6.3. Emprunt

Si l’on envisage que les patois ont pu influer sur la présence d’éléments archaïques du français commun parmi les régionalismes, il s’agit de déterminer de quel genre d’influence il peut être question. Nous essaierons ici d’estimer si les régionalismes décrits comme des survivances du français commun ont pu être réintroduits dans certaines régions par emprunt aux patois. Pour cela, il est nécessaire de connaître les mécanismes de transfert réglant les emprunts du français régional aux patois, pour ensuite pouvoir appliquer ces mécanismes au cas des survivances, et se rendre compte si un mot transféré d’un patois au français régional aboutit exactement (formellement et sémantiquement) à restituer au français le mot qui en avait disparu. Si tel est le cas, le mécanisme de remprunt doit être pris en compte comme étymologie possible des régionalismes-survivances. En revanche, si la cible atteinte par le biais de ces mécanismes s’avère différer du mot français archaïque, le remprunt est à écarter, et les patois n’ont pu jouer une influence que dans le maintien d’éléments devenant obsolètes en français commun. Il y a donc bien dans ce cas survivance, sous l’effet du contact, à la manière donc G. Lüdi (1981) envisage la notion de survivance au sujet de la rection régionale de aider à quelqu’un, tour ancien en français, fréquent à l’époque classique :

‘“Il va de soi que nous ne préconisons pas de voir dans aider à quelqu’un un calque du francoprovençal. Il s’agit bien d’un archaïsme français. Mais bien plus que l’allemand, le substrat francoprovençal pourrait avoir contribué à la conservation de cette construction” (Lüdi 1981, 89).’