L’apport de la doctrine dans la compréhension, parfois de l’orientation, du droit positif est chaque jour considérable. L’essence [le devoir ?] de son travail est aussi d’éclairer un proche avenir, à la différence du juge qui doit appliquer la règle de droit.2065 A cet égard, le sort réservé à l’emploi se montre topique : alors que la doctrine s’exerce à démontrer la fin de l’emploi, à rechercher des cadres d’analyses nouveaux, le juge continue à produire du droit sur le modèle de l’emploi. C’est que, justement, il est tenu par les cadres existants, sa fonction d’interprétation, de portée parfois majeure, ne pouvant pas s’en départir. Aussi, la doctrine doit elle proposer à ceux qui ont le pouvoir de créer la norme les fruits de sa réflexion. A propos de celle menée sur l’emploi, c’est à l’étude d’une partie considérable de la doctrine qu’il faut se livrer ; il suffit de feuilleter les publications spécialisées pour s’en rendre compte. Toutefois, bien que prenant part à ce vaste mouvement de réflexion, les analyses portent souvent sur un point particulier, le droit de la rupture du contrat de travail, sur lequel se bâtit une part importante de la protection de l’emploi, et qui en fournit l’illustration. Aussi, il convient de ne s’intéresser qu’aux contributions dont l’objet prend en considération la problématique exposée précédemment. A notre connaissance, les esquisses de cette réflexion se trouvent dans les travaux de Messieurs Supiot et Gaudu ainsi que dans le rapport présenté par la commission présidée par Monsieur Boissonnat pour le compte du Commissariat général du Plan. Bien que se construisant, globalement, autour de la notion d’activité (malgré les réserves de Monsieur Supiot), ces réflexions s’ordonnent autour de concepts différents.2066
Cela n’’exclut évidemment pas la réflexion du juge, qui sait aussi nourrir la doctrine de sa pensée, mais à cet exercice dans la pratique de sa fonction, il ne peut pas se livrer.
Les développements qui suivent empruntent très largement aux auteurs cités. Il ne s’’agit point de s’’approprier leurs mots mais, autant que faire se peut, de ne pas trahir leur pensée.