Deux branches de la linguistique ont employé avec profit la notion de survivance : la linguistique historique et comparative, et la géographie linguistique7 qui s’est établie en tant que discipline scientifique en réaction aux principes de la grammaire comparée de tendance néogrammairienne. Les deux disciplines, qui tirent profit de la comparaison des langues mais souvent à des niveaux différents des arbres généalogiques, diffèrent quant à la manière de situer la survivance dans leur champ d’étude : la linguistique historique l’envisage comme un outil lui servant à établir des parentés de langues et à reconstruire des états anciens. Mais elle a peu étudié le phénomène en lui-même, notamment en ce qui concerne ses causes. On peut se l’expliquer puisque dans la perspective de l’évolution linguistique vient se placer en miroir une autre question : celle des causes de l’innovation, du changement. C’est d’ailleurs cette dernière question qui a, depuis quelques années seulement, attiré l’attention des rares chercheurs s’intéressant aux causes du changement linguistique. La géographie linguistique, quant à elle, s’est attachée à la description des processus de survivance, à leur trouver une cohérence (notamment dans ses configurations géographiques) liée à des facteurs extra-linguistiques. Elle a donné naissance à la théorie de la stratigraphie linguistique.
“La dénomination linguistique géographique aurait été plus juste : mais il est trop tard pour revenir sur une appellation consacrée par de nombreux travaux.” (Dauzat 1944, 5 n. 1.)