5.1. La diffusion du français

La chronologie esquissée ici se fonde sur les témoignages fournis par les écrits de l’époque, qui donnent indirectement des renseignements sur la diffusion du français à travers l’analyse de son emploi dans les textes face au latin et aux patois (car malheureusement aucun érudit des siècles antérieurs n’a songé à décrire les progrès du français à son époque). Ces témoignages ne reflètent qu’une partie de la situation, principalement l’emploi écrit de la langue ; or, jusqu’au XXe s., peu de gens savaient lire et écrire (sur ce point, cf. ci-dessous 5.2.1). En effet, la diffusion du français s’est effectuée selon des modalités particulières : il n’a pas été à l’origine une langue véhiculaire, servant aux échanges de la population, mais une langue qui s’est répandue par l’écrit et qui n’est que plus tard devenue langue de la conversation (HLF 5, 47). De fait, son statut de langue de culture, de langue noble (face aux patois dépréciés), l’a fait d’abord employer par les classes supérieures instruites (qui avaient accès à l’écrit), d’où il s’est lentement diffusé dans le peuple (Brun 1923, 412). Le mouvement suit également un ordre géographique : le français s’est d’abord diffusé dans les villes, d’où il est passé dans les campagnes (Dauzat 1906, 203). La chronologie établie ci-dessous est principalement valable pour l’écrit (pour la situation à l’oral, cf. 5.2).