ii. La Représentation De L’homme De Lettres

Si l’on en croit les témoignages de l’époque, l’humeur batailleuse est présentée comme une caractéristique de l’homme de lettres, dont l’activité est entourée d’un halo polémique. Reste qu’il est souvent délicat de faire le départ entre les représentations mythiques de l’homme de lettres et les données objectives qui définissent son statut dans les années 1750-1770, étant donné que l’on s’adresse à des textes théoriques émanant d’auteurs qui souvent sont partie prenante dans les querelles littéraires, et qui à ce titre peuvent toujours légitimement être suspectés de partialité, voire d’intentions polémiques. Car l’expression « gens de lettres » paraît à bien des égards piégée, dans la mesure où elle tire une partie de sa signification du système qu’elle forme avec des expressions comme « gens du monde » ou encore « gens d’église ». Dans certains discours, l’expression « gens de lettres » doit ainsi être lue comme un quasi-synonyme de « philosophes », leurs adversaires, que nous considérons aussi comme des hommes de lettres, se définissant implicitement par leur qualité d’hommes du monde ou d’hommes d’église.

Il importe donc de s’arrêter sur le statut des « gens de lettres » au cours de notre période, afin de mettre en évidence d’éventuelles perspectives d’évolution, avant de s’attacher à cette image particulière de l’homme de lettres comme homme à scandales, qui se développe avec prédilection, lorsqu’il est question des querelles littéraires qui agitent la « République des lettres ».