b. Les Querelles Associées

Lorsqu’il évoque le contexte dans lequel est décrétée la révocation du privilège de l’Encyclopédie en 1759, l’abbé Irailh, dont les sympathies pour les philosophes sont connues, s’étonne : « qui l’eût cru que la ruine des encyclopédistes ne viendroit point du déchaînement de leurs adversaires ; qu’elle seroit creusée par un de leurs plus zélés prosélytes, dont les principes ne sont qu’un écoulement des leurs. Le livre de l’Esprit leur a porté le dernier coup. Leurs maximes, leurs loix, leurs raisonnemens parurent fondus dans ce livre367 ». Ce faisant, il établit un lien entre l’orage qui gronde contre l’Encyclopédie et le tollé suscité par la publication de l’ouvrage d’Helvétius, pourtant revêtu d’un privilège après avoir été approuvé par le censeur Tercier. C’est également l’opinion qui prévaut dans le clan des philosophes. Au début de la querelle, Voltaire écrit à Thieriot, vers le 18 octobre 1758 (Best. D 7912) :

‘J’ignore ce qui a excité un si grand soulèvement contre un philosophe estimable qui (à l’exemple de saint Matthieu) a quitté la finance pour suivre la vérité. Il ne s’agit dans son livre que de ces pauvres et inutiles vérités philosophiques qui ne font de tort à personne, qui sont lues par très peu de gens, et jugées par un plus petit nombre encore, en connaissance de cause. [...]
Je ne suis pas de son avis en bien des choses : il s’en faut beaucoup ; et s’il m’avait consulté, je lui aurais conseillé de faire son livre autrement ; mais tel qu’il est, il y a beaucoup de bon, et je n’y vois rien de dangereux. On dira peut-être que j’ai les yeux gâtés.
Il faut qu’Helvétius ait quelques ennemis secrets qui aient dénoncé son livre aux sots, et qui aient animé les fanatiques.’

Et le 7 février 1759, alors qu’il évoque l’acharnement avec lequel on persécute l’auteur et son ouvrage, Voltaire ajoute, au même (Best. D 8086), qu’« on dit que cette vexation odieuse est le fruit de l’intrigue des jésuites qui ont voulu aller par Helvétius à Diderot ». Il est sûr en tout cas que les autorités religieuses n’hésitent pas à rapprocher les principes combattus dans l’ouvrage d’Helvétius des maximes qu’ils dénoncent par ailleurs dans l’Encyclopédie. Lorsqu’il rend compte au cardinal Luigi-Maria Torrigiani des poursuites que le parlement se prépare à engager contre L’Esprit, l’archevêque de Mira, Luigi Gualtieri écrit, le 18 décembre 1758 :

‘Le Parlement ne parlera pas de l’illustre Mandement de Mgr l’archevêque de Paris contre l’ouvrage mentionné ci-dessus, mais à la demande de son procureur général, il a reporté à une autre séance l’examen de l’affaire dont ce livre est l’objet. Et l’on espère fermement que cette assemblée ne se limitera pas à le condamner, et qu’en plus, elle émettra quelque édit contre les maximes de ceux qui écrivent en ce siècle avec tant d’irréligion et de liberté, et qu’une telle mesure atteindra directement les auteurs de la fameuse Encyclopédie 368.’

Le lien entre les deux affaires apparaît également évident aux yeux des parlementaires : Louis-François de Paule Le Fèvre d’Ormesson de Noiseau, président à mortier au parlement, envoie ainsi à Jean-Omer Joly de Fleury, vers le 18 janvier 1759, « le requisitoire contre la thèse de l’abbé de Prades », avant de préciser qu’« il contient bien des idées qui peuvent revenir à cecy, et vous verrez que cette these etoit absolument de la même doctrine que L’Esprit et l’Enciclopedie 369 ».

Mais les documents dont nous disposons ne permettent pas de conclure avec certitude, comme le faisait Voltaire, qu’on a « voulu aller par Helvétius à Diderot ». Car l’affaire de L’Esprit comporte quelques zones d’ombre. Si en effet, comme leur témoignage semble le prouver, les encyclopédistes se sont sentis indirectement visés par l’offensive dirigée contre l’ouvrage d’Helvétius, comment expliquer qu’ils ne se soient pas engagés dans la bataille, et n’aient pas pris la défense de leur confrère, selon le principe de la “ solidarité de clan ” que l’on verra par exemple fonctionner dans les querelles de 1760 ? Certains philosophes désapprouvent-ils le fond de la doctrine développée par Helvétius370, comme semblent le suggérer les réticences de Voltaire qui, nous l’avons vu, reconnaît n’être pas « de son avis en bien des choses » ? Pensent-ils, comme ils en feront clairement le reproche à Rousseau lorsqu’il fait paraître en 1758 sa Lettre à d’Alembert sur les spectacles 371, que la publication d’un ouvrage qui comporte des propositions hardies est inopportune à une époque où le sort de l’entreprise encyclopédique est très incertaine ? S’agit-il au contraire d’une mesure de prudence destinée, dans un contexte d’hostilité généralisée à l’égard des philosophes, à mettre Helvétius à l’abri des nouvelles persécutions dont il risquerait d’être l’objet, si la querelle se trouvait envenimée par des réponses un peu vives ?

Car c’est bien une bataille décisive qui s’engage, autour de l’année 1760. Dans une lettre adressée à Saurin le 5 mai (Best. D 8892), Voltaire ne peut que déplorer la situation des philosophes, victimes d’une offensive généralisée de la part de leurs adversaires, d’autant plus dangereuse que leur clan, pourtant hétérogène, se trouve en cette occasion coalisé contre des philosophes « désunis, dispersés, timides » :

‘J’ignore si on a joué la farce contre les philosophes. On ne sait comment s’y prendre pour détruire cette pauvre raison. Me Joly de Fleury braille contre elle en parlement, Tamponet en Sorbonne, Chaumeix dans les rues. On la joue à la Comédie. Lui donnera-t-on bientôt la ciguë ? Vous êtes plus fous que les Athéniens. Jansénistes, molinistes, parlement, cafés, bordels, tout se déchaîne contre les philosophes, et les pauvres diables sont désunis, dispersés, timides.’

Et de fait, l’année 1760 apparaît comme l’année la plus intense, du point de vue des querelles qui nous préoccupent. Favart écrit au comte de Durazzo, le 8 mai 1760, que « Paris n’est occupé maintenant que de querelles littéraires » ; et s’il n’est pas évident que « la littérature y gagne », « à coup sûr les auteurs de libelles et les faiseurs de feuilles périodiques en profitent372 ». La première bataille s’engage en effet au moment de l’élection de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan à l’Académie française, lorsque le nouvel académicien, pensant sonner l’hallali, se lance dans une virulente diatribe contre les nouveaux philosophes, dans son discours de réception prononcé le 10 mars 1760373. Pompignan est alors relayé par Palissot, qui relance l’offensive le 2 mai, en faisant représenter sa comédie des Philosophes, qui « traduit sur la scène MM. Diderot, d’Alembert, Rousseau et tous les auteurs de l’Encyclopédie » : « Il ne s’est point contenté de les désigner par leurs ouvrages, il les personnifie eux-mêmes ; c’est peu de les couvrir de ridicules, il s’efforce de les rendre odieux374 ». Et Voltaire d’alléguer à nouveau, dans la lettre qu’il envoie à Palissot le 23 juin 1760 (Best. D 9005), les « circonstances odieuses » dans lesquelles il a donné sa comédie :

‘Un Abraham Chaumeix s’avise de donner à M. Joly de Fleury un mémoire contre l’Encyclopédie, dans lequel il fait dire aux auteurs ce qu’ils n’ont point dit, empoisonne ce qu’ils ont dit, et argumente contre ce qu’ils diront. Il cite aussi faussement les pères de l’Église que le dictionnaire. M. de Fleury, accablé d’affaires, a le malheur de croire Me Abraham ; le Parlement croit M. Joly de Fleury ; monsieur le chancelier retire le privilège, les souscripteurs en sont pour leurs avances, les libraires sont ruinés, M. Diderot est persécuté ; je me trouve pour ma part désigné très injustement dans le réquisitoire de M. de Fleury ; et quoique le public n’ait pas approuvé ce réquisitoire, la persécution subsiste malgré les cris de la nation indignée. C’est dans ces circonstances odieuses que vous faites votre comédie contre les philosophes ; vous venez les percer quand ils sont sub gladio.’

Le 12 juillet, après avoir rappelé les menées de Chaumeix et le réquisitoire de Jean-Omer Joly de Fleury, Voltaire ajoute, au même (Best. D 9058) :

‘Me Lefranc de Pompignan m’a désigné très injurieusement devant mes 38 confrères. On a dit à la reine et à monseigneur le dauphin, que tous ceux qui ont travaillé à l’Encyclopédie, du nombre desquels j’ai l’honneur d’être, ont fait un pacte avec le diable. Maître Aliboron, dit Fréron, votre ami, veut me faire aller à l’immortalité dans ses admirables feuilles, comme Boileau a éternisé Chapelain et Cotin. Je suis assez bon chrétien pour leur pardonner dans le fond de mon coeur, mais non pas au bout de ma plume.’

Cependant, cette plume si chatouilleuse qu’il manie avec tant de virtuosité contre Pompignan, il ne l’emploie qu’indirectement pour venger l’affront public que les philosophes viennent de subir sur le théâtre de la Comédie-Française. Alors que les pamphlets s’échangent à vive allure entre les adversaires de Palissot et ses partisans, et malgré les sollicitations réitérées de ses « frères », Voltaire garde le silence375. Sa “ réponse ” sera dirigée non pas contre Palissot, mais contre celui qu’il présente comme son « ami », et prendra la forme de la comédie de L’Écossaise, d’abord diffusée sous forme imprimée376, puis représentée le 27 juillet 1760. Cette pièce est censée être « traduite de l’anglais de M. Hume » par un certain Jérôme Carré, qui se plaint beaucoup de Fréron dans sa Trés humble Requête à Messieurs les Parisiens : cette comédie « auroit peut-être été jouée cinq ou six fois ; & voilà que M. Freron employe son autorité & son crédit pour empêcher ma Traduction de paroître, lui qui encourageoit tous les jeunes gens, quand il étoit Jésuite, les opprime aujourd’hui377 ». Il faut dire que cette Écossaise met en scène un certain faiseur de feuilles, que Lady Alton présente comme « le plus impudent, & le plus lâche coquin qui soit dans les trois royaumes378 », et qui ressemble à s’y méprendre au rédacteur de l’Année littéraire.

Toutes ces querelles s’apaisent progressivement, même si, ponctuellement, le nom des uns ou des autres réapparaît dans les années qui suivent : Voltaire diffuse des « Pompignades » jusqu’en 1763 ; en 1764, Palissot fait paraître sa Dunciade, dans laquelle les adversaires qu’il poursuit depuis ses Petites Lettres sur les grands philosophes de 1757 se trouvent à nouveau à l’honneur ; l’antagonisme entre Fréron et les philosophes se prolonge jusqu’à la fin de notre période, marquée symboliquement par la réédition, revue et augmentée, des Anecdotes sur Fréron que Voltaire avait écrites en 1760.

Car Voltaire est omniprésent dans les querelles des années 1760, et justifie ainsi, sinon l’appellation ironique d’« oracle des nouveaux philosophes » dont le gratifie l’abbé Guyon en 1759, du moins celle de « patriarche officiel » que l’on doit à son biographe Gustave Desnoiresterres379. On le voit aisément lorsqu’on considère la dernière querelle sur laquelle nous nous arrêterons : celle qui fait suite à la publication de cette sorte de « récit pédagogique380 », intitulé de Bélisaire, que Marmontel rédige en 1767. Cette querelle se rattache en effet aux autres querelles de notre corpus non seulement parce que Marmontel a participé à l’entreprise encyclopédique, mais aussi parce que Voltaire, qui est une nouvelle fois monté en première ligne, situe les remous suscités autour du quinzième chapitre de Bélisaire dans la lignée des polémiques lancées par les détracteurs historiques de l’Encyclopédie. Le 29 septembre 1769 (Best. D 15929), il écrit à cet égard à Panckoucke, qui a le « dessein [...] de faire un supplément à l’Encyclopédie » :

‘Je souhaite qu’il ne se trouve plus d’Abraham Chaumeix, et que ceux qui ont condamné les thèses contre Aristote, l’émétique, la circulation du sang, la gravitation, l’inoculation, le quinzième chapitre de Bélisaire, soient si las de leurs anciennes bévues qu’ils n’en fassent plus de nouvelles.’

Et de fait, l’intervention de Voltaire dans la querelle de Bélisaire n’est pas pour rien dans le tour particulier que prend son développement. John Renwick explique en effet de quelle manière, sous l’impulsion de Voltaire, « l’affaire, jusque là insignifiante, devait devenir une campagne de vaste envergure, qui n’entretiendrait que peu de rapports avec l’attaque première lancée par la Sorbonne, mais qui était intelligemment orchestrée pour en venir à concerner la question de la tolérance ». Car « dès que Voltaire apprit que la Sorbonne entendait damner le quinzième chapitre et, avec lui, son plaidoyer en faveur de la tolérance civile, il se chargea assez rapidement et entièrement de la défense de Marmontel avec tout l’esprit dont il était capable ». À partir de là, « grâce à la mobilisation du parti, l’affaire de Bélisaire devait rapidement devenir, non pas essentiellement la défense de Marmontel, mais le prétexte pour relancer la lutte d’influence [...] entre les philosophes et l’Église ».

C’est ainsi que « pour une fois, les philosophes se trouvaient dans la position de prendre leurs adversaires à la gorge [to apply the stranglehold], ce qu’ils avaient en vain espéré faire depuis l’affaire Calas. Et parce qu’ils avaient attendu cette possibilité depuis plus de cinq ans, cela signifiait qu’ils allaient à présent s’y employer sans délais381 ».

L’offensive de la Sorbonne contre Bélisaire intervient en effet dans un contexte où Voltaire, après avoir victorieusement obtenu la réhabilitation des Calas, s’est mis au service des Sirven. C’est pourquoi, lorsqu’il apprend que, pour éviter l’éclat que produirait une censure de la Sorbonne, Marmontel consent à faire paraître une rétractation en bonne et due forme qu’exige de lui l’archevêque de Paris382, Voltaire s’inquiète de ce que pourrait faire son confrère, et s’engage dans la bataille en faisant paraître les Anecdotes sur Bélisaire : « Une telle rétractation - destinée à être rendue publique - contiendrait fatalement la soumission expresse de son disciple devant la primauté de la religion catholique, devant ses dogmes, devant la solidarité nécessaire du Trône et de l’Autel pour le maintien et la propagation de la Foi ». Or « cette rétractation ne pourrait que rendre un fort mauvais service à la campagne libérale et, sans doute, à l’affaire de Sirven qui, toujours pendante, était une source d’inquiétude ». On peut alors supposer que Voltaire ait pu « vouloir user d’une arme de dissuasion ». « L’Anecdote aurait été, dans cette hypothèse, un avertissement à la Faculté de théologie, sommée de se rappeler l’existence de l’usine de Ferney et les risques d’une guerre de pamphlets où elle ne serait pas la plus forte. Il est probable que Voltaire nourrissait l’espoir d’un armistice de fait : ses adversaires faisant le silence sur Bélisaire et lui-même n’entendant plus parler de rétractation publique383 ».

L’élargissement de la querelle, et l’autorité dont jouit Voltaire dans le clan des philosophes explique dès lors pourquoi Marmontel, après avoir esquissé une attitude conciliante à l’égard de Christophe de Beaumont, en vient à adopter une position plus intransigeante, conforme en cela aux intérêts du “ clan ”, dominé par l’influence de Voltaire384.

Pari apparemment réussi, si l’on en juge par l’absence de réaction du parlement : « les circonstances de 1767 expliquent seules la neutralité du Parlement. Les philosophes, Voltaire en tête, ridiculisaient alors la Sorbonne de telle façon qu’il eût été imprudent pour les parlementaires de voler à son secours385 ». Attitude qui est également celle du gouvernement, comme le suggère sa réaction face à la censure de la Sorbonne, que rapporte Bachaumont le 3 septembre 1767 :

‘La Censure de la Sorbonne contre le Bélisaire est arrêtée par le Gouvernement, au sujet de certaines assertions qu’il ne veut pas passer. Les sages maîtres, après avoir établi comme un principe du Christianisme l’intolérance religieuse, prétendent que l’intolérance civile en doit découler naturellement, par l’intime union entre les deux Puissances, & par la nécessité que le Glaive de la Justice soutienne les Foudres de l’Eglise. Le Mandement de M. l’Archevêque étant écrit dans le même esprit, essuye les mêmes difficultés ; ce qui fait beaucoup rire M. de Marmontel & ses partisans386.’

La Censure prévoyait en effet de regrouper en quatre chefs dix-neuf des trente-sept propositions impies mentionnées dans l’Indiculus propositionum. Or si, comme l’explique Robert Granderoute, « cinq mois vont s’écouler avant que la Censure [...] ne soit rendue publique », c’est « en raison des difficultés qu’essuie l’article de la tolérance de la part des autorités civiles », article auquel se rapporte le quatrième chef retenu par le syndic. Et de fait, lors de sa parution, la Censure a été sensiblement adoucie sur cet objet précis.

C’est pourquoi, « dans le cadre plus général de la campagne menée par les philosophes et notamment par Voltaire387, le livre de Marmontel, par la querelle suscitée et l’issue apportée, acquiert un poids particulier » : « grâce à Bélisaire, voici la Sorbonne, symbole des forces du passé, démentie - et par le pouvoir même -, isolée, discréditée. Sa dignité et son autorité compromises marquent presque symboliquement un recul de l’esprit des ténèbres388 ».

On voit que, depuis l’affaire de l’abbé de Prades en 1751, les idées des philosophes ont progressé dans l’opinion, au point qu’en 1767, le principe de la tolérance apparaît comme acquis, au moins en haut lieu. C’est en tout cas ce que laisse entendre le ton de la lettre que Voltaire adresse à Marmontel, le 21 octobre 1771 (Best. D 17418) :

‘« Mon cher ami après les aventures des Bélisaires et des Fénelons il ne nous reste plus que d’adorer en silence la main de Dieu qui nous châtie. Les jésuites ont été abolis, les parlements ont été réformés. Les gens de lettres ont leur tour. Bergier, Ribaudier, Coge pecus 389 , et omnia pecora auront seuls le droit de brouter l’herbe. Vous m’avouerez que je ne fais pas mal d’achever tout doucement ma carrière dans la paix de la retraite qui seule soutient le reste de mes jours très languissants.
Heureux qui se moquent gaiement du rendez-vous donné dans le jardin pour aller souper en enfer, et qui n’ont point affaire à des fripons gagés pour abrutir les hommes, pour les tromper et pour vivre à leurs dépens.’
Notes
367.

 Les Querelles littéraires, t. IV, pp. 145-146.

368.

 Correspondance générale d’Helvétius, vol. II, lettre 386, p. 175, traduction. Il précise, le 5 février 1759, à propos de la censure qui se prépare contre l’Encyclopédie : « d’après ce que m’en disent des personnes en relation avec certains parlementaires, on peut craindre cependant qu’elle ne soit indulgente envers l’Encyclopédie » (lettre 414, p. 214, traduction).

369.

 Ibid., lettre 400, p. 194.

370.

 Sur l’unité problématique du clan des philosophes face au clan des anti-philosophes (dont l’unité est elle-même également problématique), voir notre cinquième partie, chap. 1, § 2.

371.

 Sur la position particulière de Rousseau, voir notre cinquième partie, chap. 1, § 3.

372.

 Mémoires... de C.-S. Favart, t. I, p. 29.

373.

 Nous ne développons pas davantage l’analyse de cette querelle, qui fait l’objet de notre chapitre 3.

374.

 Mémoires... de C.-S. Favart, t. I, p. 29.

375.

 Sur ce silence de Voltaire dans la querelle de la comédie des Philosophes, et sur les relations entre Voltaire et Palissot, voir notre cinquième partie, chap. 3, § 2 et chap. 1, § 2.

376.

 Dans le journal qu’il tient, relatant les affaires de la Librairie, l’inspecteur d’Hémery en signale les premiers exemplaires le 8 mai (B.N.F., ms. fr. 22161, f° 93).

377.

 Trés-humble Requête à Messieurs les Parisiens, p. 4.

378.

 L’Écossaise, II, 4.

379.

 G. Desnoiresterres, Voltaire et la société au XVIII e  siècle, t. V, p. 448.

380.

 Dans sa récente édition de Bélisaire, Robert Granderoute fait état de la « diversité des désignations » qui ont pu à l’époque être appliquées à ce texte : « conte », « roman », qualifié tantôt de « moral », tantôt de « politique » et de « philosophique ». Nous retenons l’expression de « récit pédagogique » que propose Robert Granderoute, qui met en évidence l’inscription de Bélisaire dans la lignée du Télémaque de Fénelon : « À son tour, l’auteur de Bélisaire tente de concilier plus ou moins heureusement histoire et fiction, romanesque et didactisme, prose et poésie » (Bélisaire, éd. établie, présentée et annotée par R. Granderoute, introduction, pp. XXV-XXVI et XXIX).

381.

 J. Renwick, « Marmontel, Voltaire and the Bélisaire affair », pp. 189, 210-211 et 238 (nous traduisons).

382.

 Voltaire ne dispose que du témoignage atténué que lui font parvenir d’Alembert et l’intéressé lui-même. En réalité, Marmontel a promis à Christophe de Beaumont de faire « telle rétractation qu’il voudrait ».

383.

 J. Renwick, éd., Anecdote sur Bélisaire, dans Oeuvres complètes, Oxford, The Voltaire Foundation, vol. 63A, pp. 165-166.

384.

 Sur la question de la “ discipline de parti ” qui se manifeste à l’occasion de cette querelle, voir notre cinquième partie, chap. 1, § 1.1.

385.

 J. Renwick, « Marmontel et Bélisaire : réflexions critiques sur les Mémoires », p. 62.

386.

 Mém. secr., t. III, p. 259.

387.

 Comme le rappelle Robert Granderoute, les idées développées dans le quinzième chapitre de Bélisaire rencontrent en effet des revendications lancées par exemple dans le Traité sur la tolérance, le Dictionnaire philosophique (art.« Fanatisme », « Tolérance ») et l’Encyclopédie (art. « Intolérance », « Tolérance »).

388.

 R. Granderoute, éd., Bélisaire, introduction, pp. XIV-XV et LII-LIII.

389.

 Voltaire joue ici sur le surnom dont il a affublé l’abbé Coger : Coge pecus, littéralement “ chasse le bétail ”. Sur les déformations infligées au nom de l’adversaire, voir notre quatrième partie, chap. 1, § 2.1.