b) L'intervenante en BCD: une « seconde maîtresse » de CP

A la bibliothèque, l'intervenante (étudiante qui prépare le concours d'entrée à l'IUFM) procède de manière identique aux institutrices dans leurs classes, même si on observe une relation un peu différente, plus proche affectivement des enfants: ils l'appellent par son prénom et viennent s'asseoir à côté d'elle, par terre sur des coussins pendant qu'elle lit des histoires.

  • (4.02.93/I2) Après la récréation, la classe se partage en deux: un groupe fait de la pâte à sel avec l'institutrice. Un autre groupe part avec l'animatrice-bibliothécaire. A la bibliothèque, les enfants s'installent sur des coussins à côté de l'intervenante qui lit l'histoire du "chien bleu". Avant de commencer l'histoire, elle leur parle du chien, elle leur montre le dessin de la couverture et elle laisse les enfants commenter: "C'est bizarre, un chien bleu!" . Puis elle lit page par page, en leur montrant les illustrations à chaque fois. Certains élèves commentent parfois l'histoire, mais en se trompant d'interprétation et l'intervenante, sans les contredire directement, leur montre sur les images ce qui se passe réellement dans l'histoire. Avant d'aborder une nouvelle page, l'animatrice parle beaucoup avec les enfants, elle les prépare à ce qui va suivre. Elle les laisse s'exprimer, parler de leurs expériences puis les canalise pour continuer sur l'histoire. A la fin du livre, elle demande aux enfants de dessiner chacun une partie de l'histoire et elle passe auprès d'eux pour numéroter les dessins et écrire, en concertation avec l'enfant, une phrase qui décrit la partie de l'histoire concernée.

Les élèves sont habitués à lire et écouter des histoires avec leurs institutrices, qui leur racontent d'abord le thème, leur montrent les images, les laissent inventer, participer et parler de leurs expériences avant de les recentrer sur la tâche de lecture. Parfois en classe, lorsqu'ils sont par demi-groupes, les enfants s'installent sans chaise sur l'estrade à côté de la maîtresse, au lieu de demeurer chacun à leur table. Cette proximité des corps introduit une dimension plus "affective" dans la relation avec l'institutrice (qui ressemble à une mère lisant une histoire à ses enfants le soir avant de se coucher), et les élèves de cette manière ne se trouvent donc pas trop étrangers au mode de rapprochement et aux postures proposés à la BCD. Enfin comme souvent en classe, la fin de la séance donne lieu à une production "scolaire": dessiner une partie de l'histoire et inscrire une phrase sous le dessin. Dans d'autres séances, l'intervenante a travaillé sur les expressions langagières que les enfants devaient représenter par dessin (par exemple "Mon papa dit que je le rase" ou "Ma maman dit que sa copine est chouette") ou bien elle a séparé une feuille en deux parties ("Ce que j'aime"/"Ce que j'aime pas") et les élèves devaient faire un dessin correspondant en dessous de chaque phrase. Ces productions, affichées dans la BCD, ressemblent beaucoup aux exercices que les institutrices donnent à faire aux enfants en classe.