b. Un Public Aux Contours Mouvants

Le 19 novembre 1775, si Fréron écrit à Monseigneur l’archevêque d’Auch, c’est qu’il « espère » trouver « justice » « dans un corps auguste qui ne voit jamais que le bien, et qui est au dessus de toute prévention, de toute suggestion, de toute insinuation perfide ». Et, corollairement, c’est aussi parce que « le public, ou plutost un certain monde à qui [s]es ennemis, c’est à dire ceux de la Religion, peuvent en avoir imposé, ne [lui] rend pas justice845 ». Il ne précise malheureusement pas ce qu’il entend par ce « certain monde », victime selon lui des manoeuvres de ses ennemis.

Étant donnés les degrés différenciés d’accès aux textes pamphlétaires846, les contours du public (réel) susceptible d’être concerné par les pamphlets écrits dans le cadre de nos querelles présentent nécessairement une géométrie variable. Mais à ce paramètre de fait s’ajoute parfois, comme on peut l’observer à l’occasion avec Voltaire, l’intention manifeste de ne s’adresser qu’à un public restreint. Nous nous efforcerons donc d’évoquer les cercles successifs à l’intérieur desquels s’exerce l’influence des pamphlets.

Alors que, après la publication de L’Esprit, Helvétius a dû subir les foudres d’Omer Joly de Fleury, Voltaire lui écrit, le 11 mai 1761 (Best. D 9777) : « il me revient que cet Omer est fort méprisé de tous les gens qui pensent. Le nombre est petit je l’avoue, mais il sera toujours respectable. C’est ce petit nombre qui fait le public. Le reste est le vulgaire. Travaillez donc pour ce petit public sans vous exposer à la démence du grand nombre ». Par ces mots, il définit une stratégie pour la lutte contre l’infâme qui privilégie le petit nombre des « gens qui pensent » dont il s’agit de faire des « adeptes » en les éclairant. Même s’il est possible qu’au cours de notre période il s’infléchisse quelque peu847, ce principe explique de quelle manière Voltaire conçoit la diffusion de ses propres pamphlets. On se rappelle en effet que Voltaire adresse en principe ses pamphlets à ses « frères », qui s’emploient ensuite à les diffuser848. Toutefois, essentiellement par mesure de prudence, certains de ces pamphlets sont destinés à rester dans le cercle étroit de quelques happy few, comme en témoigne une lettre adressée le 21 décembre 1763 à Damilaville (Best. D 11577), dans laquelle Voltaire distingue les ouvrages faits « pour les adeptes » de ceux qui concernent « la multitude ». À n’en pas douter, la Lettre du quakre relève de la première catégorie :

‘on me mande aussi de Paris que l’édition publique de la Lettre du quakre pourrait faire grand tort à la bonne cause, que les doutes proposés à Jean-Georges sur une douzaine de questions absurdes, rejaillissent également contre la doctrine, et contre l’endoctrineur, que le ridicule tombe autant sur les mystères que sur le prélat, qu’il suffit du moindre Gauchat, du moindre Chaumeix, du moindre polisson orthodoxe, pour faire naître un réquisitoire de maître Omer, que cet esclandre ferait grand tort à la Tolérance, qu’il ne faut pas sacrifier un bel habit pour un ruban, que ces ouvrages sont faits pour les adeptes, et non pour la multitude.’

C’est qu’une plaisanterie, un « ruban » de la nature de la Lettre du quakre ne doit pas nuire à la diffusion du « bel habit » du Traité sur la tolérance qui est déjà si difficile. En tout état de cause, il ne faut pas donner à l’infâme l’opportunité de manifester un regain de vigueur. Il faut savoir rire entre « adeptes849 », et ne pas compromettre l’essentiel pour l’accessoire.

Voltaire définit d’ailleurs en ces termes le public auquel s’adressent des textes comme La Défense de mon oncle : « les jeunes dames qui sortent de l’opéra-comique pour aller chanter à table les jolies chansons de M. Collé ; les jeunes officiers, les conseillers, même de grand’chambre, messieurs les fermiers généraux, enfin tout ce qu’on appelle à Paris la bonne compagnie 850 ».

Cette « bonne compagnie » correspond aussi à ces « gens du monde, qui aiment la satire » qui, explique l’abbé Morellet, allaient l’« accueillir mieux que jamais » après les poursuites qu’il a encourues pour avoir écrit La Vision de Charles Palissot. Il signale d’ailleurs dans ses Mémoires : « je ne pouvais éviter de lire moi-même ma Préface dans quelques maisons où l’on me trouvait le petit talent de bien lire851 ».

Homme du meilleur monde également que ce comte de Durazzo, et qui, le 23 août 1760, « répète » à son correspondant Favart la curiosité qu’il manifeste pour les textes « qui se vendent sous le manteau » :

‘quoique je vous aie prié de vous étendre sur les ouvrages nouveaux et sur les livres qui paroissent tant sur le théâtre qu’en particulier, je ne suis pas tant curieux de cette partie dont les analyses se trouvent dans les journaux et les mercures, que des livres nouveaux ou feuilles qui se vendent sous le manteau, et dont les journaux ne parlent pas, et que je vous prie de m’annoncer d’abord.’

Favart remplit d’ailleurs cet office avec zèle, et n’hésite pas à lui envoyer « les petites brochures » qui lui paraissent « dignes de son attention », y compris celles qui le sont moins « par leur bonté » que « parce qu’elles formeront une collection qui deviendra précieuse par sa rareté852 ».

Le cas du comte de Durazzo est, d’une certaine manière, exemplaire de ces hauts personnages résidant à l’étranger, férus de culture française, et désireux de se tenir au courant de “ ce qu’il se passe ” en France. Mais la passion de la collection atteint une sorte de paroxysme avec le marquis Paulmy d’Argenson, qui rassemble plusieurs dizaines de milliers de livres dans son hôtel devenu aujourd’hui la Bibliothèque de l’Arsenal. Et parmi ces ouvrages figurent bon nombre de pamphlets que nous étudions, réunis dans des recueils factices que nous avons pu consulter, et dont certains portent les armes de la famille d’Argenson.

Cet homme de Cour n’est du reste pas le seul à trouver quelque intérêt à la lecture des pamphlets. Selon Jean-Louis Vissière, c’est notamment dans le milieu de la Cour que les anti-philosophes trouvent les lecteurs des « fantaisies sérieuses853 » qu’ils lancent contre les encyclopédistes. Nous avons vu également que, directement ou indirectement, les pamphlets voltairiens pouvaient être adressés à des Grands854, selon une stratégie qui se fixe pour objectif premier de toucher les élites pour les gagner à la “ bonne cause855 ”.

On le voit, cette « bonne compagnie » est d’abord parisienne. Et nombreux sont les témoignages qui attestent l’ancrage parisien des querelles littéraires, tant il est vrai que, comme l’affirme Voltaire à Jean-Robert Tronchin le 13 septembre 1760 (Best. D 9224), « la guerre littéraire n’est bonne que pour Paris ». Grimm signale ainsi qu’à Paris, au moment de la « brouillerie de J.-J. Rousseau avec M. Hume », « toute autre nouvelle fut rayée de la liste des sujets d’entretien pendant plus de huit jours », et que « la célébrité des deux combattants, qu’on se flattait de voir incessamment aux prises, absorba toute l’attention du public856 ». Que dire en outre du succès remporté par la comédie des Philosophes ? Favart écrit le 18 mai 1760 : « La comédie des Philosophes est toujours suivie ; il y a peu d’exemples d’une pareille affluence ; mais ce concours prouve moins l’excellente bonté de la pièce que la dépravation du coeur humain857 ». Ce succès est en quelque sorte consacré sur le théâtre de la Comédie-Italienne, lors de la représentation du Petit Philosophe de Poinsinet.

À la scène X, Valentin, le valet de Damon, annonce en effet en ces termes à son maître le succès de la pièce de Palissot :

VALENTIN
Si vous aviez pû voir quel bachanal affreux,
Le tapage, les cris, les plaintes, les querelles,
On ne pouvait entrer sans livrer un combat.
Sçavez-vous bien, Monsieur, que les Pieces nouvelles
Sont à présent des affaires d’éclat,
Tandis que dans la rue à travers les bourades,
Des Caffés de Paris, les obscurs citadins
S’entredonnaient poliment des bourmades,
Et bravement se faisaient prendre aux crins.
De toutes nouveautés cette foule idolâtre,
Ces opulents oisifs, qu’on appelle amateurs,
Escaladaient les Loges, le Théâtre ;
Les femmes même osaient partager leurs fureurs,
Compromettaient l’orgueil de leur toilette,
Et semblaient oublier en ces grandes rumeurs,
Que se laisser pousser sans mourir de vapeurs,
     C’est déroger à l’étiquete858.

Pour autant, ce public nombreux, formé des « obscurs citadins » des « Caffés de Paris », de ces « opulents oisifs, qu’on appelle amateurs », de ces « femmes » oublieuses de l’« étiquete », qui se presse à la représentation de la comédie de Palissot est-il le même que celui qui s’empare des pamphlets échangés dans le cadre de la querelle qui suit ? Il n’est certes pas interdit de le penser, étant donné que le succès des Philosophes repose en particulier sur les personnalités qui y sont généreusement répandues.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que le public parisien des pamphlets, dont la composition nous échappe dans le détail, gravite autour d’une série de lieux stratégiques. Il s’agit tout d’abord du monde des salons. Le 18 juillet 1760, Voltaire fait parvenir le Russe à Paris à Mme Geoffrin (Best. D 9072a), avec ce commentaire : « M. Alétof, en mourant, recommanda très expressément à son cousin d’envoyer un exemplaire à Madame Geoffrin, attendu qu’elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l’auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris ». Morellet rapporte dans ses Mémoires que Mme Necker s’adressa à Marmontel, à l’abbé Raynal et à lui « pour jeter les fondements de sa société littéraire » :

‘On choisit un jour pour ne pas se trouver en concurrence avec les lundis et les mercredis de Mme Geoffrin, les mardis d’Helvétius, les jeudis et les dimanches du baron d’Holbach.
Le vendredi fut le jour de Mme Necker, et notre société se forma, outre nous-mêmes, de l’abbé Arnaud, Thomas, Grimm, Mme de Marchais, devenue depuis Mme Dangivillers, le chevalier de Chastellux, M. Watelet, etc859.’

On imagine qu’une telle société pouvait difficilement résister à la tentation de discuter des dernières productions pamphlétaires. Mais, au-delà de ces assemblées de gens de lettres ou apparentés, il est vraisemblable que de telles discussions animaient également les « obscurs citadins » des « Caffés de Paris » qui se rendent en masse à la représentation des Philosophes. Il n’est pas rare en effet de rencontrer dans ces endroits, à la suite du Pauvre Diable, des écrivains de la trempe de Gresset, auteur de comédies satiriques comme ce Méchant que l’on accuse Palissot d’avoir, entre autres, plagié dans les Philosophes :

Je rencontrai Gresset dans un Caffé,
Gresset doué du double privilége
D’être au Collége un bel esprit mondain,
Et dans le monde un homme de Collége ;
Gresset devot ; long-temps petit badin,
Sanctifié par ses palinodies,
Il prétendoit avec componction
Qu’il avoit fait jadis des Comédies,
Dont à la Vierge il demandoit pardon.

Entre autres mauvaises rencontres, le Pauvre Diable rencontre, dans « l’antre de Procope » un certain « Jean Fréron » :

Enfin un jour qu’un surtout emprunté
Vétit à cru ma triste nudité,
Après midi, dans l’antre de Procope,
(C’étoit le jour que l’on donnoit Mérope),
Seul dans un coin, pensif & consterné,
Rimant une Ode & n’ayant point dîné,
Je m’accostai d’un homme à lourde mine,
Qui sur sa plume a fondé sa cuisine,
Grand écumeur des bourbiers d’Hélicon,
De Loyola chassé pour ses frédaines,
Vermisseau né du cul de Des Fontaines,
Digne en tout sens de son extraction,
Lâche Zoïle, autrefois laid Giron.
Cet animal se nommoit Jean Fréron860.

En 1760 toujours, dans Le Caffé ou l’Écossaise, Voltaire représente dans un semblable repaire celui qui, dès 1756, avait pu être ironiquement désigné comme « le Flambeau de la Littérature moderne », « dont les jugemens sont autant d’Oracles dans plus de huit ou dix Maisons, & de quinze ou vingt Caffés de Paris861 ». Outre ces lieux de rencontre d’un personnage comme Fréron, entouré du halo polémique que l’on connaît, les cafés sont aussi des lieux où peuvent circuler des pamphlets, comme on l’apprend par une lettre du 25 avril 1753, adressée à l’inspecteur d’Hémery par... Fréron :

‘On a envoyé à Dubuisson qui est le maître du Caffé le Procope un paquet par la poste qui lui a coûté dix sept sols de port. Il a ouvert ce paquet et a trouvé une petite brochure intitulée « L’Art de bien argumenter en philosophie réduit pratique par un vieux capitaine de cavalerie travesti en philosophe ». Cette brochure a pour épigraphe ces deux mots d’Ovide « spectemur agendo » ; elle porte le nom de la ville de Hambourg, et il a apparence qu’elle a été imprimée à Leipsick par Voltaire lui-même, et qu’il l’a envoyée de là à Paris. Je c[r]ois même avoir reconnu son écriture sur l’adresse862.’

Le commerce des pamphlets s’effectue enfin notamment dans un certain nombre de « lieux privilégiés » qu’évoque Malesherbes dans son quatrième mémoire « sur les Réglemens à faire pour empêcher l’impression, le commerce et l’introduction des livres défendus » de mars 1759. Malesherbes s’en prend à « la nécessité » imposée aux libraires « d’habiter dans le quartier de l’Université » :

‘Cependant le commerce de Librairie étant devenu plus considérable, cette règle a été enfreinte, et c’est ce qui a donné lieu, non-seulement aux Colporteurs sans qualité qui vont dans les maisons, mais encore à tous ces Marchands de livres dont les lieux privilégiés, comme le Louvre, les Tuileries, le Palais-Royal, etc., sont remplis. Je crois qu’il aurait mieux valu autoriser expressément plusieurs Libraires à demeurer dans les quartiers éloignés de l’Université, et empêcher surtout qu’ils n’établissent leur habitation dans des lieux d’asyle où il leur est plus aisé de commettre la fraude avec impunité863.’

Jean-Paul Belin rappelle en effet qu’« on donnait à des colporteurs des permissions de faire des ventes de livres dans les salles des Tuileries. Des personnes de la Cour y obtenaient des places pour les colporteurs qu’elles protégeaient ». Quant au Palais-Royal, « où le beau monde aimait fort à se promener », « on y était d’autant plus tranquille » qu’« appartenant au duc d’Orléans, il était particulièrement difficile pour la police d’y pénétrer864 ». Or le témoignage de Morellet prouve que ces lieux attiraient les lecteurs de pamphlets, sa Vision de Charles Palissot étant lue « partout », et notamment « aux Tuileries et au Palais-Royal », où l’on « voyait des groupes de lecteurs riant aux éclats865 ». Et, lorsqu’il rend compte des Quand de Voltaire contre Pompignan, le 16 juillet 1760, Fréron commence son article par la relation d’une promenade aux Tuileries :

‘Hier au soir, après avoir fait quelques tours de promenade aux Tuileries, je m’assis sur un banc où deux personnes que je ne connaissois pas & dont je n’étois point connu, s’entretenoient assez haut pour qu’il n’y eût ni indiscrétion ni impolitesse de ma part à les entendre. Il étoit question des Quand contre M. de Pompignan 866.’

Les documents relatifs aux affaires de la Librairie mettent également en évidence l’existence de lieux de vente qui connaissent une affluence notable à certaines périodes de l’année. Ainsi du parc de Saint-Cloud, pendant « l’octave de notre Dame de Septembre ». On lit en effet le 12 septembre 1760 qu’« il y avoit le 8. de ce mois jour de la nativité plusieurs marchands Libraires forains qui avoient dans le Parc de St. Cloud des Etalages de brochures les plus reprehensibles entr’autres celles ayant pour titre ; la Preface contre Palissot, le Pauvre Diable &c. » Or, note le rédacteur, « comme ces gens reviendront encore Dimanche prochain », « ce seroit le Cas de les arrêter et de saisir tous leurs livres parcequ’ils sont contrefaits ou sans permission, d’ailleurs cet exemple est necessaire pour reprimer l’indecence avec la quelle on vend et on imprime en Province les Choses les plus deffenduës ». Si la police a entrepris de telles démarches, force est pourtant de constater qu’elles n’ont pas dû s’avérer efficaces, puisqu’il est rappelé, le 3 septembre 1762, que « depuis environ deux ans quantité de Colporteurs normands qui courent les provinces se sont avisés devenir a St. Cloud pendant l’octave de la notre Dame de Septembre ou ils vendent et Etalent sous les yeux du Public, dans le parc et dans les environs touttes sortes de mauvais Livres contre les moeurs la Religion et même les plus deffendus sur les affaires presentes », et qu’« il y a apparence qu’ils continueront encore cette année867 »...

Comme l’explique Voltaire à Élie Bertrand le 5 juillet 1760 (Best. D 9038), Paris semble bien être la ville par excellence où l’on s’amuse des « brochures » :

‘On a fait à Paris la guerre des brochures. Les Palissot, les Pompignan sont un peu battus en vers et en prose. Cela amuse les badauds de Paris qui s’occupent plus de ces bagatelles que de ce qui se passe en Silésie. Le Parisien trouve toujours le moyen d’être heureux au milieu des malheurs publics, et cantilenis miserias solabantur.’

Ainsi, par exemple, des monosyllabes contre Pompignan, que Voltaire évoque dans la dernière strophe des Oui :

Oui, tout Paris, qui l’envisage
Comme un seigneur de Montauban,
Le chansonne, et rit au visage
De ce Lefranc de Pompignan868.

Il est bien difficile de délimiter ce que recouvre l’expression « tout Paris », tant il est vrai qu’il s’agit là d’une expression figée, et que même prise au sens propre, elle pourrait s’expliquer par l’exagération dont sont coutumiers les pamphlétaires. Lorsqu’il évoque le rôle des colporteurs, Jean-Paul Belin signale qu’ils « avaient trois procédés ordinaires pour vendre les livres dont leur clientèle était friande : ou bien ils les étalaient dans les lieux publics, ou ils les colportaient dans les rues, les cafés, les promenades, les théâtres, ou enfin ils allaient jusque dans les maisons particulières pour y offrir les nouveautés ». Mais, précise-t-il, « dans les trois cas, c’était toujours aux mêmes personnes qu’ils s’adressaient, aux ecclésiastiques, aux magistrats, surtout aux nobles, à tous les gens du monde, qu’ils fussent de la Cour ou de la ville869 ».

En revanche, d’après Jean Balcou, il ne faudrait pas trop restreindre le cercle de l’audience des pamphlets voltairiens, aux seuls « honnêtes gens ». Se fondant sur une lettre du 28 novembre 1759 (Best. D 8618) dans laquelle Thieriot « mande » à Voltaire que la Relation... du jésuite Berthier se vend « à tous les carrefours », Jean Balcou précise :

‘Le succès de la Relation amène à nuancer ce que nous disions, à la suite de Voltaire, d’une limitation élitiste de la campagne contre l’Infâme. Au centre de la « cible » ( pour employer le vocabulaire d’aujourd’hui (, ce sont assurément les « honnêtes gens » qui sont visés. Mais est atteint en même temps, dans les marges, un plus vaste public, qu’on ne saurait circonscrire. À Paris et dans les grandes villes, de petites gens lisent ( ne serait-ce que dans les cabinets de lecture870 (, s’intéressent à des pensées différentes de celles qu’elles entendent aux sermons monotones du dimanche. L’une des parties fortes de la société française au dix-huitième siècle est constituée par la classe des artisans, pour lesquels l’exercice même du métier, hors normalisation et standards, exige réflexion et parfois invention. Qu’on songe à la boutique de l’horloger parisien Caron. Si le père, protestant converti, demeure profondément croyant, les idées philosophiques gagnent ses filles et surtout son fils, qui deviendra Beaumarchais (et futur éditeur de Voltaire). On peut estimer que la famille Caron ne représente pas une exception dans l’artisanat parisien871.’

Cette mise au point appelle plusieurs remarques. Tout d’abord, l’exemple invoqué de Beaumarchais peut-il être considéré comme “ représentatif ” ? Au-delà de cette « bonne compagnie » que nous évoquions, peut-on admettre que « de petites gens » aussi « lisent » nos pamphlets littéraires ? Lorsqu’il s’en prend aux encyclopédistes, Palissot signale bien que « ce peuple, cette multitude, ce vulgaire, qui pourtant a quelquefois les yeux assez perçans, crut entrevoir que ces Messieurs avaient trouvé le secret de ramener tout à eux dans des Ouvrages mêmes qui semblaient faits pour louer les autres872 ». Est-ce à dire pour autant qu’au-delà de leurs « Ouvrages », ce « peuple » lise également les pamphlets de « ces Messieurs » ? qu’ils lisent même ces Petites Lettres, dédiées « à Madame la princesse de ****** » ? Analysant le fonctionnement de la République des Lettres, ce qui l’invite à évoquer certaines stratégies pamphlétaires873, Thorel de Campigneulles écrit pourtant, dans son Discours sur les Gens de Lettres : « Que sur les ailes du Génie un grand Homme s’élève à l’immortalité, les Républicains ne disent pas que c’est un mauvais Ecrivain, parce qu’on ne les croirait point. Ils se contentent de noircir ses moeurs, de crier à l’Athée, au Déiste, au Spinoziste, & cela prend chez le peuple874 ». Il semble donc que non plus seulement (et d’une manière générale) « le public », mais plus précisément « le peuple » puisse être la dupe des manoeuvres déployées dans les pamphlets, même si, malgré tout, Palissot paraît lui reconnaître une certaine clairvoyance. Resterait néanmoins à définir dans quelle acception est pris le mot « peuple ». Il pourrait en effet bien s’agir d’une appellation générique désignant, comme dans l’expression « le peuple de Paris », plus qu’une catégorie sociale bien déterminée, la “ population ” considérée dans son ensemble875. À défaut de pouvoir affirmer avec certitude que « le peuple » ainsi entendu “ lit ” les pamphlets, il est toutefois possible d’admettre que le « bruit » qu’ils suscitent est tel876 qu’il “ entend parler ” du contenu polémique qu’ils contiennent. Jean-Paul Belin signale en effet à cet égard que si « les artisans, les ouvriers, ne connurent Voltaire et Rousseau qu’au moment de la Révolution, quand leurs tribuns les leur commentèrent dans des discours enflammés ou réduisirent leurs maximes en textes de lois », et si. « au moment de leur apparition, ils ignorèrent certainement les grands ouvrages du siècle », ils n’ont cependant « pas pu être complètement indifférents au bruit des querelles littéraires les plus retentissantes877 ».

Peut-on, par ailleurs, suivre Jean Balcou lorsqu’il étend le « public » des pamphlets aux « grandes villes » ? Autrement dit, au-delà du “ microcosme ” parisien, l’influence de ces pamphlets gagne-t-elle la province ? Le débat est ouvert, à propos de la comédie des Philosophes, autour de la question des allusions que risquent de ne percevoir ni la « postérité » ni, et ce d’une manière immédiate, le public des « Pays Etrangers », mais aussi celui de la « Province » :

‘On a ri aux Philosophes : mais la postérité y rira-t-elle, comme on rit & on rira toujours aux Femmes savantes ? On a ri dans la Capitale : mais rira-t-on en Province, ou dans les Pays Etrangers, si un Ecolier ne sachant que faire, vouloit perdre son tems à traduire la Piéce ? [...]
Qu’on retranche les personnalités de ce phantôme de Comédie qui a grimacé, en montrant les dents, sur notre Scène, que restera-t-il ? Supposons encore qu’on l’expose sur un Théâtre de Province, où l’on n’aura que le bon sens pour entendre, & le goût pour sentir, quelle sera la situation du Spectateur ? Il faudra l’avertir de rire. Cette précaution n’a pas été nécessaire à Paris, où les personnages joués sont connus, où il y avoit des Spectateurs prédestinés à rire, & où d’autres moins instruits ont ri par contagion. [...] Si l’Auteur des Philosophes veut jouir de sa gloire dans quelques années d’ici, on lui conseille de distribuer aux Spectateurs des exemplaires de la Piéce, avec de bonnes Notes marginales, afin d’être entendu878.’

Indépendamment de la teneur du propos, évidemment hostile à Palissot, l’abbé Coyer, auteur de ce Discours, pose le problème crucial du décryptage des allusions, qu’évoque également Voltaire dans l’« avertissement » qui précède le texte de la comédie de L’Écossaise dans la Collection complette des Oeuvres de M. de V..., éditée par les frères Cramer en 1761 :

‘Ce rôle de Frélon était très peu important dans la piéce, il ne contribua en rien au vrai succès ; car elle reçut dans plusieurs provinces les mêmes applaudissements qu’à Paris. On peut dire à cela que ce Frélon était autant estimé dans les provinces que dans la capitale : mais il est bien plus vraisemblable que le vif intérêt qui régne dans la piéce de Mr. Hume en a fait tout le succès. Peignez un faquin, vous ne réussirez qu’auprès de quelques personnes : intéressez, vous plairez à tout le monde879.’

Si la question est ici à nouveau posée, c’est pour en tirer un double argument de nature polémique. D’une part, Voltaire suggère que sa comédie présente un « vif intérêt », et ce bien au-delà des personnalités qui visent Fréron, et par là même peut se soutenir auprès d’un public qui ne serait pas au fait des allusions qu’elle contient (le point de vue exprimé est ici l’inverse de celui que l’abbé Coyer portait sur Les Philosophes, dont le succès ne résiderait que dans les personnalités880). D’autre part, le succès que sa pièce connaît y compris « dans les provinces » est l’occasion de minimiser la notoriété de Fréron, dont la peinture en « faquin » n’est de nature à intéresser que « quelques personnes » !

Reste que ce qui est dit de la comédie satirique, toujours susceptible de retenir l’attention par une intrigue, si indigente soit-elle, s’applique a fortiori au cas des pamphlets, dont le sel et l’impact ne peuvent être goûtés que si le public dispose d’une connaissance suffisante de ceux qu’ils brocardent.

Au terme de cet examen du « public » potentiel des pamphlets, nous en sommes encore réduits aux conjectures. Sans exclure a priori que ces textes puissent intéresser des lecteurs de province, en particulier ceux qui disposent de correspondants susceptibles de les informer du détail des querelles qui agitent le petit monde des gens de lettres, nous pensons que le phénomène concerne principalement le “ microcosme ” parisien. Si, par ailleurs, il est certain que les pamphlets circulent dans un certain nombre de cercles restreints, qu’il s’agisse du milieu de la Cour, de celui de la « bonne compagnie », du monde des salons, il semblerait que certains pamphlets puissent avoir un impact sur le « peuple de Paris », dans une définition aussi globale qu’imprécise. Cette hypothèse paraît en outre corroborée par l’analyse du public auquel s’adresserait, en 1767, le recueil des Pièces relatives à Bélisaire : « Le recueil de pamphlets était destiné non seulement à un public éclairé relativement restreint, mais puissant - le public libéral des salons - mais aussi à l’ensemble du public. Bref, l’humanité dans sa plus large extension devait être conviée, à ce moment crucial, à prendre part à ce spectacle édifiant, et à se voir apporter la “ preuve ” de la mentalité malsaine et réactionnaire de la Sorbonne881 ».

La question est d’importance, dans la mesure où elle engage une réflexion sur la manière dont se situent les pamphlets notamment littéraires dans la constitution d’une “ opinion publique ” dans cette deuxième moitié du XVIIIe siècle. Avant cette date tardive de 1767, et au-delà de la seule personne de Voltaire, nous avons déjà pu observer que certains auteurs de pamphlets pouvaient faire appel au jugement d’un « public » dont ils postulaient des qualités de raison et d’équité, qui le rendaient susceptible de déjouer les ruses des pamphlétaires, en ne se laissant pas prendre au piège des constructions trompeuses mises en scène et entretenues grâce à leurs stratagèmes.

Voeu pieu ou réalité historique ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que de tels témoignages voisinent avec une représentation “ du ” public qui met en avant son caractère malléable et crédule, bref, sa perméabilité aux discours tendancieux des pamphlétaires et, en définitive, sa passivité882.

Cette enquête sur les tactiques éditoriales échafaudées pour diffuser le pamphlet s’avère donc pleine d’enseignements, tant il est vrai que l’histoire de l’édition est un angle d’approche indispensable pour analyser les mécanismes qui, de la production du texte à sa diffusion, contribuent sinon à fixer un sens, du moins à créer des conditions de réception qui en informent la signification. Ce phénomène s’avère en tout cas essentiel pour appréhender le mode de fonctionnement des textes pamphlétaires, conçus comme des textes dont l’action repose en partie sur le régime de clandestinité qui les caractérise.

C’est ainsi que la diffusion de ces textes clandestins, pas nécessairement “ interdits ”, mais pour l’essentiel non “ autorisés ”, selon la terminologie en vigueur dans le système de la Librairie, donne lieu à la mise en place de tout un réseau qui, de l’auteur à l’imprimeur et au libraire, dessine un parcours semé d’embûches qu’il s’agit de déjouer. Cette clandestinité est néanmoins toute relative, dans la mesure où des dispositions sont prises pour assurer par avance la publicité du texte à paraître, et entretenir par la suite le « bruit » suscité par sa publication. Nous avons pu ainsi mettre en évidence sinon l’“ originalité ” de la pratique voltairienne, du moins la rationalité avec laquelle Voltaire met au point un système de relais en parfaite adéquation avec les contraintes que lui imposent à la fois le statut des pamphlets et son implantation géographique en marge du Royaume de France : de son imprimeur genevois à ses correspondants parisiens qui s’emploient à répandre sa “ bonne parole ” aux « adeptes » et aux autres, c’est toute une chaîne que l’on voit se constituer, fondée sur la confiance mais aussi, s’agissant des pamphlets “ littéraires ”, sur l’assurance d’une (relative) impunité. L’efficacité de la tactique voltairienne réside en outre dans l’art de susciter la demande, de créer une attente, de mettre en scène le mystère et d’en prolonger les effets, en revêtant toute une série de masques, jouant de l’opacité et de la transparence.

L’analyse du devenir éditorial des pamphlets révèle en outre une grande disparité dans le destin de ces textes, qui certes, selon l’expression de Voltaire, semblent promis à « l’éternité du néant », mais au terme d’une “ vie ” plus ou moins brève. De ce point de vue également, les pamphlets de Voltaire se distinguent : au-delà de leurs éditions et rééditions multiples, ils sont repris dans des recueils imprimés et, pour la plupart du vivant même de l’auteur, insérés dans les éditions successives de ses oeuvres complètes. Resterait à ce stade de notre enquête à décider si cette “ consécration ” s’explique par la renommée du Patriarche, ou si les petites productions de la manufacture de Ferney se signalent par une “ littérarité ” particulière qui les rendrait “ dignes ” de figurer par leur seule qualité dans le grand édifice. Mais, au-delà de l’exemple de Voltaire, le devenir éditorial du pamphlet fait apparaître l’importance manifeste d’un appareil critique, constitué d’avertissements et de notes, parfois présent à l’état embryonnaire dès les premières éditions des textes, et qui ne fait que s’amplifier avec le temps. Cet appareil critique semble prendre le relais de ce halo de textes périphériques qui entoure les pamphlets : mémoires et autres « pièces justificatives » qui paraissent au sein de la polémique, sans pouvoir pour autant être considérés comme des textes pamphlétaires ; mais aussi comptes rendus livrés dans la presse périodique, les nouvelles à la main, les correspondances, qui se font l’écho des pamphlets, contribuent à leur publicité, en facilitent la lisibilité à défaut d’en suggérer toujours un mode de lecture ou d’interprétation. Que l’on considère la constitution des appareils critiques ou cette prolifération de textes périphériques, ce qui est en jeu, en définitive, c’est bien la question de cette (im)possible autonomie du pamphlet, qui se trouve pris dans un continuum de discours, écrits mais aussi oraux, s’il est vrai qu’une partie (difficilement) appréciable de l’impact du pamphlet réside dans les multiples discours qu’il fait naître : “ on en parle ”, là est l’essentiel.

C’est pourquoi il est si délicat d’apprécier les incidences du pamphlet sur « le public », ne serait-ce que parce que ce « public » est si malaisé à cerner. C’est pourtant ce « public » qu’il s’agit d’appréhender, étant donné que la rédaction d’un pamphlet n’a pas été décidée pour une hypothétique “ postérité ”, mais bien pour un « public » concret bien qu’imprécis dans ses contours, sur lequel il est censé exercer une action. Tout dépend, en fait, des critères que l’on estime suffisants pour définir l’impact d’un pamphlet. Il nous semble de ce point de vue trop restrictif de poser le problème en termes d’accès à l’écrit. Certes ces lecteurs sont les destinataires premiers de ces stratégies d’écriture déployées dans les pamphlets que nous examinerons plus loin. Mais nous avons signalé que les “ traits ” décochés dans les pamphlets pouvaient aussi être véhiculés par toutes sortes de discours, y compris par le “ bouche à oreille ”, auprès d’un public essentiellement parisien, particulièrement perméable aux rumeurs et, à analyser la représentation que les témoignages nous livrent “ du ” public, pour ainsi dire prédisposé à accueillir de telles « inventions de médisance ». Plus que jamais l’interprétation du sens et de la portée de ces textes est indissociable d’une réflexion sur cette « esthétique de la réception » à laquelle nous convie Jauss883. Il faut en effet s’intéresser aux « horizons d’attente » de ce public, façonnés n’en doutons pas par ces “ traditions polémiques ” héritées des périodes antérieures à la nôtre884, qui déterminent des habitudes relatives sinon au “ genre ”, du moins à cette pratique du pamphlet, mais peut-être aussi par une certaine “ tournure d’esprit ”, caractéristique d’une époque. Même s’il convient de distinguer, autant que faire se peut (et pour autant qu’une telle distinction soit pertinente), le public “ visé ” du public “ réel ”, il paraît intéressant de se demander ce qui, dans ces textes qui ont pour vocation première d’exercer une influence directe sur leurs destinataires, semble susceptible d’attirer le public, et de retenir son attention. L’analyse des titres des pamphlets, mais aussi de ceux que les éditeurs attribuent aux recueils imprimés qui reprennent les textes qui ont connu le plus de succès, fait émerger les critères de l’« utilité » et de l’« intérêt » d’une part, ceux de l’« agrément » et de la « curiosité » piquante de l’autre. Ce faisant, ils semblent mettre en avant, au-delà d’un contenu polémique à véhiculer, l’exigence d’un ton qui pourrait faire ressortir les pamphlets “ littéraires ” qui nous occupent à une “ esthétique du plaisant ”. Hypothèse qu’il nous faut à présent tenter d’examiner.

Notes
845.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 367.

846.

 Sur cette question, voir notre chap. 2, § 3.

847.

 Sur cette question, voir notre cinquième partie, chap. 2, § 2.

848.

 Sur cette question, voir notre chap. 2, § 2.2.

849.

 L’expression est reprise dans une lettre à d’Alembert du 7 novembre 1768 (Best. D 15298). Il est alors question des Trois Empereurs en Sorbonne, pamphlet rédigé dans le cadre de la querelle de Bélisaire : « L’abbé Caille grince des dents. Toutefois il vous prie instamment, mon cher philosophe, d’engager les adeptes à ne point prodiguer ces trois empereurs. 

     Hic est panis angelorum.

     non mittendus canibus.

Ayons seulement la consolation de voir l’excès de l’horreur et du mépris, de méprisables et d’horribles coquins ; je ne sais si je m’explique. Je vous aime autant que je les abhorre ».

Doit-on pour autant, dans ce cas précis, prendre au sérieux le souhait émis par Voltaire « d’engager les adeptes à ne point prodiguer » le pamphlet, en le cantonnant à une diffusion confidentielle ? Quel sens donner à l’expression « je ne sais si je m’explique » ? Le même jour, Voltaire écrit à Mme Denis (Best. D 15299) : « L’abbé Caille qui est auprès de Lyon, dit que s’il avait été informé plus tôt, il n’aurait pas envoyé les trois voyageurs de là-haut à quelques-uns de ses amis. Il assure qu’il leur a recommandé le secret, et il assure encore qu’ils ne le garderont pas. Tout cela vient très mal à propos ; et ce pauvre abbé jure qu’il ne veut plus que dire son bréviaire, afin d’avoir un bon bénéfice ». Certes Voltaire répète qu’il « a recommandé le secret » aux adeptes, mais il est tout aussi sûr qu’« ils ne le garderont pas »... Ne peut-on pas, au contraire, lire dans ces lignes une incitation à diffuser largement le pamphlet ? D’autant que la dernière phrase peut faire l’objet d’une double lecture : le « bon bénéfice » auquel aspire l’abbé Caille ne désigne-t-il pas le profit (matériel, pour son imprimeur, mais aussi philosophique, pour les adeptes) qu’il espère retirer à « dire son bréviaire », entendons à continuer de plus belle les attaques qu’il a déjà entamées ?

850.

 La Défense de mon oncle, chap. XI, p. 1166.

851.

 Mémoires, pp. 106 et 101.

852.

 Mémoires... de C.-S. Favart, t. I, pp. 86-87 et 72.

853.

 J.-L. Vissière, La Secte des Empoisonneurs, p. 10.

854.

 Voir, dans notre chap. 2, § 2.2., l’étude des destinataires particuliers auxquels Voltaire fait parvenir ses pamphlets.

855.

 Sur cette question de la stratégie voltairienne, ainsi que sur celle de son possible infléchissement vers une “ conquête de l’opinion ” au cours de notre période, voir notre cinquième partie, chap. 2, § 2.

856.

 Cor. lit., t. VII, p. 140.

857.

 Mémoires... de C. S. Favart, t. I, p. 35.

858.

 Le Petit Philosophe, sc. X, pp. 40-41.

859.

 Mémoires, pp. 143-144.

860.

 Le Pauvre Diable, pp. 62 et 59.

861.

 Le Contrepoison des feuilles, p. 4.

862.

 Cité par J. Balcou, Le Dossier Fréron, p. 53. On voit par cette lettre que Fréron n’a pas entièrement usurpé l’étiquette de délateur que Voltaire lui accole dans L’Écossaise...

863.

 Malesherbes, Mémoires sur la Librairie et sur la liberté de la presse, p. 179.

864.

 J.-P. Belin, Le Commerce des livres prohibés, pp. 98-99.

865.

 Mémoires, p. 101.

866.

 An. lit., 1760, t. V, pp. 127-128.

867.

 B.N.F., n. a. fr. 1214, ffos 313 et 388-389.

868.

 Les Oui, p. 374.

869.

 J.-P. Belin, Le Commerce des livres prohibés, pp. 100-101.

870.

 Jean Balcou explique en note que certes « la Relation de Berthier ne peut figurer dans la liste des livres à louer », mais que « peut-être réussissait-on à la lire, au prix fort, dans une discrète arrière-salle ».

871.

 R. Pomeau, dir., « Écraser l’infâme », 1759-1770, chap. 1, « “ Coups de patte ” à l’Infâme », pp. 9-10.

872.

 Petites Lettres sur les grands philosophes, Lettre première, p. 13.

873.

 Sur cette question, voir notre quatrième partie, chap. 1.

874.

 Discours sur les Gens de Lettres, pp. 86-87.

875.

 On retrouverait là une acception voisine de l’une de celle proposée par l’Encyclopédie pour le mot « public », qui « quelquefois [...] ne se réfere qu’aux citoyens d’une même ville ».

876.

 Sur cette question, voir plus haut, § 2.1.

877.

 J.-P. Belin, Le Commerce des livres prohibés, p. 104.

878.

 Discours sur la satyre contre les philosophes, pp. 6 et 13-14.

879.

 Collection complette des Oeuvres de M. de V..., t. V, seconde partie, pp. 12-13.

880.

 Sur cette question des raisons du succès des comédies satiriques, voir notre première partie, à l’article “ Comédie satirique ”.

881.

 J. Renwick, « Marmontel, Voltaire and the Bélisaire affair », pp. 283-284 (nous traduisons).

882.

 L’examen de cette question sera approfondi dans notre cinquième partie, chap. 2, § 2.

883.

 H. R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978 (pour la traduction française).

884.

 Sur cette question, voir notre deuxième partie, chap. 1.