Le pouvoir, qui est une caractéristique associée aux relations d'interdépendances à l'intérieur d'une configuration 792 , ne fonctionne jamais à sens unique, même si les relations sont inégales: N.Elias montre ainsi que Louis XIV qui a une marge d’action supérieure aux autres acteurs de la société française dépend très fortement de la société de cour et de son réseau d’interdépendances 793 . Plus les autres dépendent de nous et moins nous dépendons des autres, plus on peut dire qu’on a du pouvoir: “Dans la mesure où nous dépendons davantage des autres que ceux-ci ne dépendent de nous, ils ont un pouvoir sur nous” 794 . Pour notre travail, on s'aperçoit que les relations maître/élève se caractérisent par un rapport de domination du type légal-rationnel (au sens de M.Weber), mais que ces relations ne sont pas unilatérales: le maître comme l’élève sont contraints de se soumettre à une forme de pouvoir (historiquement construite et socialement déterminée) et l'instituteur doit tenir compte des élèves qu'il ne “domine” jamais complètement.
L’analyse de nos configurations nous amène à observer comment sont gérées les différentes manière de combiner ces relations de pouvoir entre l'enseignant et ses élèves ainsi qu'à analyser les appropriations différentielles de ces relations de pouvoir chez les enfants en fonction de certains dimensions:
“Au centre des configurations mouvantes, autrement dit, au centre du processus de configuration, s’établit un équilibre fluctuant des tensions, un mouvement pendulaire d’équilibre des forces, qui incline tantôt d’un côté, tantôt de l’autre” (Qu’est-ce que la sociologie, Ed. Pandora/Des sociétés, Paris, 1981, p.158)
La société de cour, Ed.Flammarion, Paris, 1985
N.Elias, Qu’est-ce que la sociologie, p.108
On peut consulter en annexe G les principes de répartition des enfants en fonction de leurs niveaux scolaires
L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Ed. du Seuil, Paris, 1975
La Noblesse d'Etat. Grandes écoles et esprit de corps, Les Editions de Minuit, Paris, 1989, p.39
Filles et garçons au collège. Comportements, dispositions et réussite scolaire en sixième et cinquième, thèse de doctorat de sociologie, décembre 1990, directeur de thèse: R.Establet, p.167
Allez les filles!, Ed. du Seuil, Paris, 1992, p.153. Les auteurs soulignent aussi combien la socialisation des garçons "en marge du système scolaire" " se révèle payante sur le long terme. A former leur moi dans le conflit, les garçons apprennent à ne pas prendre trop au sérieux les verdicts scolaires, à acquérir une confiance en soi indépendante de ce verdict. Et, dans les circonstances scolaires nombreuses et décisives où il faut se mettre en avant et s'imposer, les garçons tirent les bénéfices d'une culture d'abord marginale de l'agon. Cela vaut surtout pour les garçons dont le milieu familial est capable de supporter les écarts de la prime jeunesse. C'est d'ailleurs chez les garçons que les écarts entre classes sociales sont les plus marqués"
Du côté des petites filles, Ed. Des femmes, Paris, 1994, 207p.
Serge Boulot et Danielle Boyson-Fradet, “L’échec scolaire des enfants de travailleurs immigrés (un problème mal posé)”,Les Temps Modernes,mars-mai 1984, pp.1902 à 1914