Cet objectif fait partie de la charte pédagogique 1430 :
Ces pratiques appellent plusieurs commentaires: tout d’abord, le groupe et les relations d’entraide sont mis en avant comme pratiques pédagogiques permettant les apprentissages 1432 (ce qui est moins le cas dans la configuration Tom Pouce et ce qui n'existe pas du tout dans la configuration J.Giono) et d’autre part, le savoir n’est plus détenu par une seule personne (le maître 1433 ), mais aussi par les enfants qui peuvent apprendre aux autres élèves (réseaux réciproques d’échange de savoir, conférences) et les aider (tutorat, parrainage). La relation pédagogique n’est pas forcément celle unilatérale du maître vers l’élève: elle peut être celle de l’élève vers l’élève. On pourrait rapprocher ces pratiques de tutorat et de parrainage du travail effectué par les moniteurs dans le “monitorial system” dont s’inspirèrent les fondateurs de l’école mutuelle. En même temps, la logique est complètement différente: les moniteurs, qui reçoivent rémunération, sont le prolongement du maître (c’est un “maître démultiplié” 1434 ), ils surveillent les élèves, les font apprendre dans les tableaux et réciter par coeur 1435 . L’élève de la Maison des Trois Espaces ne surveille pas les autres enfants (à l'exception du trésorier qui marque les perturbateurs lors du conseil, mais c'est dans le cadre d'une loi votée par la classe) et surtout il ne fait pas qu’appliquer des exercices ou des consignes: il peut apporter du savoir et expliquer à sa manière. Dans les relations d’entraide, l’idée de réciprocité est importante, et elle ne concerne pas que les situations d’apprentissage, puisqu’un ensemble de pratiques vise à “entretenir les contacts permanents, formels ou non, entre toutes les classes, de la maternelle à la fin du primaire” 1436 comme les récréations communes, les invitations à des spectacles ou des goûters, les cadeaux, une chorale collective dans l'école, les visites des classes des “grands” par les plus petits de l’école, la variation dans la formation des groupes (sur la base de critères hétérogènes 1437 ou homogènes 1438 ). On est proche ici de ce que décrit D.Riesman concernant le stade de "l'extrodétermination" où ce qui compte presque autant que l'apprentissage des savoirs, c'est l'adaptation de l'enfant à l'intérieur du groupe, la forme extrême de cette conception s'observant dans les jardins d'enfants: "Cela n'a guère d'importance si Johnny s'amuse mieux avec un camion sur un tas de sable; en revanche, il est de première importance de savoir s'il joue en bonne entente avec Bill à n'importe quel jeu" 1439 .
On peut consulter l’ensemble de la charte en annexe J2
Apprendre ensemble, apprendre en cycles , Ed. ESF, Paris, 1993, p.188
“L’entraide, plus qu’une idée généreuse, est une pratique pédagogique que les enseignants veulent favoriser et développer; elle implique la solidarité, la reconnaissance et la tolérance” (Apprendre ensemble, apprendre en cycles, pp.53 et 54)
Le maître doit en plus donner l’exemple aux enfants en interagissant avec ses collègues et en s’impliquant dans des relations de travail.
selon l’expression de G.Vincent, L’école primaire française, PUL, Lyon, 1980, p.76
Voir G.Vincent, L’école primaire française, PUL, Lyon, 1980, chapitre IV: “Ecole et industrialisation”, pp. 65 à 85
Apprendre ensemble, apprendre en cycles, ESF, Paris, 1993, p.54
grand/petit, ancien/nouveau, garçon/fille, maghrébin/turc, niveau 1/niveau 4, enfant turbulent/enfant paisible
niveaux identiques ou thème commun
La foule solitaire. Anatomie de la société moderne, Ed.Arthaud, Paris, 1964, p.98