Critique

Dès la fin du XVIIe siècle, les dictionnaires font état du terme « critique », employé à la fois comme adjectif et comme substantif. Au masculin, il désigne celui qui s’exerce à l’activité critique ; au féminin, il renvoie à cette activité critique même, mais aussi au texte critique qui en est le produit. L’édition de 1694 du Dictionnaire de l’Académie évoque ainsi cet « art de juger d’un ouvrage d’esprit » qui définit la « critique », et qui donne lieu à la rédaction de « Discours », ou de « Dissertations », « où l’on examine avec soin un ouvrage d’esprit pour en porter son jugement ». L’idée d’« examen » préalable à l’élaboration d’un « jugement » apparaît donc caractéristique de la « critique » en général, et de la « critique littéraire » en particulier. Du reste, l’édition de 1752 du Dictionnaire de Trévoux rappelle qu’« on n’appelle communément Critique que la Critique littéraire, qui renferme plusieurs espèces » :

‘elle comprend l’art de juger des faits ; espèce de Critique fort étendue, qui ne regarde pas seulement l’histoire, mais encore le discernement des véritables ouvrages d’un auteur, du véritable Auteur d’un Ouvrage, de la véritable maniere de lire un texte [...]. Les autres parties de la Critique littéraire sont la critique des ouvrages d’esprit, qui est l’art de juger de leur excellence, ou de leurs défauts ; la Critique grammaticale, ou l’art d’interpréter, de découvrir le sens des mots & des discours d’un Auteur [...]43.’

Lorsque le mot est employé dans le domaine des Belles-lettres, il se rattache à « deux points de vûe généraux » qu’explicite Marmontel dans l’article « Critique » de l’Encyclopédie : « l’une est ce genre d’étude à laquelle nous devons la restitution de la Littérature ancienne » ; « le second point de vûe de la critique », qui nous intéresse ici au premier chef, « est de la considérer comme un examen éclairé & un jugement équitable des productions humaines ». Or cette activité du « jugement » exige, de la part du critique, des qualités de discernement qui ne sont possibles que s’il est parvenu à concevoir un « modele intellectuel au dessus de toutes les productions existantes » auquel « il rapportera les ouvrages dont il se constituera le juge ». Marmontel distingue alors trois sortes de critiques, en fonction du degré de pénétration auquel ils sont parvenus :

‘Le critique supérieur doit donc avoir dans son imagination autant de modeles différens qu’il y a de genres. Le critique subalterne est celui qui n’ayant pas dequoi se former ces modeles transcendans, rapporte tout dans ses jugemens aux productions existantes. Le critique ignorant est celui qui ne connoît point, ou qui connoît mal ces objets de comparaison.’

La différence est ainsi flagrante, lorsque chacun de ces critiques est confronté au génie :

‘le critique supérieur laisse au génie toute sa liberté ; il ne lui demande que de grandes choses, & il l’encourage à les produire. Le critique subalterne l’accoûtume au joug des regles, il n’en exige que l’exactitude, & il n’en tire qu’une obéissance froide & qu’une servile imitation.’

Quant au « critique ignorant », ce qu’il « sait d’un genre, est à son avis tout ce qu’on en peut savoir » :

‘renfermé dans sa sphere, sa vûe est pour lui la mesure des possibles ; dépourvû de modeles & d’objets de comparaison, il rapporte tout à lui-même ; par-là tout ce qui est hardi lui paroît hasardé, tout ce qui est grand lui paroît gigantesque.’

Outre des « lumières » et une « profondeur » d’esprit, la “ véritable ” critique requiert de la part de celui qui s’y exerce des qualités d’honnêteté (nous parlerions de nos jours d’“ honnêteté intellectuelle ”). Dans l’« Avertissement » placé en tête du tome III de l’Encyclopédie, les « éditeurs » font état des critiques qui ont été adressées à cet ouvrage. Ils distinguent notamment celles qui « sont bonnes », dont ils affirment vouloir « profiter », et celles qui « sont mauvaises », qu’ils laisseront « dans l’oubli ».

« Au reste », poursuivent-ils,

‘nous croyons que la démocratie de la république des Lettres doit s’étendre à tout, jusqu’à permettre & souffrir les plus mauvaises critiques quand elles n’ont rien de personnel. Il suffit que cette liberté puisse en produire de bonnes. Celles-ci seront aussi utiles aux ouvrages, que les mauvaises sont nuisibles à ceux qui les font. Les Ecrivains profonds & éclairés, qui par des critiques judicieuses ont rendu ou rendent encore un véritable service aux Lettres, doivent faire supporter patiemment ces censeurs subalternes [...] qui semblables aux grands Seigneurs [...] savent tout sans avoir rien appris, & raisonnent presque aussi bien de ce qu’ils ignorent que de ce qu’ils croyent connoître ; qui s’érigeant sans droit & sans titre un tribunal où tout le monde est appellé sans que personne y comparoisse, prononcent d’un ton de maître & d’un stile qui n’en est pas, des arrêts que la voix publique n’a point dictés ; qui dévorés enfin par cette jalousie basse, l’opprobre des grands talens & la compagne ordinaire des médiocres, avilissent leur état & leur plume à décrier des travaux utiles.’

Ces « censeurs subalternes », même si les « éditeurs » ne prétendent en « désigner aucun », ressemblent fort à ces anti-philosophes qui s’acharnent contre l’Encyclopédie. Mais au-delà de l’intention polémique évidente qui gouverne ces propos, l’évocation de leur « mauvaise » démarche critique permet de préciser en quoi consistent ces qualités d’honnêteté qui caractérisent la « bonne ». D’une part, en dénonçant avec ironie la manière dont ils « raisonnent », les éditeurs laissent entendre qu’une critique, pour être recevable, se doit d’être argumentée. D’autre part, tout comme ces « censeurs ignorans » qui, faute de disposer des lumières nécessaires, « rapportent tout à eux-mêmes », les « censeurs subalternes » se laissent guider par leurs passions les plus basses et s’avilissent en « décriant des travaux utiles ». Or, comme le déplorent les « éditeurs » de l’Encyclopédie, cette « jalousie » les entraîne parfois à proférer des « imputations odieuses contre nos sentimens & notre personne44 ». On se souvient que, ils le rappelaient plus haut, on peut certes « permettre & souffrir » même « les plus mauvaises critiques », à condition toutefois qu’elles n’aient « rien de personnel ».

Là réside en effet la limite qui sépare la « critique » de la « satyre », comme le souligne Palissot dans sa Lettre... à un journaliste : « La critique, obligée de prouver ce que la satyre tranche souvent par un bon mot, ne doit s’exercer que sur les ouvrages ». Mais si la critique ne doit porter que sur les textes à l’exclusion des personnes, si en outre il est essentiel qu’elle soit soucieuse d’étayer ses jugements par des preuves, si enfin « son premier devoir est d’être judicieuse », le critique ne doit pas non plus s’interdire de recourir à l’occasion au « ridicule » : « il peut arriver » en effet que la critique « excite à rire, parce que les sujets y portent d’eux-mêmes. Il est des occasions où le ridicule est plus nécessaire, plus victorieux que des raisons45 ». Dans la lettre qu’il adresse à l’archevêque d’Auch, le 19 novembre 1775, Fréron se justifie également de n’avoir pas « épargné la plaisanterie et l’ironie » « en combattant les ennemis de Dieu et de la Religion » :

‘Ces plaisanteries, au reste, et ces ironies m’étoient, et me sont encore nécessaires pour réfuter, selon le goût du siècle, des gens qui rient de tout et qui tournent en ridicule les choses les plus saintes. Il s’agit, Monseigneur, de se faire lire d’une nation aussi frivole que la nôtre l’est aujourd’hui, et si je n’avois employé que de froids raisonnemens, je n’aurois été lu de personne46.’

Si, comme l’affirment les auteurs des Réflexions contre la Comédie de l’Homme dangereux, « il n’est pas douteux que la Critique ne soit fort utile aux Lettres », mais si « jamais la satyre ne fut utile à rien, surtout dès qu’elle a pû s’appliquer à une, ou à plusieurs personnes séparées, & distinguées de la généralité47 », les « bornes de ces différens Arts » que Palissot présente comme « si claires » commencent quelque peu à s’obscurcir. Est-ce parce que « cette antipathie pour la critique, dénote presque toujours un homme qu’elle a maltraité48 », l’activité critique s’est très tôt vue attacher une connotation péjorative éventuelle que mentionnent les dictionnaires. L’édition de 1694 du Dictionnaire de l’Académie signale que l’on peut entendre par « critique » un « Censeur, Celui qui trouve à redire à tout ». Et l’édition de 1752 du Dictionnaire de Trévoux fait état de l’élargissement de cette conception du critique, « homme bourru, chagrin, de mauvaise humeur, qui trouve à redire à tout », au produit de son activité : « critique signifie encore, Censure maligne, examen rigoureux, soit des actions, soit des ouvrages ».

Et force est de constater que les témoignages qui abondent dans les années 1750-1770 proposent une représentation du « faiseur de feuilles » tout à fait conforme à ces définitions. L’auteur de La Wasprie s’emploie, dans la seconde partie de son ouvrage, à dresser le portrait du « critique » digne de ce nom :

‘Puisse-t-il enfin s’élever parmi nous un homme instruit des loix de la saine critique, & libre d’un intérêt mercenaire ! Au-dessus de la prévention & des cabales, il accueilleroit le mérite dans ses ennemis même, & l’amitié n’aveugleroit pas ses suffrages. L’impartialité la plus inflexible guidera ses crayons ; & jamais il ne prendra le tison de la satire pour le flambeau de la critique : il sauroit mêler avec art la force à la douceur, la retenue à la liberté ; [...] il repoussera les injustes critiques lancées contre les grands hommes ; il en observera les fautes avec les égards dus à leur mérite.’ ‘Jamais il ne prêtera sa plume à la colere, à la haine, à la calomnie. Il se fera une gloire de louer les plus grands Ecrivains, & d’éclairer les médiocres ; [...] il prodiguera ses éloges à tout ce qui annonce le génie [...].’ ‘Il fera remarquer avec plaisir ce qu’il trouvera de louable dans les Auteurs les plus médiocres, & s’il est quelque partie d’eux-mêmes qui puisse surnager dans le torrent de l’oubli, il les sauvera du naufrage ; c’est ainsi qu’il ajoutera aux richesses littéraires de sa nation.’

Mais ce portrait, qui reprend les principaux éléments que nous avons mis en évidence plus haut, prend tout son sens lorsqu’on le replace au sein de cette machine de guerre qu’est La Wasprie, dirigée, comme l’indique le sous-titre, contre « l’ami Wasp49 ». Du reste l’auteur oublie vite toute modération lorsqu’il évoque, quelques lignes plus loin, ces êtres « vils », « ignorans par nature, & méchans par métier », ces « reptiles qu’on doit vouer au mépris, à l’indignation, à la risée publique : par exemple on aime à voir un Wasp immolé au parterre50 ». Et, dans la première partie de son texte, il n’a pas de mots assez durs pour qualifier de tels « Zoïles51 » :

‘Mais plus on les honore, moins on a voulu les confondre avec trois ou quatre Bavius ou Zoïles. Eh ! qui ne seroit pas révolté de voir dans la liste des hommes illustres, les Fréron, les d’Açarq, les Baculard. On y célébre comme on le doit, & l’Ami-Wasp, grand Barbouilleur de petites Feuilles, & M. Darn*** de Bac*** qui les sous-travaille, les colporte & s’y loue, & l’inconnu M. d’Açarq qui y fait mettre les addresses de son Bureau d’éloquence. Si on leur rend enfin la Justice qui leur est due, eux-mêmes s’y sont exposés.’ ‘Le Sage ne va point chercher les serpens dans leurs repaires ; mais s’il en est qui rampent jusqu’à lui pour le piquer, il les écrase ; cela est de tout siècle & de toute justice52.’

La peinture de Fréron sous les traits d’un moderne Zoïle est d’ailleurs un lieu commun des pamphlets contre M. Wasp. Après l’avoir mis en scène dans L’Écossaise, Voltaire ne cesse de revenir à la charge, comme on le voit par exemple dans le chant premier de la Guerre civile de Genève :

Tel de plaisir le parterre enivré,
Fait retentir les clameurs de la joie
Quand l’Ecossaise abandonnait en proye
Aux ris moqueurs du public éclairé
Ce lourd Fréron diffamé par la Ville
Comme un bâtard du bâtard de Zoïle53.

Mais même s’il cristallise sur sa personne une haine poussée à un rare degré, l’exemple de Fréron ne fait qu’illustrer la représentation que les témoignages proposent de cette espèce particulière de critiques qui écrivent dans des périodiques. L’auteur du Contrepoison s’efforce ainsi de dégager les « motifs » qui « peuvent engendrer un Faiseur de Feuilles » et l’amener à rédiger ses « Libelles hebdomadaires » :

‘le défaut de talent personnel & d’imagination, le plaisir de déchirer les autres avec une impudente sécurité, la facilité de percer, avec le Passeport de la Méchanceté, dans certaines Maisons, où on est reçu comme un homme qui vend de la Contrebande sous le manteau & qui est accueilli mieux qu’un autre, simplement parcequ’il fait un mauvais commerce, la commodité de ne rien créer par soi-même & d’être par-là à l’abri du juste châtiment qu’on mérite, l’espece de réputation qui tire de l’obscurité où on étoit fait pour vivre [...] tant de motifs, joints à la corruption du sujet, peuvent engendrer un Faiseur de Feuilles54.’

Outre Fréron, les coups pleuvent aussi sur le rédacteur du Journal de Trévoux, sévèrement critiqué, par exemple, par Mme de Sarmé dans le Colporteur de Chevrier :

‘Le Journal de Trevoux qu’elle parcourût, lui parût écrit passablement, mais elle trouva mauvais que l’auteur s’erigeant indécement en inquisiteur, prit les maximes de la saine philosophie pour des impietés, & denonçât à la Justice tous les ecrivains qui avoient plus de réputation que lui ; Montesquieu, Voltaire, Diderot & tous les Enciclopédistes sont les victimes journaliéres que l’Ecrivain de Trevoux immole à sa sainte fureur ; Colorant ses injures sous le nom de zéle & s’envelopant dans le manteau de la réligion, il croit qu’il lui est permis de n’écouter que sa passion & de joüer pour dix ecûs par mois le role de délateur, personage peû digne d’un prétre, & moins encore d’un esprit politique, qui se tairoit, s’il réfléchissoit que ces philosophes qu’il attaque, n’ayant connû n’y Jean Chatel n’y le Duc Daveiro, pouroient faire répentir la societé de Jesus, des persécutions qu’il leur suscite depuis prés de sept ans55.’

Car, au cours de notre période, la profession semble couverte d’un opprobre quasi unanime. Grimm écrit notamment, le 1er février 1760, à propos de ces feuilles périodiques qu’il présente comme « la ruine des lettres » :

‘Ceux d’entre nos faiseurs qui, pour se procurer des lecteurs et du pain, outragent les noms les plus célèbres ne sont pas les plus répréhensibles. Il est une sorte de louange, prodiguée sans pudeur aux talents médiocres, qui, à mon sens, fait bien plus de mal que les injures les plus déplacées. Rien n’éteint plus l’envie de bien faire que de voir les honneurs du mérite et du talent profanés et accordés à ceux qui en sont le moins dignes56.’

On ne peut dès lors que souscrire sans réserve au jugement de Maurice Pellisson, qui explique que la profession de journaliste, dont le rôle consiste essentiellement dans la critique, se trouve à ce point décriée parce que « la critique n’était pas encore tenue pour un genre » et que « l’on ne faisait guère de différence entre l’écrivain critique et le libelliste57 ».

Et de fait, malgré les critères théoriques que nous nous sommes efforcé de dégager, il est parfois délicat de faire le départ entre la « critique » et le pamphlet, tant les productions des uns et des autres sont intégrées dans des réseaux de connivences qui rendent l’analyse difficile. Si l’on s’attache, par exemple, aux liens qui unissent Fréron et Palissot, on s’aperçoit d’une part que, comme l’explique Jean Balcou, les « attaques contre la philosophie nouvelle » que porte Palissot dans la comédie des Philosophes sont « un logique compendium de celles lancées par l’Année littéraire au sujet de la morale et de la religion ». Déjà en 1757, au moment de la parution des Petites Lettres sur les grands philosophes, Palissot prenait ses « accusations principales [...] à l’Année littéraire qui, à son tour les reprend, augmentant ainsi leur diffusion ». Car, d’autre part, à partir de 1759, Fréron « se contente [...] de rendre compte des principales brochures qui paraissent, jouant ainsi un rôle de “ centralisateur ”, d’“ écho sonore ”58 ». La « critique » littéraire ne déroge-t-elle pas au principe d’impartialité qui doit être le sien, dès lors qu’elle s’offre comme une “ caisse de résonance ” susceptible d’amplifier la répercussion des attaques conduites par un clan ? En outre, si un pamphlétaire comme Palissot peut puiser l’essentiel de ses attaques contre les philosophes dans les « critiques » que Fréron fait paraître dans ses « feuilles périodiques », se pose avec une acuité renouvelée la question de la frontière qui sépare la « critique » du pamphlet.

À titre d’exemple, comparons le compte rendu de la Nouvelle Héloïse, que Fréron effectue dans l’Année littéraire, avec le pamphlet intitulé Lettres sur la Nouvelle Héloïse, que Voltaire fait paraître à la même époque sous le nom du marquis de Ximenès. La première critique de Fréron porte sur le caractère des personnages de La Nouvelle Héloïse : « tous les caractères sont défectueux, hors de nature, mal soutenus59 » conclut-il, après les avoir passés en revue. Or on ne peut que constater que les reproches qu’il adresse à Rousseau correspondent très exactement aux remarques que Voltaire-Ximenès présente dans la deuxième Lettre sur la Nouvelle Héloïse. Fréron s’en prend ainsi au « déréglement », à l’« effronterie de Julie dans ses avances à Saint-Preux », et critique le « caractère inconséquent & contradictoire60 » de ce personnage. De son côté, Voltaire-Ximenès explique que

‘comme elle était extrêmement prudente, très réservée dans sa conduite et dans ses paroles, pleine de pudeur, n’osant s’avouer à elle-même son amour pour le précepteur, elle prit le parti d’écrire à milord [Édouard] la lettre du monde la plus circonspecte, par laquelle elle lui avoua qu’elle était folle du philosophe, et lui fit entendre qu’elle pourrait même dans quelques mois accoucher d’un enfant de sa façon61.’

On voit comment les contradictions de Julie sont mises en scène et exhibées à travers l’emploi de la conjonction « comme », qui établit un rapport de causalité entre deux propositions qui, à l’évidence, s’opposent. Le « déréglement » logique ne fait dès lors que renforcer le « déréglement » moral du personnage.

Fréron dénonce aussi la débauche de Saint-Preux62, tout comme Voltaire-Ximenès, qui rapporte que

‘Dès qu’il fut à Paris, où il porta toujours dans son coeur l’image de sa chère Julie, il vit que la philosophie bien entendue admettait des consolations, et aussitôt il en alla chercher chez les filles de joie avec la meilleure compagnie de Paris63.’

Il en va de même pour les « singularités » de Wolmar64, qui se manifestent notamment lorsque Saint-Preux revient de Paris :

‘M. de Volmar le reçut à bras ouverts : « Monsieur, lui dit-il, comme vous avez été l’amant de ma femme, je me flatte que vous serez toujours son bon ami, et que vous voudrez bien être le mien : nous vivrons tous trois familièrement en bons Suisses avec nos parents, comme si de rien n’était, et vous pouvez compter que cette petite vie sera le modèle de la philosophie et du bonheur. »’

Et de fait, « Jean-Jacques vécut depuis fort uniment entre son ancien cocu et son ancienne maîtresse65 » ! Les « singularités » du personnage sont à nouveau soulignées grâce à l’emploi de la proposition causale, et résumées par une formule frappante, dans laquelle l’expression « ancien cocu » est choisie davantage pour l’effet de parallélisme plaisant qu’elle ménage avec l’expression « ancienne maîtresse » que pour sa rigueur logique, le « bonhomme » pouvant difficilement être « cocu » avant d’avoir épousé Julie...

Fréron considère en outre que « la conduite du Roman n’est pas moins vicieuse66 », ce qui s’accorde avec les remarques qu’effectue Voltaire-Ximenès au début de la troisième Lettre sur la Nouvelle Héloïse :

‘En parcourant le roman de Jean-Jacques, nous avons bien vu qu’il n’avait nulle intention de faire un roman. Ce genre d’ouvrage, quelque frivole qu’il soit, demande du génie, et surtout l’art de préparer les événements, de les enchaîner les uns aux autres, de nouer une intrigue et de la dénouer. Jean-Jacques a voulu seulement, sous le titre de la Nouvelle Héloïse, instruire notre nation, et la célébrer pour le prix des bontés qu’il a toujours reçues d’elle.’

D’ailleurs Voltaire-Ximenès signalait déjà auparavant que « ce sont les aventures et les opinions de Jean-Jacques qu’on lit dans la Nouvelle Héloïse 67 », ce qui semble également indisposer Fréron, qui remarque que « c’est presque toujours l’auteur qui parle, & non les personnages ». Et quel langage ! Lorsqu’il aborde la question du style, Fréron accuse Rousseau de pratiquer le « jargon68 » ; de son côté, dans la première Lettre sur la Nouvelle Héloïse, Voltaire-Ximenès parle de « galimatias » et, après avoir constitué un florilège de ces « expressions sublimes », conclut avec ironie que Rousseau se met « noblement au-dessus des règles de la langue et des bienséances69 ».

Fréron reproche enfin à Rousseau de se livrer, dans son roman, à une « satyre amère, violente, hyperbolique70 » contre la musique française, mais aussi contre les Parisiennes. Ces deux aspects n’ont pas échappé à Voltaire-Ximenès qui, s’adressant directement à Rousseau, déclare :

‘Si tu méprises si fort les grands et les petits, un seigneur d’une figure aussi distinguée que la tienne, un homme couru de toutes les belles, devrait au moins épargner nos dames. Non ; elles ne sont pas si maigres ni si tannées que tu le dis. Les dames du pays de Vaud leur sont infiniment supérieures, nous le savons ; mais il reste encore quelques grâces à nos Parisiennes.’

Quant aux attaques lancées par Rousseau contre la musique française, elles forment le point de départ de l’anecdote rapportée dans la quatrième et dernière Lettre sur la Nouvelle Héloïse, qui met en scène l’« ami Jean-Jacques » poursuivi par « cinq ou six virtuoses de l’orchestre71 » de l’Opéra.

On voit donc que Fréron et Voltaire-Ximenès adressent à Rousseau les mêmes reproches, dans deux textes qui adoptent la même forme de la lettre. La différence entre le compte rendu critique et le pamphlet résiderait peut-être moins dans le contenu même de ces reproches72 que dans le ton sur lequel les attaques sont conduites. Même si, nous l’avons vu dans sa lettre à l’archevêque d’Auch, Fréron n’exclut pas de recourir aux « ironies » et aux « plaisanteries », qui lui permettent de « se faire lire d’une nation [...] frivole », les Lettres sur la Nouvelle Héloïse se caractérisent par une orchestration rhétorique particulière, qui semble privilégier la mise en scène de l’adversaire dans une posture contradictoire et comique au simple énoncé de ses ridicules et de ses contradictions. Ajoutons que le compte rendu de Fréron est conçu sous la forme d’un diptyque : après avoir souligné les travers du roman de Rousseau, le critique signale que La Nouvelle Héloïse comporte malgré tout « les plus grandes beautés73 ». Fréron rend alors hommage à la qualité de la peinture des sentiments (et notamment de la passion), à des tableaux particulièrement réussis (dont celui qui intervient au moment de l’épisode du lac), enfin à certains raisonnements (sur les duels, sur le suicide). Dans sa « critique », Fréron s’efforce ainsi de pratiquer le « pour et contre », ce qui le distingue de la perspective “ monomaniaque ” qui est celle du pamphlétaire.

Lorsqu’il rédige le compte rendu du roman de Rousseau dans la Correspondance littéraire, le 1er février 1761, Grimm met essentiellement l’accent sur les contradictions qui s’attachent, d’une manière pour ainsi dire constitutive, à la personne du Citoyen de Genève. Il rappelle en effet que « M. Rousseau, né avec tous les talents d’un sophiste adroit et éloquent, les a employés [...] à établir des paradoxes avec beaucoup de force et de chaleur. Personne n’a comme lui l’art de vous mener à travers des raisonnements subtils et obliques à une conclusion exactement opposée au point d’où vous êtes parti. » C’est en effet l’axe que Grimm a choisi pour critiquer La Nouvelle Héloïse :

‘En quittant son genre, on ne dépose pas son naturel : aussi trouverez-vous dans la Nouvelle Héloïse l’amour du paradoxe avec le fiel et le chagrin dont son auteur est obsédé. Tout le monde peut s’apercevoir de l’absurdité de la fable, du défaut du plan, et de la pauvreté de l’exécution, qui rendent ce roman, malgré l’emphase de son style, un ouvrage très-plat. Mais vous y remarquerez toutefois un plan secret que l’auteur a rempli, peut-être sans le savoir lui-même. Il a voulu que ses héros tinssent dans les occasions une conduite exactement opposée à ce que tout homme raisonnable et sensé en attend, et par là il s’est donné le plaisir de tromper à tout moment l’attente de son lecteur.’

La critique de Grimm reprend alors l’essentiel des griefs qui, comme nous venons de le voir, sont développés dans les Lettres sur la Nouvelle Héloïse, et ne se prive pas, sans doute pour donner plus d’allant à son texte, de prendre à partie Rousseau à la faveur de nombreuses adresses. Pourtant, lorsqu’il fait état de la publication du pamphlet de Voltaire-Ximenès, il se livre à une censure virulente :

‘M. le marquis de Ximenès a fait imprimer à Genève, où il est présentement, quatre lettres contre la Nouvelle Héloïse. Ces lettres, quoique signées par M. de Ximenès, sont de M. de Voltaire et n’en valent pas mieux. La première, sur le style du roman de M. Rousseau, est peu de chose. La seconde contient une analyse assez plaisante de ce roman, et elle vaudrait bien mieux si l’on en avait ôté ce qu’il y a de personnel contre M. Rousseau. La troisième et la quatrième sont d’une platitude indigne, et remplies de personnalités odieuses. Aussi, comme il arrive toujours, ces malhonnêtetés, au lieu de nuire à M. Rousseau, suivant l’intention charitable de M. de Ximenès, prête-nom de M. de Voltaire en cette occasion, n’ont fait que tourner l’indignation du public contre leur auteur74.’

Les reproches de Grimm portent, pour l’essentiel, sur les « personnalités odieuses » dont Rousseau est la cible dans les Lettres sur la Nouvelle Héloïse. Certes, on s’en souvient, Fréron pouvait regretter que, dans le roman de Rousseau, « c’est presque toujours l’auteur qui parle, & non les personnages », mais les critiques qu’il formule ne visent pas directement la personne du Citoyen de Genève, au nom de cette solidarité de pensée établie entre l’auteur et son personnage, ainsi qu’on l’observe au contraire dans le pamphlet de Voltaire-Ximenès. En particulier, si dans son compte rendu Fréron désigne toujours le héros de La Nouvelle Héloïse par son nom Saint-Preux, Voltaire-Ximenès, considérant que Rousseau « s’est fait le héros de son roman75 », ne connaît guère, en lieu et place du personnage, que « le petit valet, philosophe suisse », le « précepteur Jean-Jacques », ou encore l’« ami Jean-Jacques ».

Car, Palissot le rappelle dans sa Lettre... à un journaliste, « la critique respecte toujours la personne76 ». Et, comme Fréron aime à le souligner, il a placé en tête de son Année littéraire une devise selon lui sans équivoque : Parcere personis, dicere de vitiis. Dans la réalité, les situations peuvent s’avérer plus ambiguës, ne serait-ce que parce que la notion de « personnalité » n’est pas définie d’une manière nette77. C’est en tout cas ce dont témoignent les nombreuses plaintes que reçoit le directeur de la Librairie de la part d’auteurs qui s’estiment diffamés dans un article. À la suite de l’affaire des Cacouacs, Malesherbes est ainsi amené à préciser, dans une lettre adressée à d’Alembert vers le 24 janvier 1758, ses « principes » en matière de « critique littéraire », qui « sont les seuls » qu’il « puisse suivre avec justice », sans s’exposer « à tomber dans la partialité » :

‘Mes principes sont qu’en général la critique littéraire est permise et que toute critique qui n’a pour objet que le livre critiqué et dans laquelle l’auteur n’est jugé que d’après son ouvrage, est critique littéraire.’ ‘Ce n’est pas que si un auteur abusoit de cette permission jusqu’à diffamer ses adversaires en matière grave ceux qui se croiroient lézés ne pussent se pourvoir devant les tribunaux réglés, comme il est arrivé plusieurs fois, mais les fonctions de l’administrateur de la Librairie et celle de censeur ne consistent point à prévenir de pareils abus. Sans quoi il seroit à craindre que sous prétexte d’empêcher la diffamation personnelle on n’empêchat les critiques qu’on trouveroit trop dures et qu’on ne vînt par degrés à interdire toute espèce de critique ou à y mettre de telles gesnes qu’on les réduisît presque à rien78.’

La « critique littéraire » se trouve donc à nouveau cantonnée au strict examen des « ouvrages ». Mais Malesherbes ne nie pas qu’« il est arrivé plusieurs fois » que des auteurs « abusent » de la liberté qui leur est accordée, tout en précisant que l’affaire relève des « tribunaux réglés », non d’une administration de la Librairie qui ne doit à aucun prix gêner l’activité de la véritable critique.

En dépit de la « sensibilité des auteurs » dont fait état Malesherbes, la « critique » est donc reconnue pour « utile », à condition toutefois qu’elle s’astreigne à respecter certaines règles qui en définissent l’exercice. Elle consiste en effet dans un « art de juger » qui exige que celui qui s’y emploie soit un homme « éclairé » et « profond », capable de pertinence et de discernement. Mais elle requiert également des qualités d’honnêteté, en tout cas le souci de fonder avec rigueur ses jugements sur des « preuves », en évitant les facilités de la « satyre ».

Mais les dictionnaires attestent également l’acception péjorative qui s’attache à une « critique » présentée comme la « censure maligne » émanant d’un « homme bourru » qui, se livrant à sa « mauvaise humeur », « trouve à redire à tout ». Une telle connotation est en particulier à mettre en relation avec la représentation du « faiseur de feuilles », largement méprisé et décrié, dont se font l’écho les témoignages au cours de notre période. Les accusations de parti pris jaloux et fielleux ne sont pas adressées au seul Fréron, même s’il cristallise sur sa personne l’animosité des auteurs contre les « folliculaires » dont il devient en quelque sorte la figure emblématique. Car, dès lors qu’il conçoit ses « feuilles » comme son « champ de bataille79 », sa pratique critique l’amène parfois aux frontières du pamphlet80. On voit ainsi que l’exemple de Fréron nous invite à réfléchir aux rapports qui se nouent, dans les années 1750-1770, entre le pamphlet et la presse périodique.

D’un point de vue théorique cependant, des différences se font jour, qui permettent de percevoir un certain nombre de critères susceptibles de préciser la frontière qui sépare la « critique » du pamphlet. D’une part, si la critique relève d’un « art de juger », elle se distingue du pamphlet par la perspective dans laquelle est émis le jugement : elle se montre en effet soucieuse de rendre compte du pour et du contre, alors que le pamphlet apparaît orienté par une intention “ monomaniaque ” de dénigrement. D’autre part, si la critique se cantonne à l’examen des ouvrages, la rhétorique pamphlétaire ne se prive pas d’opérer un glissement de l’oeuvre à la personne qui s’en revendique l’auteur, et se montre dès lors prompte à accueillir toutes les « personnalités », y compris les plus « odieuses ».

Notes
43.

 L’auteur de l’article ajoute à cette liste la « Critique sacrée en général qui travaille sur les matieres Ecclésiastiques, histoire de l’Eglise, ouvrages des Peres, Conciles, vie des Saints, &c. Et plus en particulier celle qui s’occupe de ce qui concerne les livres de l’Ecriture ». Il précise toutefois que « quelqu’un a dit sagement de celle-là qu’elle devoit aider la Théologie, mais que la Théologie devoit la gouverner [...] ».

44.

 Encyclopédie, t. III, « Avertissement des éditeurs », p. XI.

45.

 Palissot, Lettre... à un journaliste, sur une édition des Petites Lettres, qui parut en Hollande, pp. 166-167.

46.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 367.

47.

 Réflexions présentées contre la Comédie de l’Homme dangereux, & auxquelles on pria l’Auteur de répondre, dans L’Homme dangereux, p. 107.

48.

 Palissot, Lettre... à un journaliste, sur une édition des Petites Lettres, qui parut en Hollande, pp. 167 et 163.

49.

 Wasp est le nom sous lequel Voltaire, dans L’Écossaise, a représenté Fréron sur la scène de la Comédie.

50.

 La Wasprie, seconde partie, pp. 8-10.

51.

 Dans une note, l’auteur se propose de rapporter, d’après Vitruve, « quelques Anecdotes sur ce ZOILE diffamé dans tous les Siécles » : « Zoile, qui se faisoit appeller le fléau d’Homere, vint de Macédoine à Alexandrie, & distribuoit par feuilles les critiques qu’il avoit composées sur l’Iliade. Le Roi indigné que l’on attaquât si insolemment le Prince des Poëtes dont toute la terre admiroit les Ecrits, ne fit point de réponse. (De tous tems les grands Rois n’ont point aimé les Zoiles.) Cependant Zoile ayant longtems attendu, & étant pressé de la nécessité, fit supplier le Roi de lui donner quelque chose, &c. &c. Sa mort se raconte diversement ; les uns disent que Ptolomée le fit mettre en croix ; d’autres qu’il fut lapidé, & d’autres qu’il fut brûlé tout vif à Smyrne. Mais de quelque façon que cela soit, il est certain qu’il a bien mérité cette punition. Voyez Vitr. Ce qu’en dit Elien au Livre II. de ses Histoires Diverses, acheve de peindre notre Zoile.

Zoile, qui a écrit contre Homere, contre Platon, & contre plusieurs autres grands Personnages, &c. fut Disciple de ce Policrate qui a fait un Discours en forme d’accusation contre Socrate. Il fut appellé LE CHIEN..... Il aimoit à mal parler de tout, & ne se plaisoit qu’à contredire ; enfin il n’y eut jamais d’homme si hargneux que ce misérable. Un savant Homme lui ayant demandé un jour pourquoi il s’acharnoit de la sorte à dire du mal de tous les grands Ecrivains ; c’est, repliqua-t-il, que je voudrois bien leur en faire. Mais je n’en puis venir à bout. Boileau remarque que c’est ce qui lui attira cette horrible diffamation & lui fit faire une fin si tragique. » Il va sans dire que « M. Wasp sera charmé de lire ce petit morceau » (La Wasprie, première partie, p. 17, n. 2).

52.

 Ibid., première partie, p. 2.

53.

 La Guerre civile de Genève, chant premier, p. 10.

54.

 Le Contrepoison des feuilles, p. 6.

55.

 Le Colporteur, pp. 22-23.

56.

 Cor. lit., t. IV, p. 180.

57.

 M. Pellisson, Les Hommes de lettres au XVIII e  siècle, p. 258.

58.

 J. Balcou, Fréron contre les philosophes, pp. 196, 136 et 186.

59.

 An. lit., 1761, t. II, p. 305.

60.

 Ibid., pp. 292 et 296-297.

61.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, p. 401.

62.

 An. lit., 1761, t. II, p. 297.

63.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, p. 402.

64.

 An. lit., 1761, t. II, p. 299.

65.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, pp. 403-404.

66.

 An. lit., 1761, t. II, p. 305.

67.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, pp. 404 et 399.

68.

 An. lit., 1761, t. II, pp. 305 et 307.

69.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, pp. 396 et 398.

70.

 An. lit., 1761, t. II, pp. 308 et 310.

71.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, pp. 405 et 407.

72.

 Sur un mode particulier, le pamphlet peut aussi être considéré comme une arme « critique ». C’est ainsi par exemple que Sylvain Menant fait à juste titre figurer les deux premières Lettres sur la Nouvelle Héloïse dans l’anthologie de son ouvrage consacré à la définition de l’« esthétique de Voltaire » : « au-delà des outrances, des manifestations d’un purisme pointilleux, ces pages révèlent les griefs que Voltaire nourrit contre le genre romanesque, qui n’a pas de place dans son esthétique » (p. 138). Ces deux lettres illustrent en effet une « critique du roman » qui porte successivement sur « la langue et les bienséances » (première lettre) et sur les notions de « dignité » et de « vérité » (deuxième lettre) : voir L’Esthétique de Voltaire, pp. 138-146.

73.

 An. lit., 1761, t. II, p. 314.

74.

 Cor. lit., t. IV, pp. 343-344 et 347.

75.

 Lettres sur la Nouvelle Héloïse, p. 399.

76.

 Lettre... à un journaliste, sur une édition des Petites Lettres, qui parut en Hollande, p. 164.

77.

 Sur cette question, voir notre quatrième partie, chap. 1, § 2.

78.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 232. Signalons que le texte de cette lettre, essentielle pour comprendre le fonctionnement du système de la Librairie pendant l’administration de Malesherbes, est également reproduit par l’abbé Morellet dans ses Mémoires (p. 74).

79.

 Lettre de Fréron à Malesherbes du 31 juillet 1760, citée par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 285.

80.

 C’est ainsi, par exemple, que dans le compte rendu que Fréron effectue, en janvier 1768, du Bélisaire de Marmontel, la « critique littéraire » de l’ouvrage cède le pas à une virulente diatribe contre les philosophes, à la faveur d’un excursus (An. lit., 1768, t. I, pp. 17-22). Nous reproduisons cet extrait dans notre Annexe 2.