La légitimité de la police d’un Etat libéral tend à se fonder sur une meilleure représentativité du public au service duquel elle agit. L’hétérogénéité de la population a dès lors une répercussion sur les modalités juridiques de recrutement dans les différents corps de police. Le système de recrutement policier est la traduction d’une recherche de protection plus symbolique de certains individus qui perdent ici leur image souvent négative pour celle plus valorisante d’agents de la force publique au service d’un public réconcilié avec sa police. Une perception dès lors plus positive des membres issus des minorités se fait alors jour.
La présence, au sein de l’institution policière, de membres issus des minorités, se trouve facilitée par la mise en place d’un système de recrutement plus libéral et en général assez souple, propre à chaque Etat. Malgré des règles de recrutement fondamentalement différentes, les polices anglaise et française connaissent une évolution en ce sens.
Le statut particulier du constable en droit anglais permet d’évoquer l’existence d’un recrutement policier ethnique ; beaucoup plus délicat est le statut de la fonction publique policière française opposé par principe à une telle éventualité.
En France, le statut particulier des fonctionnaires de police1662 autorise toutefois à évoquer la possibilité ouverte à un recrutement spécifique. C’est par des moyens juridiques différents que les polices anglaise et française appréhendent ce type de recrutement. Ces polices ne peuvent à l’heure actuelle, confrontées qu’elles sont à la légitimité de leur action, éluder cette question.
Mener une analyse parallèle du principe anglais de non-discrimination à celle de la notion de “discrimination positive à la française” nous permet de constater la présence d’un recrutement ethnique au sein de la police anglaise (Chapitre 1) et d’un recrutement , que l’on peut qualifier de spécifique, au sein de la police française (Chapitre 2).
V. à ce sujet récemment Cahiers de la fonction publique et de l’administration, Dossier Police nationale et polices municipales, n° 166, mars 1998, pp 4-14.