ii. Le Retentissement Du Pamphlet

La “ publicité ” d’un pamphlet se juge au retentissement dont il est l’objet, et qui en est, d’une certaine manière, la conséquence800. Les témoignages de l’époque attestent en effet le « bruit » qu’a suscité la publication de certains pamphlets. Ce « bruit » est d’abord une affaire de discours : un pamphlet “ fait parler ”, comme si ces effets d’annonce et d’amplification que nous avons analysés se trouvaient relayés par les discours de nature différenciée qui entourent cette publication, notamment lorsque certains traits, voire l’intégralité du pamphlet, se trouvent ainsi véhiculés de bouche à oreille. Ce phénomène de la “ répétition ” du pamphlet au cours de cette transmission orale est en outre confirmé par les rééditions auxquelles il a pu donner lieu, rééditions effectuées sur le moment, pour répondre à un engouement du public, mais également parfois beaucoup plus tard, attestant en quelque sorte la permanence (malgré tout relative), de la “ mémoire” du pamphlet.

Notes
800.

 Signalons que le mécanisme fonctionne également en sens inverse : Voltaire signale en effet, à propos des « détestables Editions qu’on a faites en Hollande » de ses « prétendus Ouvrages » que « le plus sûr secret pour un honnête Libraire, c’est d’avoir soin de mettre à la fin des Ouvrages qu’il imprime toutes les horreurs & toutes les bêtises qu’on a imprimées contre l’Auteur. Rien n’est plus propre à piquer la curiosité du Lecteur & à favoriser le débit ». On voit ainsi que ce sont alors ces “ pièces fugitives ” qui, parce que prisées, peuvent « favoriser », en retour, le débit de l’ouvrage (Monsieur de Voltaire peint par lui-même..., Lettre XL, « Sur les manoeuvres de ses Ennemis », p. 76).