c. La Diffusion Par Voie De Presse

Il faut, pour terminer, examiner les cas, statistiquement peu nombreux il est vrai, dans lesquels les pamphlets sont diffusés dans la presse périodique. En octobre 1757 paraît dans le Mercure de France un premier mémoire sur les Cacouacs, sous le titre d’Avis utile 714, qui marque le commencement de la campagne lancée par les anti-philosophes contre les encyclopédistes, désignés sous le nom de « Cacouacs ». En juin 1760, l’Observateur littéraire publie les Si et les Mais, dans une « lettre » fictivement adressée « à M. l’abbé de La Porte » qui, dans le cadre de la querelle de la comédie des Philosophes, s’efforce d’adopter une position mesurée, même si les traits visent essentiellement « l’Auteur des Libelles publiés contre M. Palissot 715 ». Remarquons toutefois que ce texte est également publié à part, tout comme le Rescrit de l’empereur de la Chine contre Rousseau, signalé par l’inspecteur d’Hémery le 9 avril 1761716, et publié sans nom d’auteur dans le Journal encyclopédique du 1er mai 1761. En juillet 1760, à la suite de la représentation de L’Écossaise, qui met en scène un certain M. Wasp, Fréron fait paraître dans l’Année littéraire la Relation d’une grande bataille 717, qui raconte sur un mode satirique la « bataille » qui a agité le parterre lors de la première représentation de la comédie de Voltaire. Enfin, le Journal encyclopédique publie, respectivement dans ses livraisons des 1er mai et 1er juin 1761, une Prédiction sur la Nouvelle Héloïse718, puis une Contre-prédiction au sujet de la Nouvelle Héloïse719. Le nombre de ces pamphlets est donc très limité, et l’on peut remarquer qu’il s’agit surtout de textes hostiles aux philosophes720. On objectera certes que la Défense de mon maître, que Voltaire rédige au cours de la querelle de Bélisaire, est publiée dans la Correspondance littéraire 721, mais ces nouvelles à la main à diffusion “ confidentielle ” ne sauraient être envisagées sur le même plan que les autres périodiques, revêtus d’une permission officielle.

On pourrait également prendre en considération le cas des articles, publiés dans la presse périodique, qui rendent compte de certains pamphlets en citant des extraits722. Il s’agit sans doute là d’un cas-limite de la diffusion de ces pamphlets, qui répond à une visée critique (lorsque l’objectif avoué est de dénigrer le pamphlet en question), ou / et publicitaire (qu’on le dénigre ou qu’on l’encense, on porte son existence à la connaissance du public, ce qui incite le lecteur, au-delà du compte rendu critique, à rechercher le texte723).

Le 1er juillet 1760, le Journal encyclopédique publie un compte rendu portant à la connaissance de ses lecteurs une « espéce de satyre » intitulée Le Pauvre Diable, dont le « véritable Auteur [...] seroit bien faché qu’on la crut de feu Mr. Vadé ». Or, non content d’en proposer une analyse critique, le journaliste se propose d’en donner des extraits : « Ne pouvant, ni ne devant pas rapporter tous les Vers, nous analyserons rapidement tout ce qui sera nécessaire pour les lier, & en faire un tout qui puisse être agréable ». On comprend certes qu’étant donnée la taille de l’article, le journaliste ne « puisse » pas reproduire dans son intégralité un texte qui comporte plus de quatre cents vers. Mais il précise aussi qu’il ne « doit » pas le faire, comme il a pu s’en expliquer quelques lignes auparavant. Cet « ouvrage en vers aisés » émane bien d’« une plume vive, hardie qui soumet tout ce quelle veut à la rime », mais c’est aussi une plume « qui ne se soumet à rien ; & voilà en quoi elle nous paroît très-reprehensible ». Face à un texte d’une éminente qualité littéraire, mais qui comporte aussi de coupables hardiesses, le journaliste expose alors le dilemme qui est le sien, et la solution de compromis à laquelle il s’est rallié :

‘Nous l’avouerons ingénument ; nous avons balancé à faire connoître cette folie : d’un côté, l’on y trouve des idées plaisantes & fines, des expressions neuves, des tournures originales ; & de l’autre, des méchancetés outrées. Composons avec l’Auteur ; laissons pour son compte certains traits, condamnons les à un profond oubli : & tirons parti de ce qu’il y a de plus joli dans cette débauche d’esprit. Au fond, il vaut mieux mutiler un Ouvrage, que de blesser ceux qui y sont désignés, soit nos amis, soit nos ennemis ; nous honorons trop les uns pour vouloir leur déplaire ; & nous estimons trop peu les autres pour leur faire croire qu’on a la bonté de penser à eux724.’

On voit comment le journaliste justifie la « mutilation » qu’il fait subir au texte de Voltaire, et que l’on peut observer à partir de l’analyse d’extraits. Tantôt en effet il pratique la censure, qu’il signale en principe par des lignes de pointillés. Ainsi de l’évocation de la visite du Pauvre Diable chez Fréron :

Après midi, dans l’Antre de Procope *725 ,
(C’étoit le jour que l’on donnoit Mérope)
Seul dans un coin, pensif & consterné,
Rimant une Ode, & n’ayant pas dîné,
Je m’accostai d’un homme à lourde mine,
Qui sur sa plume a fondé sa cuisine,
Grand écumeur des bourbiers d’Hélicon,
...................................................................
..................................................................
Je m’engageai, sous l’espoir d’un salaire,
A travailler à son Hebdomadaire726 :
Il m’enseigna comment on dépéçoit
Un Livre entier, comme on le recousoit,
Comme on jugeoit de tout par la Préface,
Comme on louoit un sot Auteur en place,
Comme on fondoit avec lourde roideur
Sur l’Ecrivain pauvre & sans protecteur727.

Les deux lignes de pointillés remplacent cette délicate présentation de Fréron :

De Loyola chassé pour ses frédaines,
Vermisseau né du cul de Des Fontaines,
Digne en tout sens de son extraction,
Lâche Zoïle, autrefois laid Giton.
Cet animal se nommoit Jean Fréron.
J’étois tout neuf, j’étois jeune, sincere,
Et j’ignorois son naturel félon728 :

La censure s’efforce tout d’abord d’éliminer les « personnalités729 » : mutilé de ces quelques vers, le texte ne désigne ainsi pas nommément « Jean Fréron », même s’il est plus que vraisemblable que les lecteurs du Journal encyclopédique ne devaient pas longtemps hésiter à identifier cet « homme à lourde mine, / Qui sur sa plume a fondé sa cuisine », qui plus est directeur d’un « Hebdomadaire ». Mais il faut garder en mémoire que de telles « personnalités » n’étaient pas admissibles dans des feuilles revêtues d’une permission730. En outre, la censure a pour conséquence d’édulcorer le texte. Les attaques les plus violentes (mais aussi les plus basses) contre Fréron ne figurent en effet pas dans le compte rendu, ni la rime « Fréron » / « félon », ni l’évocation des origines de ce « vermisseau », ni l’allusion aux passe-temps sodomites du « laid Giton », que Voltaire ne se prive pas de rappeler dans d’autres textes dans lesquels Fréron est à l’honneur731.

Tantôt le journaliste renonce à citer le texte de Voltaire, et se contente de résumer en quelques phrases le passage omis, afin d’assurer la liaison avec l’extrait suivant. C’est ainsi qu’après s’être sauvé de la boutique de Fréron, « le pauvre Diable reçoit en présent les Ouvrages d’un Auteur très-estimable auquel il s’en faut bien qu’il rende justice, & c’est ici où il se montre très-méchant Diable ». Ici encore le nom de cet « Auteur très-estimable » n’est pas mentionné, même si le public devait être averti que Voltaire a rédigé Le Pauvre Diable dans le cadre de la querelle suscitée par le discours de réception de Pompignan à l’Académie française. Quant aux raisons pour lesquelles « il se montre très-méchant Diable », rien n’en est dit. Le journaliste ajoute d’ailleurs qu’« il attaque encore d’autres Gens de Lettres très-estimés. Nous serions très-fâchés de partager son aigreur. Nous continuerons de nous en tenir aux traits généraux qui rendent cette satyre assez piquante732 ». Et de fait, ainsi expurgé de ses « personnalités » les plus évidentes, le texte peut bien être défini comme une « satyre733 », dès lors qu’il s’en tient à des « traits généraux ».

Nous l’avons dit, des considérations relatives à l’organisation de la Librairie peuvent expliquer la prudence du journaliste734. Cependant, il n’est pas anodin qu’un périodique comme le Journal encyclopédique, que Jacques Proust présente comme l’un des « alliés résolus et conséquents735 » de l’Encyclopédie, donne de si larges extraits d’un texte dirigé contre les adversaires des philosophes. Outre le fait qu’il porte à la connaissance du public l’existence du Pauvre Diable, il l’informe aussi de l’existence de « méchancetés » qui ne manqueront pas de piquer sa curiosité. Du reste, il ne faut peut-être pas être dupe de l’ultime argument qu’il allègue pour justifier la publication de l’ouvrage ainsi « mutilé » : « comme cette satyre est en manuscrit, les gens oisifs ou les méchans n’auront point occasion d’aller chercher dans l’Original les traits que nous écartons. Il est même à désirer que ce manuscrit ne passe pas en toute sorte de mains ; on pourroit en abuser ; & souvent ce qui n’est qu’un badinage de société, devient dans le monde un trés-grand scandale736 ». Certes, à la date du 1er juillet 1760, il est vraisemblable que le texte de Voltaire ne circule encore qu’« en manuscrit737 ». Mais peut-on raisonnablement imaginer qu’un ouvrage de Voltaire qui comporte « des idées plaisantes & fines, des expressions neuves, des tournures originales », pour ne rien dire des « méchancetés outrées », reste longtemps inédit ? Dès lors, un tel compte rendu ne se borne pas à mentionner l’existence du texte, mais il indique à ses lecteurs, dans le creux des censures pratiquées, les passages les plus méchants, en même temps que, sur le mode de la prétérition, il invite ces mêmes lecteurs à « aller chercher dans l’Original les traits » qui ont été écartés.

Outre la faible proportion des pamphlets publiés dans la presse, et en dépit des manoeuvres que les uns et les autres peuvent être amenés à mettre en place, ces textes apparaissent donc qualitativement plutôt modérés. Car, comme nous le signalions plus haut, ces périodiques font l’objet d’une permission officielle, ce qui suppose que leur contenu ait été examiné par un censeur. Et il suffit de suivre, par exemple, les démêlés de Fréron avec les autorités de la Librairie pour prendre conscience des difficultés que rencontrent les “ faiseurs de feuilles ” lorsque leur critique tourne à la satire. Dans une lettre du 1er août 1760, adressée à Malesherbes, Fréron fait le point sur la censure qui lui a été imposée pour sa Relation d’une grande bataille :

‘J’ai fait toutes les corrections que vous avez exigées et que M. Marin m’a indiquées de votre part ; et c’est bien à regret que j’ai supprimé les noms propres. Ce sont les noms propres qui font la moitié des noires plaisanteries de Voltaire, si l’on avait ôté les noms propres des satyres de Boileau, elles auroient perdu la moitié de leur sel. Voltaire le sçait bien et moi aussi. Mais vous ne jugez pas à propos, Monsieur, de me les permettre, j’obéis. [...] Il n’y a, Monsieur, que Te Voltarium que j’ai laissé738. Vous craignez, m’a dit Monsieur Marin, que les prêtres ne se formalisent et ne pensent qu’on a voulu tourner en dérision le Te Deum. Je vous assure, Monsieur, que cette idée est bien loin de moi. D’ailleurs, j’ai lu cet article à des Evêques et à des prêtres de St Sulpice ; je leur ai exprès demandé s’ils ne trouvoient rien à reprendre à Te Voltarium, et tous m’ont répondu que c’étoit une très innocente plaisanterie. Ainsi, Monsieur, je vous prie en grâce, de me la passer. Tout mon article n’est fait que pour amener cette chute, et je suis perdu si vous me la retranchez. Je vous supplie, Monsieur de m’accorder cette grâce. [...]
J’ai ôté tous les noms propres, excepté celui de M. de la Morl... Pour celui-là, Monsieur, j’espère que vous voudrez bien le laisser ; il mérite cette distinction.
Je vous envoie, Monsieur, la première épreuve que vous aviez hier et que vous m’avez fait demander, j’y joins l’Epreuve corrigée739.’

La version effectivement publiée dans l’Année littéraire est donc sans doute largement édulcorée. Du reste, devant les protestations de « M. de la Morl[ière] », qui est la seule personne dont il se soit permis de conserver le nom740, Fréron est obligé, dans sa feuille du mois d’août, d’adjoindre à sa Relation un post-scriptum dans lequel il fait amende honorable :

‘L’anonyme qui m’a envoyé la Relation de la Bataille, que j’ai insérée dans ma dernière Feuille, s’est trompé ou a été trompé au sujet de l’aîle gauche, à la tête de laquelle il a mis M. de la M... qui ne s’est point trouvé à ce fameux combat. Quel étoit donc le Commandant de cette aîle ? C’est un point historique qui me paroît mériter la peine d’être éclairci. Pour parler sérieusement, M. de la M........ n’étoit point à la Comédie Françoise le jour de la première représentation de l’Ecossoise ; ainsi tout ce qui roule sur son compte par rapport à la Bataille, n’a aucun fondement ; c’est une fausse allégation741.’

Et lorsque par la suite Fréron prévoit de consacrer un nouvel article à L’Écossaise, et rencontre de nouvelles difficultés de la part de son censeur, Coqueley de Chaussepierre, Malesherbes, dans une lettre datée du 20 août 1760, rappelle à Fréron qu’on ne peut pas tout dire dans des feuilles « expressément permises » :

‘Au fond cependant ce censeur n’a pas si grand tort de s’opposer aux personnalités. Il y en a, dites vous, dans l’Ecossoise, mais il n’y a dans l’Ecossoise ni nom propre ni de faits allégués, et on peut dire que vous étiés libre de ne pas prendre pour vous les injures qui y sont dites. Enfin tout ce qu’on peut vous permettre en considération de ces injures et par respect pour la loy du talion c’est de donner votre article dans une brochure séparée qui pourra estre du même format que vos feuilles, mais pour vos feuilles même comme elles sont expressément permises elles ne doivent point contenir des traits qui en eux mêmes sont répréhensibles et qui ne sont tolérables qu’à cause des circonstances. Au fond il faudra incessamment que tout cela finisse742.’

On voit donc que la “ tolérance ” que nous avons pu observer chez Malesherbes, en considération de la « loy du talion », ne s’exerce que lorsque la riposte est imprimée dans « une brochure séparée », en aucun cas dans une publication périodique « expressément permise », ce qui explique sans doute aussi que l’essentiel de la production pamphlétaire ne paraisse pas dans la presse.

C’est dire que la figure du rédacteur de feuilles pamphlétaires que les adversaires de Fréron s’emploient à édifier, apparaît à cette lumière largement mythique, du moins au cours de notre période. C’est pourtant une telle image que Voltaire accrédite, entre autres, dans la comédie de L’Écossaise. Ainsi du caractère de Frélon, sur lequel s’explique l’auteur de la préface :

‘le caractère de Frélon est si lâche, & si odieux, que nous avons voulu épargner aux lecteurs la vûe trop fréquente de ce personnage, plus dégoutant que comique. Nous convenons qu’il est dans la nature : car dans les grandes villes, où la presse jouït de quelque libertê, on trouve toujours quelques uns de ces misérables qui se font un revenu de leur impudence, de ces Aretins subalternes qui gagnent leur pain à dire & à faire du mal, sous le prétexte d’être utiles aux belles-lettres, comme si les vers qui rongent les fruits & les fleurs pouvaient leur être utiles743.’

Certes, un tel caractère existe bien « dans la nature » (et, de ce point de vue, la fiction anglaise est cohérente, puisque en Angleterre, « la presse jouït de quelque libertê »), mais par le choix du nom de Frélon, Voltaire suscite l’application744 au cas de Fréron qui, lui, écrit à Paris. Voltaire développe ce portrait dans le monologue de Frélon, représenté « dans un coin, auprès d’une table sur laquelle il y a une écritoire & du caffé ; lisant la gazette », aigri par tant de « graces répandües sur plus de vingt personnes » de mérite :

‘Je voudrais me venger de tous ceux à qui on croit du mérite. Je gagne déjà quelque chose à dire du mal, si je peux parvenir à en faire, ma fortune est faite. J’ai loué des sots, j’ai dénigré les talents ; à peine y a-t-il là de quoi vivre. Ce n’est pas à médire, c’est à nuire qu’on fait fortune745.’

Une telle profession de foi tend à accréditer l’image du faiseur de feuilles, qui (ab)use de sa plume pour « nuire ». Vision mythique, nous l’avons dit, mais qui ne doit néanmoins pas nous faire sous-estimer le fait que se met en place une opposition entre périodiques qui tend à se radicaliser au cours de notre période. Outre le Journal chrétien, les Nouvelles ecclésiastiques 746 et les Mémoires de Trévoux, les anti-philosophes disposent, avec l’Année littéraire, d’un organe de presse privilégié. Du côté des philosophes, on ne recense guère que le Journal encyclopédique et le Mercure de France qui “ devient philosophe ” à la fin des années 1750747. On peut dans cette perspective émettre l’hypothèse selon laquelle le combat que se livrent philosophes et anti-philosophes se développe également, sur un mode autre que celui de l’échange pamphlétaire, par périodique interposé, même si, ponctuellement, ces deux démarches peuvent occasionnellement se rejoindre748. C’est en tout cas ainsi que Fréron conçoit ses feuilles, d’après la lettre qu’il écrit à Malesherbes le 31 juillet 1760 : « Le travail de mon année littéraire ne me permet pas de faire de petites brochures détachées ; mon ouvrage m’occupe tout entier, et ne me laisse point le temps de faire autre chose. Mes feuilles sont mon théâtre, mon champ de bataille ; c’est là où j’attends mes ennemis, et où je dois repousser leurs coups749 ». Et le retentissement de cette Année littéraire pourrait bien avoir amené les hommes de lettres de l’époque à prendre conscience de l’importance de la presse périodique dans une stratégie de guérilla permanente au cours de laquelle il s’agit d’“ occuper le terrain ” de l’affrontement idéologique, alors que les pamphlets sont nécessairement ponctuels et sporadiques.

Notes
714.

 Mercure de France, oct. 1757, t. I, pp. 15 et suiv.

715.

 Obs. lit., 1760, t. III, p. 143.

716.

 B.N.F., ms. fr. 22162, f° 20 verso.

717.

 An. lit., 1760, t. V, pp. 209 et suiv.

718.

 Journ. enc., 1761, t. III, 3ème partie, pp. 88 et suiv.

719.

 Ibid., t. IV, 2ème partie, pp. 102 et suiv.

720.

 La situation de Rousseau est tout à fait particulière : voir notre cinquième partie, chap. 1, § 3.

721.

 Cor. lit., t. VIII, p. 29.

722.

 On lira, dans notre chapitre 3, un exemple du rôle ambigu que joue la presse périodique dans la diffusion des accusations portées dans les pamphlets : dans le compte rendu qu’il livre des Quand contre Pompignan, Fréron prend involontairement le relais de Voltaire, en signalant qu’« on avance que M. de Pompignan a été privé pendant six mois de sa charge de Premier Président de la Cour des Aides de Montauban pour avoir traduit la Prière Universelle de Pope, qu’on prétend être celle d’un Déïste » (An. lit., 1760, t. V, p. 124). En outre, il importe de distinguer ces comptes rendus critiques des textes qui peuvent être appelés “ pamphlets ”. Sur cette question, voir notre première partie, à l’article “ Critique ”.

723.

 Voir notre chap. 3, § 1.

724.

 Journ. enc., 1760, t. V, 1ère partie, pp. 126-127.

725.

* Fameux Caffé de Paris, vis-â-vis la Comedie Françoise : quoiqu’il ait changé de nom depuis quelques années, on le connoit toujours sous celui-ci. (Note du journaliste.)

726.

 Restituons ici un vers omis : « Qu’aucuns nommoient alors patibulaire » (Le Pauvre Diable, p. 60). Il est impossible de décider si cette omission correspond à une erreur d’édition, ou si elle s’explique par une censure volontaire.

727.

 Journ. enc., 1760, t. V, 1ère partie, pp. 129-130.

728.

 Le Pauvre Diable, pp. 59-60.

729.

 Sur cette question, voir notre quatrième partie, chap. 1, § 2.

730.

 Sur cette question, voir plus haut, § 1, ainsi que notre deuxième partie, chap. 1, § 1.1.

731.

 Voir, entre autres, les Anecdotes sur Fréron, les Fr..., ou encore le chapitre V de La Défense de mon oncle, intitulé « De la sodomie ».

732.

 Journ. enc., 1760, t. V, 1ère partie, pp. 130-131.

733.

 Sur la distinction entre pamphlet et satire, voir notre première partie, à l’article « Satire ».

734.

 Certes, le Journal encyclopédique, imprimé à Bouillon, échappe à l’examen vigilant des censeurs auquel sont soumis les périodiques imprimés en France. On peut néanmoins admettre que les auteurs du Journal encyclopédique devaient faire preuve d’une certaine prudence, afin que la distribution de leur périodique fût permise sur le territoire français.

735.

 J. Proust, Diderot et l’Encyclopédie, p. 65.

736.

 Journ. enc., 1760, t. V, 1ère partie, p. 127.

737.

 L’inspecteur d’Hémery en signale la version imprimée le 3 juillet 1760 (B.N.F., ms. fr. 22161, f° 102 verso).

738.

 La Relation se termine en effet par ce trait décoché contre Voltaire : « Un Bal philosophique qui dura jusqu’à huit heures du matin, termina la fête. Les Sénateurs, en se retirant, ordonnèrent qu’on eût à s’assembler aux Tuileries sur les six heures du soir pour chanter un TE VOLTARIUM » (p. 216). Cette pointe fait sans doute également allusion à l’épisode des Te Deum rapporté dans le chapitre 3 de Candide.

739.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, pp. 286-287.

740.

 Pour les autres personnages qu’il met en scène, Fréron a eu recours à des noms somme toute assez transparents : cette « espèce de Savetier appelé Blaise qui faisoit le Diable à quatre » désigne Sedaine, auteur de Blaise le savetier et du Diable à quatre ; le « redoutable Dortidius » désigne Diderot, qui avait déjà été baptisé ainsi dans la comédie des Philosophes, etc.

741.

 An. lit., 1760, t. V, pp. 288-289.

742.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 293.

743.

 L’Écossaise, préface, p. VI.

744.

 Sur la question des « personnalités » et des « applications », voir notre quatrième partie, chap. 1, § 2.

745.

 L’Écossaise, I, 1.

746.

 Le Journal chrétien n’agite guère que des questions théologiques, qui se situent en marge des querelles “ littéraires ” qui nous intéressent. Les Nouvelles ecclésiastiques, organe janséniste, est interdit en France, mais dispose d’un circuit de diffusion clandestin particulièrement efficace, qui donne bien du fil à retordre aux autorités de la Librairie. Dès son troisième Mémoire sur la Librairie de février 1759, Malesherbes, arguant de « l’inutilité des efforts de M. Héraut [...] pour empêcher les Nouvelles ecclésiastiques », soutient « qu’il faut tolérer [...] même [...] la Gazette ecclésiastique si les Auteurs étaient assez imprudens pour profiter des facilités qu’on leur donnerait », ce qu’il ne pense d’ailleurs pas (pp. 103 et 100). Ce périodique aborde lui aussi des querelles qui ne correspondent pas aux nôtres (voir notre deuxième partie, chap. 2, § 2).

747.

 On se souvient que c’est dans ce même Mercure qu’est publié le premier mémoire sur les Cacouacs, hostile aux philosophes, en 1757. L’“ engagement” du Mercure de France mériterait toutefois d’être nuancé. Certes, sur l’intercession de Mme de Pompadour, Marmontel est nommé le 27 avril 1758 à la tête du périodique, aidé de Coste et de Suard. Mais la position de Marmontel demeure très timide : « entre ses débuts et sa fin, de 1758 à 1789, il sut rester fidèle, sinon à l’esprit philosophique, du moins à la famille voltairienne [...]. Il fut davantage “ client ” [...] du groupe philosophique que militant ardent. Il eut beau déclarer sa volonté de “ se purifier chez les cakouacs ” (lettre à Voltaire du 5 mai 1758), Voltaire eut beau lui demander en termes non voilés, à propos du Mercure “ de le relever et d’en faire un très bon journal ” (lettre de Voltaire, du 16 mai 1758, B.N., f. fr. 12941, p. 409), Marmontel ne fit pas de ce journal la tribune philosophique qu’espérait Voltaire et un antidote contre les poisons de Fréron, qui, en 1759, revenait au vieil ennemi [...]. » (J. Sgard, dir., Dictionnaire des journalistes (1600-1789), p. 261). Marmontel est du reste écarté de la direction du Mercure au début de 1760, après le bref séjour qu’il passe à la Bastille pour avoir mécontenté le duc d’Aumont. Voir également J. Wagner, Marmontel journaliste et le Mercure de France (1725-1761), Presses Universitaires de Grenoble, 1975.

748.

 La diffusion des pamphlets dans la presse ne prendra son plein essor que dans la période révolutionnaire, comme l’a montré Pierre Rétat, dans les travaux qu’il a consacrés notamment aux « pamphlets numérotés » : il se propose en effet d’observer « la frontière, de part et d’autre de laquelle le pamphlet devient série et le journal prend des formes qui en sont proches » (« Pamphlet numéroté et journal en 1789 », dans The Press in the French Revolution, p. 71).

749.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 285.