V- Les habitudes et les exercices d'appropriation scolaire de son corps

1- Des rituels, des signaux et des marqueurs de la mémoire et du corps

L’enfant scolarisé dès son plus jeune âge à l’école Tom Pouce (en maternelle petite section, certains n’ont que deux ans) est soumis immédiatement à des exercices destinés à incorporer les “bonnes habitudes” corporelles, c’est à dire à imposer directement aux corps une forme scolaire. Parmi les cinq configurations observées, il n'y a qu'à Tom Pouce où nous ayons trouvé des signaux non pas pour gérer les déplacements (comme les "feux" pour indiquer qu'on peut se rendre aux toilettes, les pancartes 1168 ou les bracelets pour circuler dans l'école), mais pour éduquer directement les mouvements. Cet apprentissage des “techniques du corps” 1169 propres à la configuration Tom Pouce est une inculcation par répétition qui s’atténue à mesure où l’élève grandit et qu’il a appris à mouvoir et à maîtriser son corps. La ligne et la clochette sont dans la suite directe des convictions pédagogiques de Maria Montessori concernant l’ordre dans la classe (ce sont des marqueurs du temps scolaire en indiquant le début et la fin d’un exercice, d’une séance, d’une journée; ils interrompent les situations ou le groupe est agité) et l’éducation motrice: mieux vaut s’attacher à ordonner les mouvements de l’enfant que de tenter inutilement de le maintenir dans un état d’immobilité.

Notes
1168.

Nous avons observé ces pratiques de feux et de pancartes pour se déplacer à l'école Freinet A.France de Vaulx-en-Velin étudiée dans le cadre de notre mémoire de maîtrise: La pédagogie Freinet, une "école pour le peuple"?, Université Lyon II, 1990, sous la direction de R.Bernard, B.Lahire et D.Thin

1169.

au sens de M.Mauss, c’est à dire “les façons dont les hommes savent se servir de leurs corps” (Sociologie et anthropologie, PUF, 1950, p.365)