Satire, Comédie Satirique

i. Satire

Le genre de la satire163 fait partie de la tradition littéraire depuis l’Antiquité, même si le contenu des textes que l’on est convenu d’intituler ainsi a sensiblement évolué. C’est donc un genre qui, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, a atteint une certaine mâturité, notamment grâce aux oeuvres successives de Marot, de Régnier ou encore de Boileau, et qui a déjà pû faire l’objet d’une théorisation, même si, comme le souligne Roland Mortier, lorsqu’il s’agit de s’accorder « sur le sens qu’il convient de donner au mot “ satire ”, ainsi qu’au genre littéraire qu’il représente », « une grande confusion semble régner dans ce domaine et les avis des spécialistes s’opposent, bien plus qu’ils ne se complètent164 ».

S’agissant du « genre littéraire », la « satire » est d’abord considérée comme une forme poétique en vers, dans la continuité des pratiques de Régnier ou de Boileau qui s’y sont exercés au siècle précédent. Dans son Mémoire sur la satire, daté de 1739, Voltaire, qui retrace l’évolution de ce « genre », mentionne à la suite des « satires » qui paraissent « après le temps de Despréaux » ces « satires nommées calottes » : « Aux satires en vers alexandrins succédèrent les couplets ; après les couplets vinrent ce qu’on appelle les calottes », qu’il définit comme « une plaisanterie ignoble, toujours répétée, toujours retombant dans les mêmes tours, sans esprit, sans imagination, sans grâce165 ». En ce qui concerne les textes de notre corpus, l’examen du devenir éditorial de la “ trilogie ” voltairienne du Pauvre Diable, de La Vanité et du Russe à Paris révèle aussi que ces ouvrages en vers rédigés en 1760, après avoir été classés, en 1761, dans le « supplément » de la Seconde Suite des Mélanges de la Collection complette des Oeuvres de M. de V..., intègrent en 1771 le volume des Poésies mêlées, puis celui des Mélanges de poésies dans l’édition « encadrée » de 1775, avant d’être enfin rassemblés sous la rubrique des « satires », dans l’édition de Kehl166. Mais on constate que, dans l’édition du « siècle » par exemple, cette rubrique accueille également des textes comme le Tombeau de la Sorbonne, les Anecdotes sur Fréron, ainsi qu’une série de pamphlets en forme de lettres qui sont tous rédigés en prose. Bien avant cette édition des Oeuvres complètes, qui date de la seconde moitié du XIXe siècle, les témoignages prouvent que des textes en prose pouvaient aussi être qualifiés de « satires ». Pour reprendre les exemples que nous évoquions plus haut, Favart mentionne certes successivement Le Pauvre Diable, qu’il présente comme une « satire en vers contre MM. Lefranc de Pompignan, l’abbé Trublet et Fréron » puis cette « nouvelle satire intitulée : Le Russe à Paris ». Mais le fait qu’il précise que Le Pauvre Diable est une satire « en vers » suggère qu’il en existe aussi en prose. Ce que confirme l’annonce des Quand, désignés comme « une satire qui déchire sans miséricorde le discours que M. Lefranc de Pompignan a prononcé à l’Académie Française le jour de sa réception167 ». Du reste l’édition de 1694 du Dictionnaire de l’Académie définissait déjà la « satyre » comme un « ouvrage en prose ou en vers, fait pour reprendre, pour censurer les vices, les passions dereglées, les sottises, les impertinences des hommes ». L’auteur du texte intitulé De la satire 168 établit cependant une différence de dignité entre les satires en vers et les satires en prose : « Les satires en prose étant mille fois plus aisées à faire que celles qui sont rimées, elles ont inondé la république des lettres ». Et il ajoute qu’« elles ont passé jusque dans la plupart des journaux169 ». Il est à cet égard significatif que Voltaire présente, dans ses Anecdotes sur Fréron, les Lettres sur quelques écrits de ce temps comme un « nouveau journal satirique170 ».

Les emplois du terme « satire » font en outre apparaître un élargissement du référent qu’il désigne. Certes, le mot « satire » renvoie toujours à ce « genre littéraire » dont la définition formelle s’avère déjà complexe. Mais on trouve aussi des emplois au pluriel, par exemple dans une lettre adressée à Charles-Jean-François Hénault, le 20 juin 1760 (Best. D 8998) dans laquelle, évoquant le discours de Pompignan devant l’Académie française, Voltaire s’indigne de ce qu’« on soit parvenu à débiter des satires contre des gens de lettres, dans le sanctuaire des lettres ». Dans ses Mémoires, l’abbé Morellet présente aussi Rousseau comme un « homme qui a rempli ses ouvrages de satires contre les gens de lettres ses contemporains ». On voit donc, par ces emplois au pluriel, que le terme « satires » en vient à désigner non plus un ouvrage considéré dans son unité, mais bien les “ traits satiriques ” qu’il peut comporter. Le même abbé Morellet explique enfin qu’à la suite de la notoriété que lui ont conférée les poursuites engagées contre sa Vision de Charles Palissot, « les gens du monde, qui aiment la satire, allaient [l’]accueillir mieux que jamais171 ». Dans un ultime élargissement, le mot « satire », employé à présent au singulier, renvoie alors, au-delà du seul « genre littéraire », à l’ensemble de l’activité polémique qui en constitue le soubassement.

Car, comme l’indique le chevalier de Jaucourt dans l’article « Satire » de l’Encyclopédie, « la forme de la satyre est assez indifférente par elle-même. Tantôt elle est épique, tantôt dramatique, le plus souvent elle est didactique ; quelquefois elle porte le nom de discours, quelquefois celui d’épître ; toutes ces formes ne font rien au fond ; c’est toujours satyre, dès que c’est l’esprit d’invectives qui l’a dictée ».

Plus qu’un « genre littéraire » caractérisé par une certaine forme, c’est donc l’objectif qui lui est assigné qui semble définir ce qu’il convient d’entendre par « satire ». Précisons toutefois qu’à cet égard encore, les définitions proposées s’avèrent complexes, sinon ambiguës. Furetière évoque en effet une « espèce de poème inventé pour corriger et reprendre les moeurs corrompues des hommes, ou critiquer les méchants ouvrages tantôt en termes piquants, tantôt avec des railleries ». Mais il ajoute aussitôt que ce mot « se dit aussi de toute médisance et raillerie piquante, libelle diffamatoire, chronique scandaleuse, qui blesse l’honneur du prochain », et signale les démarches entreprises par les « officiers de police » pour empêcher « tant qu’ils peuvent qu’on ne fasse de ces satires ». On ne peut que souligner l’opposition qui se fait jour entre la pratique qui se fixe pour objectif de « critiquer les méchants ouvrages » et celle qui ne vise qu’à « blesser l’honneur du prochain ». La « satire » s’inscrirait ainsi dans un espace polémique délimité d’un côté par la « critique », de l’autre par le « libelle diffamatoire ».

Dans son Mémoire sur la satire, Voltaire se propose précisément de retracer ce parcours, selon lui quasi inéluctable, qui mène de la « critique » au « libelle » :

‘Je commencerai d’abord par examiner la nature de la critique ; ensuite je donnerai une histoire, peut-être utile, de la satire et de ses effets, à prendre seulement depuis Boileau jusqu’au dernier libelle diffamatoire qui a paru depuis peu172 : ce qui fera un tableau dont le premier trait sera l’abus que Boileau a fait de la critique ; et le dernier sera l’excès horrible où la satire s’est portée de nos jours.’

Car cette évolution, qui procède par « abus » successifs, se caractérise par une aggravation de la « licence » jusqu’aux « excès horribles » de l’abbé Desfontaines. En effet, si « Boileau dans ses satires, quoique cruelles, avait toujours épargné les moeurs de ceux qu’il déchirait », « quelques personnes qui se mêlèrent de poésie après lui poussèrent plus loin la licence ».

Comme le rappelle Jaucourt dans l’article « Satire » de l’Encyclopédie, il existe une différence entre la critique et la satire : « Celle-ci n’a pour objet que de conserver pures les idées du bon & du vrai dans les ouvrages d’esprit & de goût, sans aucun rapport à l’auteur, sans toucher ni à ses talens, ni à rien de ce qui lui est personnel. La satyre au contraire cherche à piquer l’homme même ; & si elle enveloppe le trait dans un tour ingénieux, c’est pour procurer au lecteur le plaisir de paroître n’approuver que l’esprit ». D’une part en effet, comme le souligne Durand, « la satire est presque toujours injuste173 ». Dès 1715, La Motte écrivait aussi, dans ses Réflexions sur la critique :

‘autant la critique est légitime et utile, autant la satire est injuste et pernicieuse : elle est injuste en ce qu’elle essaie de tourner les auteurs même en ridicule, ce qui ne saurait être le droit de personne et elle est pernicieuse, en ce qu’elle songe beaucoup plus à réjouir qu’à éclairer. Elle ne porte que des jugements vagues et malins, d’autant plus contagieux, que leur généralité accommode notre paresse, et que leur malice ne flatte que trop notre penchant à mépriser les autres174.’

Cette propension à l’injustice l’amène d’autre part à pratiquer la surenchère. C’est ainsi que lorsque dans sa Lettre... à Monsieur le Comte de B......, Palissot justifie l’emploi du terme « sot » dont il a fait un si large usage dans sa Dunciade en alléguant l’« exagération » propre à la « poësie satyrique » :

‘Vous savez aussi bien que moi, sans doute, que le nom de sot en poësie, n’a pas tout à fait la même signification qu’il aurait dans la société. La poësie satyrique, dans laquelle il doit entrer toujours un peu d’exagération, & qui évite les circonlocutions & les périphrases, employe le mot de sot qui a l’avantage d’être très-court, pour désigner sans façon un homme de beaucoup d’esprit, qui a le malheur de faire habituellement des sottises ; &, aux yeux du goût, tout Ouvrage médiocre en est une175.’

Or une telle pratique de la surenchère explique aussi que, contrairement à la « critique », la « satire » franchisse allègrement la frontière qui sépare normalement l’oeuvre de l’auteur, et parfois même celle qui doit être établie entre l’auteur et l’homme.

Selon l’analyse de Roland Mortier, Voltaire considère donc la « satire » comme « une manifestation dévoyée de l’esprit critique », et « l’histoire de la satire n’est plus qu’une constante dégradation dans le sens du cynisme et de la licence » : « l’iniquité presque fatale de ses jugements » l’amène dès lors « immanquablement à confondre l’oeuvre et l’auteur, puis l’auteur et l’homme ». C’est ainsi que la « critique » « se mue [...] en dénonciation, et de là en délation176 ». On comprend dès lors que les détracteurs de la « satire » discernent chez l’auteur qui s’y exerce un penchant pour la « cruauté », voire pour la « malignité ». D’après Jaucourt,

‘il semble que, dans le coeur du satyrique, il y ait un certain germe de cruauté enveloppé, qui se couvre de l’intérêt de la vertu pour avoir le plaisir de déchirer au-moins le vice. Il entre dans ce sentiment de la vertu & de la méchanceté, de la haine pour le vice, & au-moins du mépris pour les hommes, du desir pour se venger, & une sorte de dépit de ne pouvoir le faire que par des paroles.’

« Il eut le vernis de l’esprit, il connut la malignité de la Satyre, & ne conçût jamais le Génie » : ce que, selon l’auteur de L’Aléthophile, la postérité retiendra de « l’Auteur des Cacouacs », « si jamais les siecles suivans se ressouviennent des vains efforts qu’on fait aujourd’hui pour obscurcir la gloire de ces Auteurs respectables qui font l’honneur de la Nation177 ». Malesherbes ne tient pas un autre discours lorsque Fréron, sortant de la critique littéraire, se croit investi de la mission de « procureur » et nomme expressément l’Encyclopédie dont il produit un extrait dans ses feuilles : « il n’y a que la malignité qui ait pu lui dicter cet extrait, et une malignité qui, ayant pour objet les moeurs et la religion de ceux qu’il attaque, ne doit pas lui être permise178 ».

La diversité des discours tenus sur la satire dans la période qui nous intéresse illustre encore la double acception du terme « satire » que mentionnait Furetière. Les défenseurs de la satire s’emploient ainsi à présenter ce genre comme une forme de poésie à vocation morale et sociale, qui ne saurait être confondue avec le libelle. Ses détracteurs au contraire pratiquent l’amalgame entre les deux termes, et les frappent du même sceau d’infâmie. C’est ainsi que d’Alembert déplore l’appui que trouvent des « écrivains qui déshonorent leur état par la satire » auprès de « protecteurs encore plus méprisables qu’eux ». Il s’en prend alors à « la licence d’insulter les gens de lettres par des satires », s’étonne qu’il soit « plus permis d’outrager un homme de lettres qui honore sa nation, que de rendre ridicule un homme en place qui avilit la sienne », pour conclure : « Si on croit devoir laisser un libre cours aux libelles et aux satires, en ce cas que toutes les conditions et tous les états en puissent être indifféremment l’objet179 ». La condamnation indistincte des libelles et des satires, ainsi que l’emploi des verbes « insulter » et « outrager » montrent bien que, pour d’Alembert, la satire ne se distingue pas qualitativement du libelle.

Il s’agit donc, afin de définir les rapports qu’entretient le pamphlet avec la satire, de préciser ce qui, dans le discours des uns, tend à différencier libelle et satire et ce qui, dans celui des autres, tend au contraire à les rapprocher, sinon à les confondre.

Si l’on en croit les déclarations par lesquelles les auteurs satiriques justifient leur démarche, la satire serait une réaction morale, dictée par la vertu, face à la corruption des moeurs. C’est ainsi que certaines satires ancrent leur dénonciation en développant, sur un mode plus ou moins fantasmatique, une vision crépusculaire de la société et, en particulier, de la République des lettres. Gilbert, au début de la satire intitulée Le Dix-huitième Siècle, explique que « la chute des arts suit la perte des moeurs », phrase qui constitue l’argument principal qu’il va développer par la suite. Au sein de la société, la « corruption » s’est considérablement généralisée, jusqu’à « infecter » tous les états qui la composent :

Mais la corruption, à son comble portée,
Dans le cercle des grands ne s’est point arrêtée ;
Elle infecte l’Empire, et les mêmes travers
Règnent également dans tous les rangs divers180.

Dans le domaine des arts également, le spectre de la « décadence » pèse sur la République des lettres. On observe alors une opposition fondamentale entre le vice (l’« infamie », la « Débauche », la « corruption », et tout le lexique de l’infection) que l’auteur observe se développer insidieusement, et la vertu qui justifie la dénonciation qu’il entreprend, et sa volonté affichée de « confond[re] l’imposture » au nom de la morale, en « démasquant » les « sages dangereux » dans des vers « vengeurs de la cause publique ».

L’auteur du Discours sur la satyre établit de même un lien étroit entre la satire et un état de société corrompue, lorsqu’il évoque l’origine de la satire :

‘La société ne fut point troublée par le crime, tant que ses membres n’eurent point d’intérêts opposés. Les hommes encore enfants étaient plus sensibles que raisonnables, un même objet enflamma la cupidité de plusieurs ; il y eut un choc de passions, de là le crime. La force jouit et régna. La ruse tâcha d’éluder ses coups, et de lui en porter de plus rudes ; et le crime fut réduit en art. La société se déchirait dans son berceau. La satire s’éleva contre les causes de sa ruine, et prépara les voies à la législation. Elle fit connaître l’intérêt commun. Quelques vengeurs furent armés de la force de tous. La politique imagina des lois : l’empire se forma, et la société fut rétablie.
Telle fut l’origine de la satire. Le censeur de la société naturelle dut devenir le juge de la société civile. [...] La satire, en redressant les moeurs, inspira l’amour du bien. Elle mit plus d’énergie dans ses leçons, lorsque la poésie lui prêta ses couleurs. Un langage extraordinaire et harmonieux fut employé à la correction des hommes ; le peuple crut entendre ses Dieux.’

Un peu plus loin, il fonde d’ailleurs la distinction essentielle entre la satire et le libelle sur la vocation morale dont se trouve investie la satire :

‘Le libelle diffamatoire écrit par un motif odieux, flétrit par des délations calomnieuses la réputation d’un citoyen qui n’a pas mérité de la perdre. La satire conduite par la raison du bien public, ne fait que démasquer aux yeux de la société le mauvais citoyen, qui loin de lui payer la dette qu’il a contractée envers elle, se sert de la protection dont elle le couvre pour travailler à la détruire ou à la corrompre. La société a un droit inaliénable à être désabusée des préjugés directement nuisibles à son repos et à l’ordre, tels que la considération qu’elle accorde aux membres qui tournent cette considération contre elle. Si son intérêt demande quelquefois des victimes innocentes, comment hésiter à lui en immoler de coupables ?’

Dans la définition de la satire, on retrouve la même opposition lexicale entre le vice et la vertu. A contrario, le libelle se caractérise par la calomnie injuste, et par là même « odieuse », jetée sur un honnête citoyen. La satire est donc clairement présentée comme une entreprise salutaire « conduite par la raison du bien public », visant à « démasquer aux yeux de la société le mauvais citoyen » :

‘Que des hommes qui n’existent et ne pensent que pour nuire, controuvent des ridicules et des crimes pour flétrir des innocents, ce n’est point là la satire ! La fausseté lui est étrangère. La calomnie poursuit le citoyen pour l’accabler ; la satire pour le corriger. Le satirique crie au feu, le calomniateur l’allume. Celui-là sert le public, celui-ci sa passion181.’

Car le satirique se sent investi d’une mission sociale. La « corruption », en se généralisant, met en péril les valeurs fondatrices de l’État. Sa dénonciation visera donc, dans un double mouvement, à « éclairer » les citoyens abusés en combattant la fausse monnaie des valeurs corrompues qu’on s’est employé à leur faire percevoir comme allant de soi et, par conséquent, en restaurant sur des bases raffermies les valeurs oubliées ou usurpées.

Une telle démystification s’applique également à la République des lettres, au sein de laquelle des « sages vains » se sont assuré une réputation usurpée, et ont promu de fausses valeurs au point de mettre en péril le goût de la nation. Les défenseurs de la satire développent ainsi un discours fondé sur le topos du renversement des valeurs, du « monde à l’envers » :

‘Les gens sensés conviennent que la saine critique est essentielle en littérature ; qu’elle seule peut éclairer le public, et l’empêcher de s’égarer dans ses jugements ; que, sans elle, il n’y a plus ni art ni règles ; qu’on pourrait s’abandonner à tous les caprices, à tout le délire d’une imagination bizarre et monstrueuse ; que bientôt chacun ne prendrait plus que son goût particulier pour arbitre ; que le véritable goût serait étouffé sous tant de goûts arbitraires et dépravés ; qu’enfin on en viendrait au point que le bon seul passerait pour mauvais, et que les meilleurs esprits seraient obligés de donner dans les mêmes écarts, pour avoir quelque succès182.’

Par ailleurs, la cohésion de la République des lettres se trouve fréquemment mise à mal par les disputes littéraires :

‘Une tumultueuse anarchie désole la République des Lettres, lorsque la concorde n’y règne pas. Ce n’est plus pour la vérité, pour l’avancement des Sciences, pour une gloire personnelle, que travaillent les auteurs animés les uns contre les autres ; ils ne pensent qu’à flétrir leurs adversaires. Les plus beaux génies ne sont pas toujours exempts de ces défauts : ce sont des géants, mais avec la plupart des faiblesses de l’humanité.’

La satire s’avère alors particulièrement efficace pour rappeler chacun à la dignité que lui impose son statut d’homme de lettres, notamment lorsque la « dispute » dégénère dans ses procédés en vulgaire « combat de gladiateurs » :

‘Lorsque les gens de lettres sortant des bornes de la dispute, entament un combat de gladiateurs, ils donnent aux ignorants le droit de les braver, et ils perdent celui de s’estimer eux-mêmes. Les Lettres demandent à être honorées, ou la barbarie les engloutit. Dès que la considération n’est plus attachée à la qualité du savant, dès que l’amour de la gloire est dans les membres de la République littéraire subordonné à de viles passions, dès qu’ils donnent sans honte leurs vices en spectacle au public, dès que la société ordinairement plus clairvoyante sur le mal que sur le bien, s’aperçoit que les Sciences sont des armes dans les mains de furieux enlevés à des travaux patriotiques, les Lettres sont près de leur ruine. Elles se cachent pour se soustraire à l’opprobre, languissent dans l’inaction du découragement, et périssent dans les ténèbres, comme les vertus dans l’esclavage. Un homme de mérite a observé qu’autrefois on faisait combattre des animaux pour amuser le peuple, et qu’aujourd’hui on fait combattre les gens d’esprit pour amuser les sots : voilà les préludes de la barbarie. Si la satire n’en arrête les suites, je ne sais quelle main rétablira l’empire de la raison éclairée.’

De ce point de vue, il est d’ailleurs intéressant de signaler que, contrairement à l’auteur de libelles, l’auteur de satires, dont l’entreprise vise à réformer la société, ne parle pas en son nom personnel, mais « au nom de la patrie et de l’humanité » :

‘Celui qui parle au nom de la patrie et de l’humanité, ne peut agir que pour l’intérêt commun de la société générale et des sociétés particulières : il sera donc l’organe de la vérité et de la sagesse appliquée à la conservation des moeurs et des lois. Le vice, qui sait se cacher sous les formes les plus imposantes, échappe facilement à l’oeil du public dans une censure générale, il sera donc permis quelquefois au zèle de démasquer le vicieux, et de poursuivre le vice jusqu’au fond des coeurs183.’

À ce stade de l’analyse, satire et libelle semblent donc s’opposer avec netteté, dans la mesure où les auteurs de libelles seraient accusés d’être responsables des maux auxquels précisément les auteurs de satires prétendent apporter remède.

Cette double vocation morale et sociale assignée à la satire contribue ainsi à définir les procédés et contenus de la satire. En effet, l’auteur de satires doit proscrire tous les procédés déshonnêtes qui pourraient compromettre la noblesse du double objectif qu’il vise. C’est ainsi qu’il ne doit rien avancer qui contrevienne aux principes de justice, d’équité, d’honnêteté, de vérité mais aussi d’indulgence, sur lesquels se fonde sa démarche. Ainsi, la satire

‘distinguera les vices avec un scrupule politique et religieux. Elle emploiera des couleurs différentes pour peindre des objets différents. Elle ne traitera point les fautes comme les crimes, ni les ridicules comme les infâmies, ni les faiblesses comme les noirceurs. La justice et l’honnêteté lui conduiront la main. [...] Loin qu’elle puisse violer la vérité, elle n’intentera aucune accusation que l’équité ou même l’indulgence pourrait désavouer. Le censeur, comme le juge, doit restreindre les haines.’

Ces principes déontologiques expliquent sans doute pourquoi

‘les auteurs des libelles diffamatoires ont été de tout temps punis suivant la disposition du Droit Civil comme l’attestent tous les auteurs tant anciens que modernes qui ont écrit sur ce sujet. Il n’en a pas été de même des auteurs satiriques quand ils se sont renfermés dans de justes bornes184.’

Mais, précisément, quelles sont ces « justes bornes » qu’il convient de respecter ? La question est d’importance, car c’est apparemment parce qu’il déborde ces « justes bornes » qu’un écrit satirique tourne au libelle diffamatoire, et ce notamment, à en croire le Discours sur la satire, dans le cas de Voltaire : son auteur, qui défend la satire, affirme ainsi ne pas vouloir faire

‘l’apologie de quelques-uns de ces écrivains dont la méchanceté reconnue ôtait toute autorité à leurs satires, qui ne prenant les armes que pour leurs propres intérêts, soit afin de poursuivre leurs ennemis, soit afin de dénigrer les gens de bien, se livraient à toute leur passion, à toute leur fureur, vomissaient les mensonges les plus atroces, déchiraient sans pudeur les vertus les plus pures et le mérite le mieux établi.’ ‘Voilà ce qui déshonore à jamais la plupart des ouvrages satiriques d’un des plus beaux esprits de notre siècle ; espèces de libelles où le sarcasme est épuisé sur tout ce que les hommes ont de plus respectable ; où le luxe est regardé comme le plus grand bien d’un état, malgré la corruption dont il est la source ; où l’innocence des premiers hommes et la pauvreté glorieuse des anciens Romains sont traitées avec le plus grossier mépris ; où le libertinage et l’indécence sont applaudis ; où la raison est sans cesse sacrifiée à une turlupinade ; où la probité la plus exacte est calomniée avec impudence, dès qu’on a eu le courage d’attaquer des sentiments pernicieux. Il est impossible que de pareilles satires ne révoltent pas les esprits les moins délicats.
Il n’en est pas ainsi des satiriques anciens et modernes, dont les ouvrages estimés et lus par tout le monde, sont une école de la morale la plus saine et quelquefois la plus rigide185.’

On voit donc que le même terme de « satire » peut s’appliquer à des types de textes qui relèvent tantôt de la satire, tantôt du libelle. La confusion est d’ailleurs d’autant plus facile à faire que les écrits satiriques au sens “ noble ” s’autorisent parfois des procédés caractéristiques du libelle diffamatoire, même si les discours apologétiques de la satire prennent soin de s’en justifier.

L’efficacité escomptée de la satire suppose tout d’abord que l’on désigne nommément l’« homme vicieux » à l’indignation publique. Selon l’auteur du Discours sur la satire, il en était ainsi dès l’Antiquité :

‘La satire, chez les Romains, fut une censure libre et hardie des vices et des mauvaises moeurs. Elle conserva ce privilège, non-seulement sous Auguste, mais encore sous Néron, dans un temps où attaquer le crime, c’était attaquer l’empereur lui-même. A Rome, la Satire était ce que fut, dans Athènes, la Comédie d’Aristophane. On y démasquait sans ménagement ceux qui insultaient la société par de pernicieux exemples : on les désignait, on les nommait ; et ce n’est point à nous de blâmer ce qu’autorisait la sagesse de ces républiques. Elles pensaient que les lois ne s’étant chargées que du soin de punir les crimes, le ridicule pouvait suppléer à l’insuffisance des lois, pour réprimer la dépravation des moeurs, et que ceux qui ne craignaient point d’afficher la corruption, méritaient bien d’en être punis par la risée publique.’

Bien plus, si l’on renonce aux « personnalités », la satire perd toute efficacité, et cette mesure que certains entendent justifier au nom de la décence et de l’honnêteté n’est qu’un indice supplémentaire que la « dépravation » coupable ne fait que se généraliser :

‘Ce ne fut qu’après une dépravation générale qu’on trouva répréhensible cette censure courageuse, et qu’il ne fut plus permis de critiquer ouvertement le vice qui avait tout pouvoir. Il fallut se renfermer dans une censure indirecte, ou s’envelopper dans l’obscurité des allusions. Alors la satire devint une déclaration vague, qui, s’adressant à tout le monde, n’intéressait personne ; et quand on n’eut plus à craindre le ridicule particulier, qui seul est capable de contenir l’homme vicieux, chacun s’abandonna à un déréglement, à une licence de moeurs, qu’on voulut bien se pardonner réciproquement186.’

On retrouve ainsi la distinction que Lainier de Verton (alias Adrien Baillet), à la fin du XVIIe siècle, établissait entre les « satires personnelles » et les « satires réelles » :

Réel doit se prendre ici comme on le prend dans les livres de droit, et suivant la notion que nous donne son étymologie de la manière que l’on dit servitude réelle ; action réelle. Ainsi une satire réelle est celle qui ne regarde que les choses sans en vouloir à la personne ; elle ne s’en prend qu’aux vices de l’âme ou aux erreurs de l’esprit ; au lieu que les satires personnelles attaquent directement la personne du vicieux où de l’errant [...]187.’

À cet égard, si l’édition de 1694 du Dictionnaire de l’Académie pouvait définir la « satyre » comme « tout discours piquant, médisant », il est significatif que l’édition de 1762 ajoute qu’il s’agit là d’un « discours [...] médisant contre les personnes » (nous soulignons). La personnalisation des attaques est du reste attestée, par exemple, par la manière dont l’inspecteur d’Hémery désigne ces « satyres » qu’il consigne dans son journal : le Nouveau Mémoire pour servir à l’histoire des Cacouacs, « une satyre tres forte contre les Encyclopedistes 188 » ; la Relation... du jésuite Berthier, « une Satyre contre ce jesuite et sa société » ; La Vision de Charles Palissot, « une satyre affreuse contre Palissot » ; les Qu’est-ce, « une satyre de la piece [Les Philosophes] et de son auteur » ; Le Pauvre Diable, « une satyre sanglante contre M. de Pompignan, M. Gresset, l’abbé Trublet et Freron 189 » (nous soulignons). On pourrait multiplier les exemples.

Par ailleurs, afin de corriger l’erreur insidieuse qu’il entend dénoncer chez son adversaire, loin de s’en tenir à une argumentation rigoureuse, s’adressant à sa raison, l’auteur satirique recourt fréquemment à une stratégie persuasive fondée sur la technique du ridicule jeté à propos sur l’adversaire. Comme « la critique générale [...] ne suffit point pour réprimer le torrent des mauvais auteurs »,

‘il faut donc des traits directs qui frappent au but, et puissent déconcerter l’amour propre le plus opiniâtre : il faut que le ridicule fasse sur les esprits de travers ce que la raison n’y ferait pas ; qu’il brise et humilie leur vanité insupportable : il faut qu’ils servent d’exemple à ceux qui marchent sur les mêmes traces, et que leur punition soit en même temps un encouragement pour le mérite modeste, qui est toujours étouffé par la médiocrité intrigante, hardie et présomptueuse190.’

Car, comme le confirme l’auteur du Discours sur la satyre,

‘Il est certain qu’en fait d’opinions, il est quelquefois plus à propos de prendre les hommes par le coeur, que de les attaquer par le raisonnement, parce qu’ils sont bien plutôt entraînés dans l’erreur par les sophismes des passions que par une discussion sincère et scrupuleuse, et qu’ils s’y sont plutôt fixés par la persuasion que par la conviction.’

Mais l’efficacité patente de cette stratégie persuasive ira-t-elle jusqu’à justifier l’emploi de l’invective ? « La satire jouira-t-elle du privilège de s’armer de traits injurieux contre les ennemis et les corrupteurs de la société ? » Reprenant l’idée selon laquelle la satire ne doit pas se départir des principes de justice et d’indulgence, l’auteur affirme nécessaire de distinguer « d’abord les vices des erreurs » pour ne pas s’exposer « à envelopper sous l’anathème des hommes que l’indulgence doit en garantir » :

‘Il faut montrer l’absurdité des erreurs et inspirer l’horreur du vice ; pour éclairer l’esprit, il suffit de porter devant lui le flambeau de la Raison dont la lumière est d’autant plus vive qu’elle est plus pure. Pour changer le coeur, il faudra en quelque sorte l’arracher à lui-même par des victoires difficiles à remporter sur les passions. L’invective ne prouvera jamais une vérité, au lieu qu’elle peignit souvent les moeurs191.’

Le recours à l’invective se justifie donc lorsqu’il est question de vices et de moeurs.

Nous avons ainsi mis en évidence le flou qui s’attache à la définition littéraire de la « satire », qui renvoie d’abord à une forme poétique en vers, mais qui désigne aussi des textes en prose, éventuellement susceptibles de paraître dans des périodiques. Cet affaiblissement de la définition formelle va en outre de pair avec un usage qui, en langue, tend à s’élargir : le terme ne s’applique plus seulement au texte proprement dit, mais aussi, dans ses emplois au pluriel, aux traits contenus dans le texte, enfin à l’activité polémique considérée dans son ensemble. Cette évolution est par ailleurs étroitement liée à la diversité des pratiques, attestée dès l’époque de Furetière : s’il ne s’agit que de censurer les vices, la « satire » poursuit des objectifs voisins de ceux de la « critique ». Elle s’en distingue cependant par la personnalisation des attaques : l’auteur satirique s’autorise à nommer l’homme vicieux dont il prétend corriger les déviances. Les détracteurs de la « satire » constatent dès lors qu’avec les personnalités, le jeu sur le ridicule et le recours à l’invective, les auteurs satiriques recourent parfois aux procédés traditionnellement dénoncés dans les libelles diffamatoires. Les apologistes le leur concèdent d’ailleurs volontiers, arguant du fait que cette batterie de moyens est en fait subordonnée à une fin supérieure et louable qu’il s’agit d’atteindre. Ainsi, lorsqu’on s’intéresse à ces textes que leur organisation rhétorique pousse à classer dans cette frange indécise où la satire confine au libelle, le seul critère de distinction résiderait en définitive dans l’intention de l’auteur. Ces considérations de nature quasi psychologique ne manquent pas dès lors d’ouvrir un espace, qui laisse le champ libre à la mauvaise foi d’auteurs toujours susceptibles de justifier une mesquine attaque personnelle sous couvert d’une commode louable intention.

La pratique voltairienne illustre ainsi les ambiguïtés qui s’attachent à la définition de la « satire ». S’il condamne, dans son Mémoire sur la satire de 1739, l’indignité de cette « satire » qui, sous la funeste influence de Boileau, correspond à une « manifestation dévoyée de l’esprit critique », selon l’expression de Roland Mortier, son analyse en vient elle-même rapidement à attaquer son ennemi du moment, l’abbé Desfontaines, qui, avec sa Voltairomanie serait responsable d’avoir franchi une nouvelle étape dans la licence, et d’avoir fait dégénérer la « satire » en « libelle ». Ajoutons que Voltaire ne s’interdit pas de recourir lui-même à la « satire », et en vient même à abandonner la « raillerie » légère au profit de l’« artillerie lourde », lorsqu’il s’engage dans la bataille qui oppose les philosophes aux anti-philosophes. C’est ainsi que dans son analyse de la « forme de la satire » telle qu’elle apparaît dans Le Pauvre Diable, Roland Mortier signale qu’il ne s’agit plus de « raillerie », « mais d’une véritable exécution littéraire où la passion et le ressentiment entraînent Voltaire, au-delà de la simple satire, jusqu’à la dénonciation, au pamphlet, voire même (pour Fréron) à l’insulte ». Il conclut alors que la pratique voltairienne de la satire « a [...] changé de caractère après 1750. En pleine bataille “ philosophique ”, Voltaire transforme cette arme légère en une artillerie lourde contre le camp ennemi. L’ironie n’est plus de saison, il faut détruire si l’on veut survivre. Plus de ménagement, mais un feu nourri et impitoyable : la satire redevient ce qu’elle était du temps d’Aristophane, une mise en accusation à la fois idéologique et personnelle192 ».

La référence à Aristophane appelle dès lors une réflexion sur les liens qui unissent la satire et une certaine forme de théâtre. Dans la « Réponse » qu’il propose aux Réflexions présentées contre la Comédie de l’Homme dangereux, qui met en scène le personnage emblématique du « Satirique », Palissot souligne en effet que « la satyre des ridicules & des vices a été de tous les tems, & chez toutes les nations, l’unique base de la Comédie, qu’on ne saurait mieux définir qu’en l’appellant la satyre du vice & l’éloge indirect de la vertu193 ». Certes, dans l’article « Satire » de l’Encyclopédie, Jaucourt insiste sur la différence qui oppose la satire et la comédie : « Celle-ci attaque les vices, mais obliquement & de côté. Elle montre aux hommes des portraits généraux, dont les traits sont empruntés de différens modeles ; c’est au spectateur à prendre la leçon lui-même, & à s’instruire s’il le juge à propos. La satyre au contraire va droit à l’homme ». Certes, dans l’article « Satire » de ses Éléments de littérature, Marmontel opère aussi une ferme distinction entre la « comédie » et la « satire » : « la comédie invente, et la satire personnelle contrefait en exagérant ; l’original de la comédie est le vice ; l’original de la satire personnelle est tel homme vicieux : tout homme atteint du même vice peut se reconnaître dans le tableau comique ; et dans le portrait satirique un seul homme se reconnaît194 ». Cependant qu’en est-il de ces distinctions, dès lors que l’on a affaire à cette forme particulière de comédie qu’il est convenu d’appeler la « comédie satirique » ?

Notes
163.

 Nous adoptons dans notre texte la graphie moderne « satire » même si, en raison de notre parti pris de respecter l’orthographe originale des textes, il arrive que nous citions des extraits dans lesquels on rencontre la graphie « satyre ». Signalons que l’édition de 1762 du Dictionnaire de l’Académie établit une différence entre la « satyre », qui « désignoit chez les Grecs certains Poëmes mordans, espèces de pastorales ainsi nommées, parce que les Satyres en étoient les principaux personnages », et la « satire », qu’il définit comme cet « ouvrage moral [...] fait pour reprendre, pour censurer les vices, les passions déréglées, les sottises, les impertinences des hommes, ou pour les tourner en ridicule » qui seul nous intéresse ici. Le Dictionnaire, qui consacre deux articles différents à ces deux sortes d’ouvrages, souligne que les « Poëmes » désignés sous le nom de « satyre » « n’avoient point de ressemblance avec ceux que nous appelons Satire, d’après les Romains ».

164.

 R. Mortier, Les Formes de la satire chez Voltaire, p. 44.

165.

 Mémoire sur la satire, p. 56.

166.

 Voir notre Annexe 1.

167.

 Mémoires... de C.-S. Favart, t. I, pp. 53, 69 et 149.

168.

 On a longtemps attribué à Voltaire cet ouvrage qui figure dans le tome XXIII de l’édition Moland des Oeuvres complètes. Theodore Besterman montre qu’il s’agit d’une section de la Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française, rédigée en 1749 par un certain David Durand (« Note on the authorship of the Connaissance des beautés », dans S.V.E.C., vol. 4, 1957, pp. 291-294). Nous citons ce texte d’après l’édition Moland.

169.

 De la satire, p. 417.

170.

 Anecdotes sur Fréron, p. 386.

171.

 Morellet, Mémoires, pp. 111 et 106.

172.

 Il s’agit de La Voltairomanie, rédigée par l’abbé Desfontaines en 1739.

173.

 De la satire, p. 414.

174.

 Réflexions sur la critique, t. I, p. 34, cité par A. Gunny, « Pour une théorie de la satire au XVIIIe siècle », p. 346.

175.

 Lettre de l’auteur à Monsieur le Comte de B......, dans La Dunciade, p. 6.

176.

 R. Mortier, « La satire, ce “ poison de la littérature ” : Voltaire et la nouvelle déontologie de l’homme de lettres », pp. 239-241.

177.

 L’Aléthophile, p. 33.

178.

 B.N.F., n. a. fr. 3531, f° 65, cité par J. Balcou, Fréron contre les philosophes, p. 114.

179.

 D’Alembert, Essai sur les gens de lettres..., pp. 393-394.

180.

 Le Dix-Huitième Siècle, dans Satiriques du XVIII e  siècle, t. II, pp. 1 et 7.

181.

 Discours sur la satyre. Ouvrage traduit de l’italien, pp. 1-2, 127-128 et 18-19.

182.

 Discours sur la satire, dans Satiriques du XVIII e  siècle, t. I, pp. 10-11.

183.

 Discours sur la satyre. Ouvrage traduit de l’italien, pp. 68-72 et 3.

184.

 Ibid., pp. 121-122 et n. 1, p. 127.

185.

 Discours sur la satire, dans Satiriques du XVIII e  siècle, t. I, pp. 6-7.

186.

 Ibid., pp. 2-3.

187.

 Lainier de Verton, Des Satires personnelles..., t. I, p. 7.

188.

 B.N.F., ms. fr. 22160, f° 67.

189.

 B.N.F., ms. fr. 22161, ffos 52 verso, 97 verso, 98 et 102 verso.

190.

 Discours sur la satire, dans Satiriques du XVIII e  siècle, t. I, pp. 11-12.

191.

 Discours sur la satyre. Ouvrage traduit de l’italien, pp. 131 et 129-130.

192.

 R. Mortier, Les Formes de la satire chez Voltaire, p. 51.

193.

 Réflexions présentées contre la Comédie de l’Homme dangereux, « Réponse de l’Auteur », dans L’Homme dangereux, p. 117.

194.

 Marmontel, Éléments de littérature, dans Oeuvres, Paris, 1819, t. V, p. 140, cité par A. Gunny, « Pour une théorie de la satire au XVIIIe siècle », p. 359.