2- Le modèle républicain

Dans les réflexions politiques par St Fons, la critique de l’école de la fin du XIXème siècle, incarnée dans la figure de Jules Ferry s’articule sur l’invocation des grands “ancêtres” de la République tels Condorcet. G.Vincent souligne qu’à Saint-Fons, “même si certaines pratiques et certains discours observés évoquent irrésistiblement l’école du XVIIème siècle (la nécessité d’<<apprendre>> par exercices gradués et répétés, la discipline conçue comme respect d’un règlement affiché plutôt que comme charte librement élaborée...), c’est le modèle républicain, ou plus précisément l’instruction publique telle que l’avaient définie les philosophes français des Lumières, qui sert de référence à la construction de <<l’espace éducatif>>. L’école est pensée, dans sa position centrale par rapport à cet espace, comme le lieu où toutes les <<expériences>>, toutes les pratiques se réfléchissent, se puisent à la lumière de la raison. Il s’agit d’un <<espace public>> et par là même civique” ¹²⁵⁸ .

Chez Condorcet ¹²⁵⁹ , l’instruction publique est une nécessité qui prend appui sur la philosophie des Lumières au sens où l’instruction doit permettre de faire progresser l’espèce humaine (par nature perfectible) en diffusant les Lumières. L’instruction publique repose aussi sur le discours politique de la Révolution française, concernant notamment la notion d’égalité et les Droits de l’homme: gratuité, devoir de justice de l’Etat envers ses concitoyens, accès pour tous à des savoirs articulés à un projet démocratique. B.Frelat-Kahn et P.Kahn soulignent que Condorcet (avec d’autres), ouvre à la philosophie des Lumières (plus proche d’un élitisme aristocratique que du souci d’instruire le peuple) une nouvelle perspective au regard de la Révolution: “il confère un sens révolutionnaire et démocratique à une philosophie du progrès qui ne contenait pas en elle-même ce sens de façon évidente. C’est pourtant cette synthèse que l’histoire a fixée et que l’école républicaine d’aujourd’hui, à la recherche de ses origines a entérinée: le progrès du savoir est celui de la démocratie” ¹²⁶⁰ .