Fréron n’est pas en reste. Non content d’être passé maître dans l’art de mettre à mal un texte, il fait profiter de son expérience le Pauvre Diable lorsqu’il s’engage « sous l’espoir d’un salaire, / A travailler à son Hebdomadaire, / Qu’aucuns nommoient alors patibulaire » :
Ce « dépeçage », que Fréron est accusé de pratiquer sans vergogne dans ses feuilles, les pamphlétaires vont également l’exercer aux dépens de leurs adversaires. Si en effet on juge ordinairement de la qualité d’un auteur par « la progression des idées, la liaison des raisonnements, la force des preuves, la justesse des métaphores, avec l’art de les placer, la noblesse du style, enfin ce mérite si peu connu de flatter le coeur & l’oreille, en éclairant l’esprit », il suffira, pour l’anéantir, de prouver « 1° Que ses principes sont odieux. 2° Que ses raisonnements sont absurdes. 3° Que son style est ridicule888 ». C’est ainsi cette triple démarche qu’il faut mener à bien, en passant au besoin le texte incriminé par le « digesteur889 ».
Le Pauvre Diable, p. 60.
Théorie du libelle, pp. 82-83.
Ibid., p. 140.