6.3.2.1. Du francoprovençal et de l’occitan vers le français régional011

La situation francoprovençale et occitane est étudiée à travers les régionalismes de Meyrieu-les-Etangs (Isère), qui possède un substrat francoprovençal, et dont l’étude nous est fournie par Martin et Pellet (1987). Ce choix se justifie comme suit :

  • La nomenclature s’élève à un nombre raisonnable (700 items environ) par rapport à celle d’autres relevés, ce qui permet un traitement quasi-exhaustif du corpus.

  • Le vocabulaire considéré est bien localisé, au contraire de la tendance à recueillir celui d’une région assez large (pour la même zone francoprovençale, le relevé de Gagny, par ex., couvre les deux Savoies). Cela présente un avantage évident pour la comparaison avec le substrat : à une forme du français régional correspond une forme du francoprovençal, tandis que si l’on devait prendre en compte le francoprovençal de toute une région, on aurait une multitude de formes en raison de la variation dialectale de la langue.

  • Lorsque le régionalisme est apparu comme un emprunt au francoprovençal, cet étymon a été indiqué systématiquement dans la monographie218. Ce recours étymologique au patois a parfois été abusif : ainsi, les auteurs ont répertorié batailler v. intr. “éprouver des difficultés pour exécuter un travail”, dont ils donnent l’étymologie suivante : “régionalisme sémantique qui a conservé le sens qu’il avait en patois <batali>” (42). Il s’agit en fait d’un trait familier du français de référence (cf. PRob 1990), tiré par extension du sens conventionnel (dans son compte-rendu, Rézeau 1989a, 250 signale que les doutes émis par Martin sur le caractère régional de certains traits recensés étaient fondés en ce qui concerne d’autres items, dont abominable “extraordinaire”, lui aussi ramené au patois).

Notes
218.

“Dans le cas de régionalismes reposant sur substrat dialectal (situation la plus fréquente), la forme vernaculaire en usage à Meyrieu est indiquée” (Martin 1987, 23).