Paragraphe I : De la confirmation de l’emploi

La notion d’emploi est tout autant un élément de l’analyse économique que de l’analyse juridique. Il catalyse d’ailleurs ce rapport entre « l’économique » et le « juridique » au point que la question de l’emploi est devenue une question du droit du travail au moment où il est devenu objet de conflits en raison de l’instauration d’un cadre de droit nécessairement contraignant auquel les stratégies managériales n’ont pas voulu se plier. Ainsi, il semble que l’emploi est devenu un enjeu essentiel depuis le traitement par la loi de la rupture du contrat de travail à durée indéterminée et l’encadrement du recours au contrat à durée déterminée. C’est en effet à partir des années soixantedix que la dualité entre « le contrat d’emploi » et les contrats de travail atypiques a pris consistance et a fondé une scission dans les situations juridiques de travail.

L’idée de protection de l’emploi, c’estàdire de saisie par le droit du travail de cette notion, est consubstantielle à une certaine représentation de l’emploi, dont la permanence est l’attribut essentiel. Or précisément, c’est sur ce statut de protection de l’emploi, reposant essentiellement sur le salaire, les conditions de travail et la protection sociale que l’Etat et les salariés ont organisé la vie sociale. La crise de l’emploi légitimerait donc la remise en cause de l’emploi. Mais, y atil crise de l’emploi ? Rien n’est moins sûr, sur le plan juridique tout au moins. L’opposition entre l’emploi et le travail ou l’activité semble relever, en réalité, du débat de fond entre rigidité et flexibilité du droit. En effet, l’emploi est un objet construit et ses frontières sont rigides, alors que l’activité est un monde flexible. Mais l’un et l’autre mettent en exergue une indispensable mobilité professionnelle, le point d’achoppement étant de savoir si cette mobilité doit s’exercer dans le statut de l’emploi ou dans un statut recomposé autour du travail.