1- Les trois éléments constitutifs de la morale

La morale chez Durkheim a une nature essentiellement sociale, elle existe comme un "fait empiriquement observable dans la vie des sociétés, du fait que tout groupe humain est régi par des règles qui délimitent le permis et le défendu, ce qui peut être approuvé et ce qui doit être réprouvé. C'est en effet avant tout sous la forme de règles, lesquelles s'imposent aux individus avec la même force que des nécessités matérielles, que se manifeste le fait moral" 65 . Durkheim conçoit la morale comme une morale du devoir (nécessité de la règle et de la discipline), une morale du bien ("elle assigne à l'activité de l'homme une fin qui est bonne, et qui a en elle tout ce qu'il faut pour éveiller le désir et attirer la volonté. Le goût de l'existence régulière, le goût de la mesure, le besoin de la limite, la maîtrise de soi s'y sont conciliés sans peine avec le besoin de se donner, avec l'esprit de dévouement et de sacrifice, en un mot avec les forces actives et expansives de l'énergie morale" 66 ) et une morale rationnelle ("Non seulement nous en avons exprimé tous les éléments en termes intelligibles, laïques, rationnels, mais encore nous avons constaté que cette application de la raison à la morale tendait de plus en plus à devenir une condition de la vertu" 67 ). Autrement dit, trois éléments sont constitutifs de la moralité chez Durkheim: l'esprit de discipline, l'attachement aux groupes sociaux, l'autonomie de la volonté. La première "disposition fondamentale" de tout "tempérament moral" est la discipline 68 dont l’esprit représente l’aspect plutôt formel de la moralité, le contenu étant constitué par l’attachement aux groupes sociaux.

Notes
65.

J.C Forquin, "L'enfant, l'école et la question de l'éducation morale. Approches théoriques et perspectives de recherche", Revue française de pédagogie, n°102, janvier-février-mars 1993, p.76

66.

L'éducation morale, p.103

67.

idem, p.103

68.

ibid,p.27