7.2.2.3. Régionalismes-survivances de rection

[3] ressembler v. tr. direct.Ressembler

Ressembler, dérivé de sembler (< lat. similare), est apparu en fr. au 12e s. La construction directe ressembler quelqu’un est apparue antérieurement (1100, TLF) à la construction indirecte ressembler à quelqu’un (1155), qui s’y est substituée pour représenter aujourd’hui l’usage commun. Le tr. direct, encore bien employé au 17e s. (TLF, Grévisse 1993, §280 16° ; par ex. par Malherbe, Régnier, Bossuet dans Li), est condamné par Vaugelas (1647, 480-481*) qui le considère comme “la vieille façon de parler”. Il semble en effet avoir vieilli à la fin du siècle (Rich 1680 et Fur 1690 n’indiquent que la construction indirecte), et est marqué comme archaïsme depuis Trév 1752 (d’après Mandret ; cf. aussi Fér 1788). Ressembler quelqu’un est de nouveau signalé, avec une distribution régionale, à partir du milieu du 19e s. (Humbert 1852 à Genève, qui le marque comme “français populaire”, ce dont on trouve peut-être l’écho dans Li qui considère paradoxalement que ressembler quelqu’un “est resté populaire” mais aussi “est aujourd’hui complètement hors d’usage” ; cf aussi Pierrehumbert 1926 qui le donne comme du “français vulgaire”). Au 20e s., la construction transitive directe est employée sur une zone assez étendue : Acadie, Belgique, Ardennes, Lorraine, Suisse (Neuchâtel 1926, attesté depuis 1749), Haute-Savoie, Savoie, Bourgogne, Rhône (Beaujolais), Puy-de-Dôme (Thiers), Haute-Loire, Ardèche, Drôme, Gard, Lozère, Haute-Garonne (“assez rare, sauf dans le sud du département”, Séguy 1951). Le type ressembler en emploi direct est attesté, parallèlement à la construction indirecte, dans de nombreux patois de France, notamment dans les régions où l’on relève le régionalisme (FEW 11, 624b-625a). Ainsi, certains auteurs considèrent celui-ci comme dû au substrat (Séguy 1951, Fréchet 1992 ; Vurpas-Michel 1992 : “Régionalisme grammatical emprunté au patois” ; Grévisse 1993, §280 16° : “La construction [directe] subsiste dans beaucoup de dialectes et de là dans les français régionaux”), solution à laquelle s’oppose Mandret (à paraître) qui propose le cheminement inverse : “Il s’agit là d’un archaïsme qui s’est conservé dans le français de ces régions et a pénétré les dialectes dans lesquels il a été abondamment relevé”.