danger d'un travail d'aide engagé trop vite, et qu'il est parfois nécessaire de remettre en question, entraînant une nouvelle rupture pour l'enfant.
    • Première rencontre avec les parents. La personne responsable des démarches en vue de l'indication, et donc susceptible de travailler avec l'enfant, reçoit les parents et demande leur autorisation de travailler en rééducation avec leur enfant.
  • Remarques conclusives à l'étude de ces différentes stratégies d'analyse de la demande et de pose de l'indication.

Il apparaît que, d'une manière générale, l'équipe du réseau d'aides conduit la démarche de recueil de la demande, de son analyse, des hypothèses formulées au regard de la difficulté d'un enfant, de la pose de l'indication. C'est à la fois une responsabilité et une richesse, et c'est pourquoi il est nécessaire que ce travail soit le fait d'une équipe. Selon les cas, cette équipe est celle constituée par les personnes composant le réseau d'aides, ou bien, elle est une équipe élargie, comprenant l'enseignant concerné. C'est alors une occasion privilégiée de travail en collaboration entre les partenaires éducatifs de l'enfant, un moyen privilégié de connaissance réciproque, de meilleure compréhension et de respect du travail, de la place et de la fonction spécifiques de chacun, compréhension fondée sur la différence, sur l'écart. La spécificité du travail du rééducateur en réseau d'aides apparaît nettement sur ce point particulier.