Lorsqu’il s’efforce de mettre au point une typologie des pratiques hypertextuelles, Gérard Genette fonde les distinctions qu’il opère sur le croisement de deux ordres de considérations, les unes structurales, qui correspondent à la relation que l’hypertexte entretient avec son hypotexte, les autres fonctionnelles, qui définissent le « régime » qui gouverne le « fonctionnement socio-psychologique » de l’hypertexte1159. C’est ainsi qu’il oppose les « parodies », fondées structuralement sur des opérations de « transformation » et les « pastiches » qui, quant à eux, relèvent de l’« imitation ». À l’intérieur de ces deux grandes catégories structurales, il distingue trois « régimes » principaux, qui sont ceux du « ludique », du « satirique » et du « sérieux ».
Dès lors qu’on s’essaie à transposer cette grille d’analyse aux textes pamphlétaires, seuls les régimes ludique et satirique semblent devoir être retenus, ce qui fournit quatre concepts : d’une part, la « parodie » (ludique) et le « travestissement » (satirique), d’autre part, le « pastiche » (ludique) et la « charge » (satirique). Nous nous emploierons à montrer qu’à l’intérieur des deux principales catégories structurales, fondées respectivement sur les procédés de « transformation » et d’« imitation », nos pamphlets se caractérisent par un glissement du ludique au satirique1160.
L’ensemble est présenté dans un tableau général à deux entrées : voir Palimpsestes, p. 45.
Gérard Genette se refuse d’ailleurs à tracer des « frontières étanches » entre ces deux régimes, qu’il ne matérialise, dans son tableau, que par des « lignes verticales en pointillé, qui ménagent d’éventuelles nuances entre pastiche et charge », ainsi qu’entre parodie et travestissement (Palimpsestes, p. 44).