Section 4 : La police de sécurité

Les statuts de la police française et anglaise semblent se définir au regard de leur formation historique respective316. Mais la nécessité actuelle de concilier une sécurité de proximité et une volonté étatique centrale de maîtrise de l’ordre public impriment une évolution assez proche des institutions policières française et anglaise317. Dans le cadre de notre étude, les questions de sécurité semblent essentiellement se poser pour les forces de police urbaines : c’est à ces dernières que nous nous intéresserons plus particulièrement.

Notes
316.

Créé par l’édit royal du 15 mars 1667, le lieutenant de police de Paris est le premier chef de police moderne ; ce modèle sera étendu dès 1669 en province, aux sièges de juridiction royale. V. M. Le Clère, op. cit.

La création d’une police anglaise régulière remonte au Metropolitan Police Act 1829, limitée au Grand Londres mais qui sera imitée par la suite par les villes (cities), les bourgs (boroughs) et les comtés (counties).

317.

Un auteur, T. Jefferson, “Transnational Policing, Accountability and Europe”, in Ph. Robert, F. Sack (ed.), Normes et déviances en Europe, un débat Est- Ouest, Paris, L’Harmattan, 1994 pp 285-290, note ainsi que les polices d’Europe sont “écartelées entre une demande de sécurité impliquant une gestion très localisée, et une exigence étatique d’ordre qui appelle, au contraire, une gestion fortement centralisée appuyée sur une forte coopération internationale”, cette tendance institutionnelle, présente notamment en France et en Angleterre, a dès lors été baptisée “le paradoxe de Jefferson”, c’est-à-dire la difficile conciliation entre l’exigence d’une police locale ou de proximité proche du citoyen et la nécessité concomitante d’une gestion centralisée de l’ordre public au moyen d’une police nationale, voire, d’une coopération policière, pour ce qui est de la grande criminalité pouvant porter atteinte à l’ordre public européen ou international, dont la compétence revient aux Etats.