OU
‘ Réfutation par faits authentiques des ca- ’ ‘ lomnies qu’on répand tous les jours, ’ ‘ contre les Citoyens zélés qui ont eu ’ ‘ le courage de relever les erreurs dangereu- ’ ‘ ses de l’Encyclopédie. ’ [Note: Ce « libele affreux », que l’inspecteur d’Hémery signale dans son journal le 5 avril 1759 (B.N.F., ms. fr. 22161, f° 43 verso), constitue la réponse d’un philosophe à la publication des Préjugés légitimes contre l’Encyclopédie et essai de réfutation de ce dictionnaire (Paris, Hérissant, 1758-1759), par Abraham-Joseph de Chaumeix. Dans la Correspondance littéraire, Grimm note, le 15 mai, que « cette brochure a fait un bruit épouvantable » et que « les encyclopédistes ont eu raison de dire que cet ouvrage est d’un ennemi bien cruel, ou d’un ami bien indiscret ». En effet, « dès le commencement, il fut attribué d’une voix presque générale à M. Diderot ; et le philosophe, depuis longtemps en butte à la calomnie et à la persécution, a été obligé de nouveau de quitter l’asile où il cultive la raison et les lettres pour courir chez les magistrats et chez les ministres protester de son innocence » (t. IV, pp. 108-109). Diderot écrit en effet à Grimm, le 1er mai, qu’« il a fallu courir chez le lieutenant de police, chez le procureur et les avocats généraux ; se montrer, aller, venir, écrire, protester » (Correspondance, éd. établie par L. Versini, p. 91). Si Barbier renonce à attribuer ce pamphlet à Diderot et avance le nom de l’abbé Morellet, Maurice Tourneux estime, pour sa part, qu’il n’est « ni de l’un ni de l’autre » (Cor. lit., t. IV, p. 110, n. 1).O Philosophes ! qu’il est dangereux de vous surprendre, & de porter un oeil imprudent dans le dédale de vos opinions ! malheur à celui qui sans le vouloir a apperçu la trame de vos conspirations ! il eut mieux valu pour lui qu’il eut surpris une lionne affamée [1] allaitant ses petits, ou qu’il eut porté la main sur les écailles d’orées d’un affreux serpent caché dans une haye d’orangers ; sa perte seroit également certaine ; mais elle seroit moins douloureuse : vous le faites mourir lentement sous les traits cruels, acérés, envenimés de la calomnie. Rien ne vous touche, rien ne vous désarme ; ni les graces de l’innocence, ni la simplicité de l’esprit, ni la bonne foi d’un coeur novice. Qu’on leve imprudemment le masque qui vous cache ; qu’on voye l’orgueil de la Philosophie aspirant à établir la monarchie universelle sur les esprits ; qu’un premier mouvement de surprise, un cri de frayeur avertisse le public, c’en est assez, l’imprudent est coupable de haute trahison & livré aux serpens des furies. Tel est l’arrêt que vous avés prononcé contre des esprits sublimes, vrais philosophes, que la postérité enviera à notre siécle, contre les Moreau 1673, les Batteux, les Soret,(1674*) les du Hayer, [2] & surtout contre le bon, l’honnête, l’innocent Mr. Abraham Chaumeix. Ce dernier doit exciter aujourd’hui toute la compassion du public, parce que son innocence extrême, & l’extrême rigueur dont on use envers lui forment le contraste le plus intéressant.
On porte la haine jusqu’à l’accuser d’avoir été Jésuite. Arrêtés méchans ! avés vous bien pensé que c’étoit le condamner à être brûlé vif, le dévouer à l’indignation de toutes les têtes Couronnées, & de tous les ministres d’Etat, que de le mettre dans la Société des Malagrida 1675. [3]
Mais j’ai beau vous implorer, vos entrailles sont d’un airain philosophique ; & comme si ce n’étoit pas assez d’avoir voué cet innocent aux flammes, par un rafinement de cruauté, vous le livrés au mépris : vous assurés qu’il est sorti moitié de gré moitié de force de cette Société redoutable par le rare talent de mettre chaque homme à sa place, de l’employer uniquement à ce dont il est capable, & de le faire servir à son insçu aux vûes profondes & ténébreuses d’une ambition sans bornes. Vous assurés qu’il a été revêtu par elle du double emploi d’espion de la Police, & d’espion du Pere Freï (1676*) ; que c’est par ces vils instrumens que le général des Jésuites opére le miracle de sa politique, gouverne de son cabinet toutes les Capitales du monde, depuis Rome jusqu’à Pekin & [4] Lisbonne, depuis St. Sacrement jusqu’à Quebec & Buenos-Aires. Ce plat personnage d’Abraham Chaumeix, ajoûtez-vous, n’est aujourd’hui que l’homme de paille, le prête-nom de la sainte Société qui regardant l’Encyclopédie comme une entreprise roïale lui porte des coups ainsi qu’à ses Rois par les plus viles mains. Que d’horreurs dans cette accusation ! ma plume se refuse à les transcrire & se hâte de passer à la pleine justification de ce zélé citoyen : nous aurons la joye de la confirmer par un miracle authentique dont nous avons été témoins le vendredi de la premiere semaine du Carême, c’est-à-dire, par l’histoire circonstanciée de son douloureux & glorieux crucifiment. On pourroit citer encore l’avanture d’une petite flagellation que notre glorieux martir essuya le lendemain ; mais comme elle ne fut pas entiérement volontaire, il n’y eut pas assés de liberté de la part du patient pour en élever un monument à sa gloire ; nous pourrons cependant en dire un mot en son lieu. Reprenons :
Les trois points d’accusation contre Abraham Chaumeix, sont 1. qu’il a été Jésuite. 2. Qu’il est sorti pour être espion de la Police & de la Société [5] de Jesus. 3. Qu’il ne fait que prêter son nom à toutes les calomnies que les Jésuites répandent contre l’Encyclopédie.
Abraham Chaumeix, réfute d’abord ces trois chefs d’une accusation vague & téméraire, par trois preuves négatives, qui, aux yeux d’un bon logicien auront toute la force des plus positives.
1°. Ai-je jamais, dit-il, empoisonné mes ennemis ? ai-je assassiné mes maîtres ? ai-je deshonoré mes disciples ? voilà ce que mes adversaires malgré toute la rage dont ils sont animés, n’ont osé ni prouver ni avancer ; on ne peut donc ni prouver ni avancer que j’aye été Jésuite.
2°. Je n’ai jamais été espion de la Police ; s’il est certain que Monsieur Bertin généralement reconnu pour homme d’esprit & de génie, étant obligé de se servir de mauvais sujets pour remplir les places d’espion, n’y employe du moins que des coquins adroits & retorts : or a supposer que je sois aussi mauvais sujet que les Encyclopédistes le publient, il reste toujours pour constant selon ces Messieurs, que je ne suis qu’un sot, qu’une bête [6] de somme ; il est donc impossible que Monsieur Bertin m’ait choisi pour espion, encore moins la rusée Société.
3°. Je ne suis pas un homme de paille, un prête-nom, un colporteur des calomnies des Jésuites ; puisque a supposer que mon stile eut autant de pédanterie qu’on en reproche aujourd’hui à ces bons Peres, il est toujours certain qu’on ne trouve dans mon ouvrage aucune proposition qui favorise le Sémipélagianisme, le régicide, la doctrine Ultramontaine, en un mot le Molinisme, & j’ose en donner le défi à mes accusateurs. C’est donc contre toute vraisemblance qu’on m’impute les trois crimes énoncés dans l’accusation.
Ces réponses négatives qui pour le dire en passant, sont une preuve de l’exellente logique d’Abraham Chaumeix, deviennent des démonstrations lorsqu’elles sont appuyées des authorités les plus respectables. Nous n’en citerons que quelques-unes dont le poids suppléra au grand nombre.
Monsieur de M*** P. P.1677 dont le mérite & les talens sont audessus de tout éloge, se fait honneur d’admettre Abraham Chaumeix à sa table, & de [7] lui confier les sécrets les plus importants de sa famille, de son cabinet & de son bureau : ce sage Magistrat, au premier bruit qui se répandit qu’Abraham Chaumeix avoit été Jésuite, & l’étoit encore de Robe-Courte, frémit d’avoir introduit ce vipére dans son sein. En conséquence il fit faire des informations beaucoup plus amples, beaucoup plus suivies qu’on n’en fit jamais contre Ravaillac & Damien1678 : outre les Commissaires qu’il nomma pour une affaire si importante, il entendit lui-même un nombre infini de témoins, les confronta, les récolla, & s’assura que c’étoit la plus noire calomnie que l’enfer en courroux pût vomir contre un honnête homme.
Monsieur Joly de Fleury, Avocat Général, qu’on peut nommer l’Orateur du siécle, & l’ornement du Sénat ; dans son éloquent réquisitoire du 23 Janvier dernier, n’a pas fait difficulté de nommer Abraham Chaumeix, à côté de Tertulien & de Saint Augustin, il lui a même donné cet avantage sur ces deux Peres de l’Eglise, qu’il l’a cité avec éloge. Arrêtons-nous un moment Messieurs, à considérer la force de la preuve que ce fait nous fournit en [8] faveur d’Abraham Chaumeix.
La majesté, la noble fierté & la suprême gravité du premier Sénat de France, ne lui a jamais permis de faire l’éloge d’aucun Auteur vivant : si l’on eut pû se départir jamais de cette loi, sçauroit été en faveur de Mr. l’Archevêque de Paris, dont les Mandemens (toutesfois après celui de Monsieur Joly de Fleury) sont ce qu’on a jamais vû de plus triomphant en raison, en éloquence & en graces. Cependant quoi que la Cour ait eu souvent occasion de connoître des mêmes matiéres, après l’Illustre Archevêque, jamais l’austérité du Magistrat ne s’est permis l’éloge du Prélat. Si l’on eut jamais pû se départir de cet usage, c’eut été en faveur de la Sorbonne, cette fille aînée de nos Rois, dont le regard terrible confondoit dans sa jeunesse les hérésies & leurs complots, élisoit les Souverains, intimidoit les Tirans ; cependant il a toujours manqué à sa gloire d’entendre un éloge de la bouche du Parlement ; & il n’y a pas apparence qu’elle obtienne aujourd’hui vieille, hydeuse, méprisée & méprisable, ce qu’on a cru devoir refuser aux charmes de sa jeunesse. Cet [9] honneur suprême, cette gloire qui n’a jamais eu d’exemple étoient réservés à Abraham Chaumeix. Tremblés calomniateurs ! & rentrés dans le néant, après avoir vû le bon, l’honnête, l’innocent Abraham Chaumeix, élevé au dessus de l’Archevêque de Paris, de la Sorbonne & même des Peres de l’Eglise. Je ne sai, si jusqu’ici on a eu raison de soupçonner les Encyclopédistes, d’être impies & mauvais citoyens ; mais aujourd’hui il n’y a plus de doute. Qu’elle plus grande impiété que de vouloir couvrir d’ignominie un aussi saint personnage que l’est pere Abraham Chaumeix ? qu’elle plus grande sceleratesse ? & qu’elle complot plus pernicieux à la Société en général, que de se jouer à faire brûler comme infâme celui dont le ciel est intéressé à prolonger les jours, pour donner à la terre un exemple de la parfaite innocence. On a bien vû des incrédules dénicher quelques Sts. du Paradis, mais on n’en a pas vu encore qui tendissent à les retrancher de la société dès leur vivant, & d’ailleurs quelle différence de Saint à St. Qu’étoit-ce qu’un St. Ursice, un S. Ignace, un S. Sulpice, un S. Eustache comparés au Pere des Croyans. Ces Messieurs-là avoient-ils combattu l’hydre Encyclopédique ? ils [10] ont dira-t-on consolé les affligés, servi les malades, assisté les pauvres, honoré l’humanité : je le veux ; mais ce n’est rien, les Turcs en font autant : il falloit combattre l’Encyclopédie il y a mille ans, & surtout être cité avec éloge par Monsieur Joly de Fleury, dans l’Auguste assemblée du Parlement :
Veut-on de nouvelles authorités en faveur d’Abraham Chaumeix ; nous ne sommes embarassés que du nombre & du pas qu’on doit donner à l’une sur l’autre. J’ai vu quinze C...... du P.....1679, venir l’encensoir à la main au devant de notre moderne Abraham, comme le roi de Sichem vint autrefois au devant de l’Ancien1680, se prosterner devant lui, lui donner le nom d’envoïé de Dieu, de Sauveur, de libérateur, le regarder comme le bouclier de l’Eglise : ils ont conjecturé même avec beaucoup de fondement, que le fameux Patriarche des Juifs le pere des croïans, dans l’alliance qu’il fit avec le Ciel, dans la victoire qu’il remporta sur des rois impies, & dans l’hommage qu’il reçut du roi de Sichem, n’étoit que la figure mistérieuse du nouveau patriarche d’Orléans. Il ne restera aucun doute sur cette merveilleuse con [11] jecture ; si l’on fait attention que le Ciel ménageant notre foiblesse, à toujours annoncé les grands événemens, afin de nous préparer à recevoir avec autant de respect que de reconnoissance, les présens qu’il fait à l’humanité dans sa plus grande miséricorde.
Le Saint Pontife de Rome, l’Illustre Rezzonico, averti par les quinze C...., à braqué du haut de son trône ses lunettes prophétiques sur Abraham Chaumeix, il a lu à livre ouvert dans l’avenir, & il a prédit (ô miracle étonnant !) tout ce que nos zélés magistrats, lui avoient écrit sur les événemens de Paris. Après les efforts de cette admirable prophétie, ses entrailles paternelles ont bondi de joïe, sa voix tremblante s’est affermie, & a convoqué le sacré Colége pour déférer à Abraham Chaumeix, les honneurs de la béatification de son vivant. L’Avocat du Diable, animé de zéle pour sa patrie, a fait à la vérité le rétif ; il s’est emporté jusqu’à dire des choses qui pour être vraïes, n’en étoient pas moins diaboliques ; il a soutenu que Chaumeix n’étoit qu’une machine d’imbécilité, mise en jeu par des fourbes & [12] des fanatiques ; il l’a prouvé clair comme le jour par le détail de la conduite des machinistes, & par la vérification du misérable instrument qu’ils font mouvoir. Mais le S. Pere, qui a reçu le pouvoir d’enchaîner le Diable, & de le punir pour la vérité comme pour le mensonge, imposa silence à son Avocat, & décida à la satisfaction des bonnets rouges, la céleste mission d’Abraham Chaumeix. On dresse la Bulle de béatification à la Datterie : on va l’envoïer à Paris en triomphe : un Récollet ami de du Hayer, est choisi pour être la noble monture qui la doit porter en France : le Te Deum sera chanté dans l’Eglise de Notre-Dame de Paris ; il y aura à côté du maître Autel un Trône élevé pour Abraham Chaumeix ; un Ange lui mettra sur la tête la couronne d’innocence ; frere du Hayer, Soret, Moreau, le Batteux seront à ses pieds, tenant chacun en main un exemplaire des préjugés légitimes ; un Oratorien & un Doctrinaire, feront brûler de l’encens de Marseille, sous les nasaux du nouveau Béatifié. Il y aura trois jours d’illuminations dans toutes les rues de Paris, & le Commissaire a ordre de condamner à une grosse amende [13] Messieurs Diderot & d’Alembert, s’ils oublient de faire illuminer leurs fenêtres & de prendre part à la solemnité.
Nous avons prouvé Messieurs, par trois preuves négatives égales en force à une démonstration, par quatre authorités des plus respectables, que l’accusation intentée contre Abraham Chaumeix, étoit une calomnie atroce : nous pourrions passer avec confiance à nos conclusions, & attendre en paix l’arrêt favorable que vous devés à l’innocent ; mais la bonne cause est si fertile en preuves & en démonstrations, que nous abandonnons sans regret toutes celles que nous avons données jusqu’ici, pour vous en présenter de nouvelles d’une force supérieure. Prenés, Messieurs, prenés s’il est possible les préjugés les plus désavantageux contre nous ; armés vous de soupçons ; que le nuage du doute & de l’incrédulité s’épaississe ; la lumiere que nous allons faire briller à vos yeux, les dissipera plus vîte que le soleil ne dissipe les ombres de la nuit. [14]
L’avocat Jacob-Nicolas Moreau, futur historiographe de France, est notamment l’auteur du Nouveau Mémoire pour servir à l’histoire des Cacouacs, qui fait suite à l’Avis utile que nous avons reproduit plus haut.
(*) Du-Hayer, n’est qu’un simple Récollet ; mais plus savant que tous les Moines ensemble, son savoir est si prodigieux qu’on le croit surnaturel ; c’est le fruit d’une illumination céleste bien plus que de l’étude : il ressemble trait pour trait pour la taille, la figure, le mouvement convulsif des yeux des narines & des oreilles au fameux Pierre l’Hermite. Il prit il y a deux ans par modestie le titre de Lieutenant général de l’Armée Anti-Encyclopédiste : le grade de généralissime n’avoit pas encore été rempli. Il y a quatre mois environ que le Ciel envoya Abraham Chaumeix ; une odeur de Saint l’annonca une lieue à la ronde ; on lui défera tout d’une voix le commandement & la conduite de cette nouvelle croisade. Moreau, Batteux, Soret sont les Aides de Camp : ces trois champions ont déclaré plusieurs fois que chacun d’eux en particulier avoit eu dès l’enfance une violente vocation pour l’habit & la corde de Saint François, mais ils ont craint que leur humilité cachée dans la poussiere du Cloître ne fut pas assés édifiante, & ils ont préféré l’exercice de cette vertu sur le theatre du monde, aux yeux de tout Paris, & de l’Europe entiere. (Note de l’auteur.)
Trois jésuites, Malagrida, Alexandre et Mathos, sont accusés d’avoir « conseillé et autorisé [...] par le moyen de la confession » la tentative d’assassinat perpétrée en 1758 sur le roi du Portugal, à l’instigation de la famille Tavora (Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, pp. 1532-1533). Cet événement est notamment à l’origine du bannissement des jésuites du Portugal.
(*) Le P. Freï, est pour la septiéme fois Provincial des Jésuites de la province de France. Cet homme rare, aux yeux de travers, à l’air simple & grossier, à la physionomie d’un hottentot, cache deux talens uniques, la vûe percante de l’aigle qui découvre sa proie d’un bout à l’autre de l’hémisphere, & cette prudence du serpent qui change en imbécille colombe tout ce qui l’approche. Ces deux talens admirables n’ont pas été ensevelis dans l’obscurité ; il a été élevé sept fois comme Marius aux honneurs du Consulat. (Note de l’auteur.)
Maupeou 1er président. (Note manuscrite de Jamet.)
Le 5 janvier 1757, Robert-François Damiens tente d’assassiner Louis XV à Versailles, alors qu’il s’apprête à monter en carrosse pour aller à Trianon. Il aurait déclaré, dans son premier interrogatoire, que « la religion seule l’a déterminé à cet attentat ». La propagande philosophique a tôt fait d’opérer un rapprochement entre cet événement et les régicides qui ont pu être perpétrés au siècle précédent. Lorsqu’il relate l’attentat de Damiens dans le Précis du siècle de Louis XV, Voltaire stigmatise ainsi « l’effet du fanatisme » : « Henri III et Henri IV sont assassinés parce qu’ils ont soutenu leurs droits contre les prêtres ; Louis XV est assassiné parce qu’on lui reproche de n’avoir pas assez sévi contre un prêtre. Voilà trois rois sur lesquels se sont portées des mains parricides, dans un pays renommé pour aimer ses souverains ». Il ajoute alors, analysant le geste de Damiens, que « l’esprit des Poltrot et des Jacques Clément, qu’on avait cru anéanti, subsiste encore dans les âmes féroces et ignorantes » (Précis du siècle de Louis XV, pp. 1530-1531). Sur l’événement lui-même et les discours qu’il a pu susciter, voir P. Rétat, dir., L’Attentat de Damiens, Presses Universitaires de Lyon, 1979
Conseillers du Parlement. (Note manuscrite de Jamet.)
Genèse, 34, 6. En réalité, Hémor se rend auprès de Jacob, fils d’Isaac et petit-fils d’Abraham.