Sous-section 3 : Une tendance policière commune

Ce rapprochement, dans la protection apportée par les polices anglaise et française dans leur lutte contre le racisme, semble marqué par les difficultés rencontrées et la méthode adoptée, malgré des conceptions juridiques du phénomène à l’origine assez éloignées. Il semble que les polices anglaise et française rencontrent des difficultés à protéger les victimes d’attaques à caractère racial.

En Angleterre, le racisme est considéré comme un problème de société auquel il faut remédier, ce d’autant plus que les minorités ethniques font partie du paysage juridique britannique. En France, comme le montre le rapport sénatorial précédemment analysé, la reconnaissance du phénomène de racisme est toutefois plus timide car il s’agit de concilier la lutte contre le racisme avec la priorité de “maîtrise de l’immigration” régulière ou irrégulière. En pratique, cette priorité tend à faire passer au second plan voire à occulter l’importance de la lutte contre le racisme. Ce constat s’explique aussi par le rejet d’une reconnaissance officielle d’une discrimination raciale qui atteint en général des populations bien déterminées : reconnaître la situation juridique d’infériorité de catégories discriminées, seraît reconnaître la présence non pas tant d’individus mais de groupes particuliers, et partant risquerait de soulever une problématique en termes de minorités. Une telle logique entre en contradiction forte avec les principes de droit républicain affichés.

Dans ces deux pays, il demeure que le souci va davantage à une solution de type institutionnel qu’à une recherche d’une lutte au moyen de la création d’une infraction spécifique qui aurait le mérite d’affirmer la gravité d’une telle atteinte aux personnes. Les démarches anglaise et française, qui privilégient la mise en place d’organes de lutte contre le racisme et la xénophobie, permet implicitement d’éviter la question de l’opportunité ou non de retenir une incrimination spécifique à de tels agissements.

Il nous semble cependant opportun de soulever une telle interrogation dans le cadre d’une recherche de protection qui ait une portée plus effective devant la recrudescence et la gravité actuellement constatées de tels actes.