a) L’exemple des instituteurs dans la responsabilité collective

A la Maison des Trois Espaces, tout le monde (enfant comme adulte) est responsable de la collectivité et les enseignants doivent s’engager à participer à des tâches, ainsi que le stipule la charte de l’école :“La répartition des tâches matérielles est fixée en début d’année pour la durée de l’année scolaire. Chaque responsable doit rendre compte à l’équipe de son action et faire un point, un compte rendu en milieu d’année” 1455 . Dans le partage des responsabilités, les instituteurs instaurent un autre rapport de pouvoir que celui impliqué dans l’autorité bureaucratique: ici, chacun choisit sa responsabilité, sa part d’implication dans le groupe non pas uniquement par soumission à une “autorité supérieure” qui fixe les “devoirs” de la profession enseignante envers l’administration, mais plutôt d’abord parce qu’il se sent une obligation envers le groupe des enseignants et des enfants. Le principe de fonctionnement des responsabilités est calqué sur le même modèle que celui des élèves en classe et on peut dire que le groupe des enseignants fonctionne comme un exemple aux yeux des enfants. Ainsi, l'une des institutrices est trésorière (ce n’est pas la directrice) et s’occupe de tous les comptes de l’école, comme chez les enfants où l'un des élèves est trésorier (ce n’est pas l’institutrice) en tant que responsable de bureau et il doit compter les recettes et dépenses de la classe (chaque enfant apporte 100 francs en début d’année).

Un instituteur qui ne se serait pas acquitté des tâches incombant à sa responsabilité se verrait reprendre par ses pairs, dans la même logique selon laquelle un élève n’effectuant pas ses responsabilités se verra reprendre dans le cadre d’un conseil. La logique du partage des responsabilités suit un principe démocratique de distribution des pouvoirs: “ On essaie de mettre en pratique les principes démocratiques du pouvoir partagé, mais de la responsabilité de chacun. C’est à dire que quand un projet est mis en oeuvre <...> on voit par petits groupes de cycles qu’est-ce qu’on va privilégier, on vise telle ou telle capacité ou compétence à atteindre et chacun est responsable de ça <...> Mon boulot de directrice, c’est de favoriser la mise en oeuvre du projet, de veiller à ce que rien ne soit oublié, à ce que chacun prenne la parole à laquelle il a droit, à ne pas précipiter les choses, aussi, et puis une fois qu’un projet est adopté <...> j’en suis le garant au même titre que chacun des autres, mais avec aussi la fonction de le rappeler souvent, d’éviter que ça dévie”(directrice).Par exemple, dans la salle des enseignants figurent des panneaux où sont inscrits les responsables de commissions, comme celle de “fête de fin d’année”. Ces commissions sont mises en place chaque année, selon les besoins. La charte précise qu’elles ont un “pouvoir de proposition” et qu’elles comportent “au moins un représentant de chaque module”.

Notes
1455.

On peut consulter dans son ensemble la charte de l’école, en annexe J3.