7.2.2.5. Régionalismes-survivances lexicaux

Pour le n° 22, les attestations patoises sont peu nombreuses ; l’obsolescence du n° 65* (cf. 7.2.1.5) en fr. commun est remise en cause par un dictionnaire, ce qui amènerait à considérer ce trait comme un mot populaire commun et non régional. Il bénéficie donc d’un double classement.

[22] beurrée n. f. “tartine de beurre”.Beurrée

Ce participe passé f. substantivé de beurrer (< lat. butyrum) est apparu dans le sens “tartine de beurre” en 1642 (on note un emploi antérieur, isolé, dans le sens “couche de beurre étendue sur le pain” chez Noël du Fail, 1585). Ce mot, encore vivant dans la première moitié du 20e s. (encore dans Rob 1953 sans mention), a vieilli dans la seconde moitié du siècle (TLF : “vieilli. [...] On dit plus couramment une tartine beurrée”  Rob 1985 : “vieux”), mais a subsisté régionalement (cf. Rob 1985 : “vieux ou régional” ; GLLF : “dialectal”) : le mot est signalé comme régionalisme au Canada depuis la fin du 19e s. (Clapin 1894, alors que le mot est encore employé en français commun), dans le sens “tartine” en général (cf. Massignon 1962 : “enduite de beurre, mélasse, confiture, ...”) . Il est également employé en Normandie (sud de l’Eure, Basse-Normandie). Le type beurrée est connu de quelques patois, à l’Ouest du domaine d’oïl, en frpr. (Savoie) et en occitan (Provence, Cantal : FEW 1, 664a), sans que cette présence soit très probante pour le maintien régional du mot.