Paragraphe I : Le travail et l’emploi : faits économiques, faits sociaux, situations juridiques

On sait que l’origine du mot « travail » renvoie à une conception négative de celuici.6 Ainsi, le travail manuel est, dans l’Antiquité, la négation de la personne juridique ; c’est l’esclave qui travaille pour le compte de son maître, lequel oeuvre, quant à lui, pour la cité. La morale chrétienne va progressivement conférer au travail, au labeur, une valeur de rachat, de Rédemption pour l’âme. Mais ce n’est qu’au 16ème siècle et définitivement au 18ème siècle que le travail va acquérir une valeur sociale.7 Le renversement est complet et le travail, désormais entendu de façon large (travail intellectuel, travail manuel), rythme le temps de vie et va jusqu’à fonder des temps sociaux. Le travail apparaît ainsi comme un témoin de l’histoire sociale et économique. C’est donc son histoire qui peut donner à voir le rapport qu’entretiennent le travail et l’emploi. A supposer qu’une distinction puisse être proposée, il conviendra alors de rechercher comment le droit du travail appréhende ces catégories.

Notes
6.

G. LEFRANC, Histoire du travail et des travailleurs, Flammarion, 1975. D. MEDA, ouvrage précité, A. SUPIOT, Critique du droit du travail, P.U.F., les voies du droit, 1994.

7.

Comp. néanmoins LOYSEAU (15661627), « nous appelons communément mécanique ce qui est vil, abject. Les artisans étant proprement mécaniques, sont réputés viles personnes », Traité des ordres, cité par G. LEFRANC, ouvrage précité.